Après avoir présenté le William Blake de Chesterton, paru en 1910, voici une courte présentation d’un autre ouvrage publié la même année, « Alarms and Discursions ». Cette fois-ci, il ne s’agit pas d’une monographie, mais plus simplement d’un recueil d’articles de Chesterton, venant tout droit des colonnes dae son cher Daily News auquel il collabore depuis 1901. Jusqu’en 1913, il y publiera près de 600 articles qui n’ont pas encore tous trouvés le chemin du recueil. « Alarms and Discursions » paraît en novembre 1910, chez Methuen et comprend 39 articles qui forment autant de chapitres. On y trouve aussi bien une défense des gargouilles que du fromage, du spectacle de marionnettes à la construction d’une maison, en passant par le triomphe de l’âne et trois genres d’homme. Impossible à vrai dire de résumer d’un mot cette explosion de mots et d’esprit, ce florilège de textes chestertoniens qui appartient au meilleur de l’auteur et qui pourtant n’a jamais été traduit en français. Mystère de l’édition française, qui aime retraduire en permanence les mêmes textes, de préférence ceux publiés chez la maison d’en face. S’il fallait trouver absolument un point commun à cet ensemble, c’est bien sûr dans la philosophie sous-jacente qui les habite et qui a présidé à leur naissance. Il s’agit d’un chant à la gloire de la création, de la mise en avant de la vision romanesque des choses, plus juste et plus vrai que le froid réalisme qui ne retient que ce qui est apparent. À ce titre, le chapitre consacré aux gargouilles est un véritable sommet. Chesterton s’attache aussi à défendre la dignité de l’homme, mise à mal selon lui par la modernité et singulièrement par le scientisme du XIXe siècle. Il met ainsi en cause l’idée que le cours du temps implique que l’homme passe d’un extrême à l’autre. Pour lui une telle idée est la négation même de l’humanité. C’est quand un homme est debout qu’il vivant ; c’est quand il est mort qu’il peut se balancer d’un point à l’autre.
Voici, à titre indicatif, le sommaire (en anglais) de cet ouvrage. Dans les éditions suivantes, au moins dans celle de 1911 (notamment l’édition américaine, Dod, Mead and company) Chesterton a ajouté une préface :
1: INTRODUCTORY: ON GARGOYLES
2: THE SURRENDER OF A COCKNEY
3: THE NIGHTMARE
4: THE TELEGRAPH POLES
5: A DRAMA OF DOLLS
6: THE MAN AND HIS NEWSPAPER
7: THE APPETITE OF EARTH
8: SIMMONS AND THE SOCIAL TIE
9: CHEESE
10: THE RED TOWN
11: THE FURROWS
12: THE PHILOSOPHY OF SIGHT-SEEING
13: A CRIMINAL HEAD
14: THE WRATH OF THE ROSES
15: THE GOLD OF GLASTONBURY
16: THE FUTURISTS
17: DUKES
18: THE GLORY OF GREY
19: THE ANARCHIST
20: HOW I FOUND THE SUPERMAN
21: THE NEW HOUSE
22: THE WINGS OF STONE
23: THE THREE KINDS OF MEN
24: THE STEWARD OF THE CHILTERN HUNDREDS
25: THE FIELD OF BLOOD
26: THE STRANGENESS OF LUXURY
27: THE TRIUMPH OF THE DONKEY
28: THE WHEEL
29: FIVE HUNDRED AND FIFTY-FIVE
30: ETHANDUNE
31: THE FLAT FREAK
32: THE GARDEN OF THE SEA
33: THE SENTIMENTALIST
34: THE WHITE HORSES
35: THE LONG BOW
36: THE MODERN SCROOGE
37: THE HIGH PLAINS
38: THE CHORUS
39: A ROMANCE OF THE MARSHES
En 1910, Chesterton ne se contente pas d’offrir au public ce recueil de ses articles dans le Daily News, il fait paraître un autre ouvrage du même type, mais directement orienté vers les questions sociales. Son titre ? What's Wrong With the World. Nous en reparlerons.