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10 février 2010 3 10 /02 /février /2010 13:28

Image-1-copie-13.pngLe dernier numéro de Minute nous apporte un excellent article de Joël Prieur consacré en une page à la présentation du recueil À bâtons rompus (Voir ICI et LÀ). Une recension enthousiaste, joyeuse et qui cache sous ce manteau d’émerveillement une très fine analyse de l’intelligence chestertonienne. Déjà Joël Prieur s’était signalé par un précédent article, paru également dans Minute, en mettant le doigt sur un élément essentiel de la pensée de Chesterton, à savoir son « soubassement anthropologique » (ICI). Son analyse était tellement juste que nous l’avions bien sûr signalée et qu’elle avait été reprise et saluée jusqu’aux Etats-Unis où les chestertoniens sont nombreux et avisés.

Joël Prieur donc récidive, et se plaçant peut-être sous les auspices de saint Thomas d’Aquin ou de l’un de ses brillants commentateurs, le cardinal Thomas de Vio plus connu sous le nom de Cajetan, il établit que le « génie chestertonien » se situe dans le maniement de « l’analogie » qui est au cœur du réalisme chrétien, de son esprit anti-système et de sa pertinence face aux nombreux problèmes que nous rencontrons. Mais, foin des commentaires et des présentation, la parole est à Joël Prieur lui-même, qui mène rondement sa barque sur la mer parfois agitée des saillies chestertonienne :

« Y a-t-il un secret de l’intelligence chestertonienne? On peut invoquer « l’esprit anglais » et cette manière « so british » de manier les concepts, mais cela ne me satisfait pas beaucoup plus que lorsqu’on met à l’origine du génie de Dostoïevski le fait qu’il écrive « des romans russes »

Non, ce qui caractérise le génie de Chesterton, c’est le maniement souple de cette figure bien oubliée que l’on nomme « analogie ». Exemple? A partir de la remarque banale d’un journaliste ordinaire qui avait eu le malheur d’expliquer que danser le charleston était une très bonne manière d’apprendre à jouer au golf, on a non seulement des considérations sur la danse en général et le charleston en particulier, mais une ébouriffante mise au point sur le rapport entre les fins et les moyens et l’inconvénient qu’il y a à mélanger moyens et fins.

Pour Chesterton (même si vous n’y aviez jamais pensé sous cet angle), il vaut mieux jouer au golf pour apprendre à danser que danser pour apprendre à jouer au golf. La raison? « La danse peut atteindre la beauté pure et absolue même si ce n’est pas toujours le cas des danseurs », tandis que la poursuite d’un club de golf… ce n’est jamais que « jouer à la balle ». La langue débridée de Chesterton est une merveilleuse école de vie, qui vous aide à discerner toujours l’extraordinaire dans l’ordinaire et la loi la plus générale dans le cas le plus particulier. L’éditeur a cru bon d’intituler ce livre A bâtons rompus, mais ce sont des lances que rompt ce Don Quichotte du verbe avec toutes les trivialités de l’existence. Lire Chesterton, c’est déclarer la guerre à la banalité! »

On peut lire (soyons clair, quand nous disons on peut lire, c’est une formule de politesse. Il faut bien sûr comprendre : il faut lire…) cet article dans le dernier numéro de Minute disponible en kiosque ou auprès de la rédaction (15, rue d’Estrées 75007 Paris).

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