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24 mars 2009 2 24 /03 /mars /2009 14:39
Membre de l’Académie française, aujourd’hui encore l’un de nos plus grands écrivains, Jean Dutourd vient de publier un nouveau livre chez Flammarion. Il s’agit d’un recueil de « chroniques littéraires », réunies sous le titre, La chose écrite. Un joli titre, pour un livre que je vais m’empresser de lire, page après page.
Cédant à mes instincts les plus immédiats, je me suis précipité sur l’index des noms propres. Heureusement, il y en a un, Flammarion connaissant encore son travail d’éditeur. J’étais sûr que Jean Dutourd évoquerait Chesterton. Cette certitude ne repose sur aucune prescience. Mais deux raisons me poussent toujours à aller vérifier si notre Académicien évoque son illustre confrère britannique.
La première de ces raisons tient au fait que Jean Dutourd fut l’un des traducteurs de Chesterton, pour la collection dirigée par Jorge Luis Borges et dont le volume chestertonien, L'Œil d'Apollon, a été réédité récemment. aux éditions du Panama (première édition 1977 chez Retz, Franco Maria Ricci). 
L’autre raison est plus personnelle. J’avais dans l’une des chroniques littéraires que j’écrivais pour L’Homme Nouveau consacré un article à Jean Dutourd. J’avais cru déceler une parenté entre lui et GKC et je n’avais pas hésité à faire de Dutourd notre Chesterton français. Dutourd m’écrivit pour me dire que cette comparaison, qu’il estimait trop flatteuse, lui avait procuré néanmoins un vif plaisir.
À ce deux raisons, je pourrais en ajouter une autre, qui me fut rapportée par le directeur des éditions DMM. Éditeur de Chesterton, il avait envoyé lors de la parution de L’Homme éternel dans sa version intégrale le livre à Jean Dutourd. À l’époque, celui-ci fréquentait le plateau des "Grosses têtes" de Philippe Bouvard et offrit à l’ouvrage une publicité gratuite mais éloquente qui permit aux ventes de décoller.
Rien d’étonnant donc de voir Chesterton évoqué par Jean Dutourd. Qu’en dit-il ? « Deux choses me frappent dans Chesterton, écrit Dutourd. D’abord sa foi catholique qui était puissante et joyeuse comme celle de Bernanos ; ensuite une méthode qu’il emploie constamment et que son ami Belloc appelait le “parallélisme”. Cela consiste à démontrer des vérités obscures ou douteuses en les comparant à des vérités claires et incontestables. En fait, c’est la démarche du poète, qui pénètre à l’intérieur des secrets grâce à la métaphore ».
La conclusion de cette chronique sur Chesterton est aussi à retenir :
« Chesterton est un des plus grands écrivains anglais du XXe siècle (il est mort en 1936). Belloc prétend qu’il est mal connu en France parce qu’il n’a jamais été bien traduit, au rebours de Kipling qui lui est très inférieur ».
On discutera quand même Jean Dutourd sur un point. Il affirme que « Chesterton a fait de son détective un prêtre » parce qu’il « était catholique fervent ». Or, quand il publie les premières histoires de Father Brown – c’est-à-dire en 1911 – Chesterton n’est absolument pas catholique. Il ne se convertira qu’en 1922. À l’époque, il est encore de confession anglicane, même s’il appartient alors à la branche la plus proche du catholicisme romain.
Dans La chose écrite, Dutourd évoque encore Chesterton à propos d’André Maurois qui se disait marqué par le rire de GKC qui « ressemblait à celui des dieux de l’Olympe ».



La chose écrite, chroniques littéraires, par Jean Dutourd, Flammarion, 576 pages, 25 €

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