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26 mars 2011 6 26 /03 /mars /2011 10:42

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Il y aura donc en ce printemps 2011 non pas seulement un bourgeon, mais une véritable fleur sur le tronc en croissance des traductions françaises de Chesterton. On nous annonce ainsi du côté de la rue Sébastien-Bottin l’arrivée prochaine du William Blake de Chesterton. Pour parler comme il se doit de ce livre, il faudrait commencer exactement comme Chesterton lui-même débute ce livre :

 

« William Blake would have been the first to understand that the biography of anybody ought really to begin with the words, « In the beginning God created heaven and earth. »

 

« William Blake aurait été le premier à comprendre qu’une biographie, n’importe quelle biographie, devrait vraiment commencer par les mots : “Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. »

 

N’étant pas Chesterton, nous ne parlerons pas ainsi de ce Blake et nous nous contenterons pour l’heure d’en dire un peu plus sur cette nouvelle édition.

Annoncée pour le 14 avril prochain, elle prendra place dans la superbe petite collection du « Cabinet des lettrés », publiée par « Le Promeneur » chez Gallimard. C’est un gage, la certitude d’un livre réussi, d’un texte déposé dans un petit écrin associant la simplicité et la qualité. Avec cette collection, nous avons toujours l’assurance d’une belle réussite graphique.

Ce William Blake s’y insère comme le quatrième volume chestertonien après la parution de nouvelles : en 2008, sous le titre de L’Assassin modéré suivi de l’homme au renard, puis en 2009, du Meurtre des piliers blancs et des Arbres d’orgueil, là aussi deux recueils de nouvelles.

C’est donc la première biographie signée Chesterton qui entre dans ce cabinet si particulier.

Mais biographie est-il vraiment le mot ? Paru à l’origine en 1910 alors que son auteur n’a que 36 ans, son William Blake n’est qu’une biographie à la manière de Chesterton. Pratiquement pas de date, un incessant va-et-vient entre différentes périodes de la vie du personnage, des comparaisons parfois surprenantes et, pourtant, une étonnante étude de caractère où la psychologie du sujet ressort avec une alacrité foisonnante, à travers un texte mené tambour battant.

Certes, ce William Blake est le Blake de Chesterton, ou, peut-être plus encore, est-ce Chesterton se reflétant dans la vie et les œuvres de Blake. Un fait moins gênant pour nous aujourd’hui, certainement, que pour les lecteurs de 1910. Eux cherchaient à en savoir davantage ou mieux sur Blake. Avouons-le : nous, nous cherchons surtout à en savoir davantage sur Chesterton, c’est-à-dire à le lire encore plus. Et, là, nous ne serons pas déçus.

En lisant ce Blake, il ne faut pas oublier, en effet, que celui qui écrit est un ancien étudiant de la Slade School of Art. Félix Slade savait-il que l’argent qu’il laissait servirait à fonder en 1871 une école d’art qui porterait son nom et qui abriterait en son sein, de 1892 à 1895, un étrange étudiant appelé à s’illustrer – le terme s’impose ici doublement – comme écrivain ? Peu importe, au fond ! Il est sûr, en revanche, que même s’il n’a pas continué dans ce domaine, le jeune Gilbert Keith a retenu les leçons de ses maîtres et professeurs. Et, pour comprendre le peintre Blake, pénétrer dans la psychologie en la redessinant au besoin à sa guise, il n’y avait pas mieux qu’un auteur au moins un peu avisé de ce qu’est la peinture.

Mais William Blake n’était pas seulement un peintre, c’était aussi un poète. Rassurez-vous : c’est exactement ce que démontre Chesterton, là encore suffisamment poète lui-même pour trouver le chemin qui mène au mystère de Blake.

Terminons par un mot sur cette édition. La traduction est signée Lionel Leforestier qui a déjà assuré celle des précédents livres de Chesterton au « Cabinet des Lettrés ». C’est un gage de sérieux. Et, de fait, cette traduction se lit très facilement et rend bien la tonalité chestertonienne. Comme dans l’édition anglaise d’origine, plusieurs œuvres de Blake sont reproduites dans les 170 pages qui composent ce livre. Son prix devrait être de 16,50€. En tous les cas, ne manquez pas ce petit livre. 

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