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10 novembre 2011 4 10 /11 /novembre /2011 09:32

 

Tonquédec-GKCLa philosophie d'un humoriste. C'est sous ce titre que le Père de Tonquédec, membre de la célèbre Compagnie de Jésus, fondée par saint Ignace de Loyola, aborde la pensée de G.K. Chesterton dans le premier chapitre du livre qu'il lui consacre en 1920, G.K. Chesterton, ses idées et son caractère.

À l'époque, le sujet de cette étude est vivant, et bien vivant. Journaliste, poète et auteur de plusieurs romans et essais, il s'est fait connaître du public anglais par son style surprenant, ses idées peu conformes à l'air du siècle, mais également par ses études littéraires. Il séduit, mais il agace aussi. Les Français, qui le découvrent à travers les premières traductions, sont le plus souvent déconcertés tout en étant attirés. Le Père de Tonquédec n'échappe ni à cette fascination ni à cette interrogation. Mais, en lui, le philosophe thomiste voit le service que l'humour de l'écrivain anglais peut rendre à la défense de la foi catholique, à condition d'y mettre certains limites. 

Nous continuons (voir ici et ) ci-dessous la publication d'extraits du premier chapitre du livre du jésuite. Le dernier extrait que nous avons publié se terminait par cette phrase : « Personne ne doit se mêler d'employer le mot "progrès" ». Nous publions maintenant la suite : 


 

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8 novembre 2011 2 08 /11 /novembre /2011 11:13

Nous avons récemment commencé la publication d'extraits du livre du Père Joseph de Tonquédec, Chesterton, ses idées et son caractère, première étude française d'ampleur sur le sujet, parue en 1920. Après la reproduction de l'introduction, nos lecteurs trouveront ci-dessous les premiers extraits du premier chapitre intitulée, La philosophie d'un humoriste

 

 

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5 novembre 2011 6 05 /11 /novembre /2011 08:33


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Dans un article du Monde diplomatique paru en mai 2009, Alberto Manguel raconte les difficultés liées au travail de traduction et évoque notamment celle à laquelle il fut confrontée en voulant traduire La Trama de Borges. Il trouva une aide inattendue en la personne de… Chesterton. On trouvera l’intégralité de cet article sur le site du journal. Voici l’extrait concernant Chesterton :


En 1974, dans El Hacedor, Borges a publié un petit texte intitulé La Trama. Je veux le citer en entier :

Pour que son horreur soit totale, César, acculé contre le socle d’une statue par les poignards impatients de ses amis, aperçoit parmi les lames et les visages celui de Marcus Junius Brutus, son protégé, peut-être aussi son fils. Alors il cesse de se défendre et s’exclame : “Toi aussi, mon fils !” Shakespeare et Quevedo recueillent le cri pathétique.

Les répétitions, les variantes, les symétries plaisent au destin. Dix-neuf siècles plus tard, dans le sud de la province de Buenos Aires, un gaucho est attaqué par d’autres gauchos et, en tombant, reconnaît un de ses filleuls. Il lui dit avec un doux reproche et une lente surprise (ces paroles, il faut les entendre, non les lire) : “¡ Pero, che !” Ils le tuent, et il ne sait pas qu’il meurt pour qu’une scène se répète.

Il y a quelques années, essayant de partager avec des amis canadiens ce texte de Borges, j’ai essayé de le rendre en anglais. Plusieurs difficultés m’ont semblé insurmontables ; en particulier, ce « ¡ Pero, che ! », locution intraduisible par excellence, profondément enracinée dans le sol argentin et impossible à replanter dans n’importe quel champ linguistique. « ¡ Pero, che ! » semble être le fruit de l’identité même de l’Argentin, plainte laconique qui ne peut s’exprimer nulle part ailleurs sur la terre. On ne dit pas « ¡ Pero, che ! » en Angleterre ou aux Etats-Unis, mais pas davantage en Espagne, au Mexique ou à Cuba. « ¡ Pero, che ! » est quasiment en soi la définition du parler créole.

Fort heureusement, l’histoire de la traduction est faite d’infimes miracles. Vertu, intelligence, adresse, expérience, recherche, hasard : tous ces facteurs interviennent dans l’exécution d’une traduction réussie, mais la qualité du miracle est la seule essentielle. Dans ce champ de la création littéraire, il n’y a pas de victoire sans miracle.

Résigné à laisser ma traduction inachevée ou à terminer le court texte en utilisant un faible synonyme de l’insaisissable expression, je lisais, pour me distraire, A Short History of England, de Gilbert Keith Chesterton, œuvre que Borges connaissait fort bien, et soudain apparut la phrase suivante :

« Pendant très longtemps, on a pensé que la nation britannique fondée par Jules César avait été fondée par Brutus. Le contraste entre la très sobre découverte et la très fantastique fondation a quelque chose d’évidemment comique, comme si le “Et tu, Brute ?” latin de Jules César pouvait se traduire par “What, you here ?”.  »

Le « What, you here ? » de Chesterton est la traduction parfaite du « ¡ Pero, che ! » de Borges. Ou plutôt : le « ¡ Pero, che ! » de Borges est la traduction parfaite du « What, you here ? » de Chesterton. La traduction comme lecture-voyage dans les deux sens : de la source au texte original et du texte original à la source, la source et l’original se confondant et se redéfinissant chemin faisant. Qui est l’auteur et qui est le traducteur de l’expression ? Borges ou Chesterton ? Impossible de le savoir. Chronologie et anachronisme ne sont pas des concepts utiles pour juger d’une traduction et de ses sources.


 

Ecrivain canadien d’origine argentine, Alberto Manguel a publié en 2004 un choix d’essais de Chesterton chez Actes Sud, sous le titre Le paradoxe ambulant - 59 essais.

 

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4 novembre 2011 5 04 /11 /novembre /2011 11:26

Tonquédec-GKC

 

L’une des premières et des principales études consacrées en France à G.K. Chesterton a été publiée par le R.P. Joseph de Tonquédec de la Compagnie de Jésus. Cette longue analyse a d’abord paru dans Les Études, revue des pères Jésuites, dans trois numéros successifs du 20 avril, 5 mai et 20 mai 1920. Ces articles ont été ensuite rassemblés dans un livre intitulé G.K. Chesterton, ses idées et son caractère, publié la même année par La Nouvelle Librairie nationale, maison d’édition proche de l’Action française. Comme l’auteur le laisse entendre à la page 9 de ce livre, son étude a été écrite ou a commencé à être écrite fin 1919.

Nous nous proposons de reproduire plusieurs extraits de ce livre, aujourd’hui complètement épuisé et qui n’a jamais été réédité. Son intérêt réside dans le caractère systématique qu’a voulu donner le Père de Tonquédec à son étude. Il envisage son sujet sous plusieurs angles, même s’il ne manque pas de préciser qu’il n’a pas lu l’intégralité des livres de Chesterton, se contentant principalement de trois sources : Heretics, Orthodoxy et The Ball and The Cross, trois ouvrages alors introuvables en français et que le Révérend Père a donc lu dans leur version anglaise. Il signale malgré tout que plusieurs ouvrages de Chesterton ont été édités à cette époque en France, mais peut-être les considère-t-il comme mineurs.

C’est principalement en théologien que le Père de Tonquédec aborde l’œuvre de l’écrivain anglais, essayant de le situer dans le cadre d’une philosophie particulière et dans les débats religieux de l’époque. Contrairement à beaucoup de ses contemporains, le Père de Tonquédec prend Chesterton au sérieux et perçoit derrière la fantaisie et l'humour, la présence d'une véritable philosophie. Mais il est visiblement déconcerté par son sujet, même s’il éprouve une réelle sympathie envers lui, voire une certaine fascination. 

Et c’est justement ce qui est intéressant de découvrir aujourd’hui dans la lecture du jésuite, la façon et la manière dont les contemporains de Chesterton le percevaient alors même que son parcours n’était pas achevé et sa pensée, arrêtée. Outre la qualité et les limites de son étude, le Père de Tonquédec est un témoin de cette fascination pour Chesterton, du vivant même de l’auteur, sans que le jésuite ait pu avoir toutes les clefs nécessaires pour bien saisir la complexité de cette âme et de cette pensée.

Un mot rapide sur le Père de Tonquédec. Né le 27 décembre 1927 à Morlaix, il était titulaire d’un doctorat de philosophie (1899) et d’un autre en théologie (1905). Il a d’ailleurs enseigné la philosophie à Tours de 1899 à 1901. Il fut également l’exorciste officiel du diocèse de Paris de 1924 à 1962, année de sa mort. Adversaire de Maurice Blondel, il fut aussi un auteur reconnu et on lui doit, outre son livre sur Chesterton :

– L'œuvre de Paul Claudel (1927).

– La Crititique de la Connaissance, (1929)

– La critique de la connaissance (1929).

– Philosophie bergsonienne (1936).

– Les maladies nerveuses ou mentales et les manifestations diaboliques (1938).

– Introduction à l'étude du Merveilleux et du Miracle (1938).

– La philosophie de la nature (1956)

– Léonce de Grandmaison et Joseph de Tonquédec, La Théosophie et l’Anthroposophie (1938)

Nous reproduisons ci-dessous l’introduction à son livre sur Chesterton. Cet ouvrage, outre cette introduction, comprend quatre chapitres : 

I– La philosophie d'un humoriste

II– Une manière de prendre la vie

III– L'Art

IV– La Religion

 

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3 novembre 2011 4 03 /11 /novembre /2011 17:41

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Nous reprenons ici le cours de notre série consacrée à la présentation des livres de G.K. Chesterton en suivant le rythme de leur parution en Angleterre. Après avoir évoqué dernièrement L’Homme qui en savait trop (ici et ), nous voudrions donner quelques aperçus, forcément rapides, sur un livre d’une certaine actualité : Eugenics and Others Evils.

 

Cet essai de Chesterton ne connaît pas actuellement de traduction française. Mais son titre dit assez bien de quoi il retourne : de l’eugénisme et des autres problèmes qui sont liés à ce type de danger. Il s’agit pour l’écrivain anglais d’évoquer le contrôle de la population et l’élimination de ceux qui sont considérés comme contraires à la norme. Par extension, il traite évidemment du contrôle des naissances et, plus positivement, de la sainteté du mariage et de l’importance de la famille. Il s’attaque évidemment aux tenants de cette théorie, depuis Francis Galton qui en est à l’origine jusqu’à H.G. Wells qui s’en fait le propagandiste en passant par Leonard Darwin, fils de Charles Darwin, et président de l’« Eugenics Society ».

 

Dès le premier chapitre, il redit que « la fondation d'une famille est l'aventure personnelle d'un homme libre » et que donc « elle se trouve en dehors des frontières de l’État ». L’ouvrage n’envisage donc pas la question seulement sous l’angle de la morale individuelle ou familiale mais aussi sous celui de la politique et même sous l’aspect philosophique puisque pour l’auteur « le matérialisme est vraiment notre Église établie » (référence à l’appellation donnée à l’Église d’Angleterre). Chesterton dénonce aussi le règne des spécialistes, de ces scientifiques qui, soutenus par la bureaucratie en place, imposent leur vision du monde qui passe par le contrôle de la population. L’essai sera d’ailleurs dénoncé par les tenants de l’eugénisme de l’époque, notamment dans plusieurs articles de l’« Eugenics Review ».

 

Le livre, qui décrit bien des problématiques très actuelles, est organisé en deux parties. Après une introduction expliquant les raisons de la publication de cet essai et soulignant notamment que la matière d’où il provient date d’avant la Première Guerre mondiale (Chesterton est entré dans cette discussion en 1913 en critiquant le « Mental Deficiency Act), l’auteur traite d’abord de la théorie de l’eugénisme en elle-même qu’il discute comme étant fausse. Cette première partie est découpée en huit chapitres. Dans la seconde partie, il entend présenter le but réel de la théorie. Cette partie est découpée en neuf chapitres. En voici la table des matières : 

 

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L’ouvrage a paru chez Cassell and Company en février 1922. Dans une critique qu’il publie dans Nation, G.B. Shaw soutiendra l’essai de son ami Chesterton, qu’il ne manquait pas de critiquer habituellement. Pour Shaw, dans ce livre, tout était pratiquement bon. Un avis éloquent et qui parle de lui-même.

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28 octobre 2011 5 28 /10 /octobre /2011 20:15

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Il a été admiré par Chesterton et J.R.R. Tolkien. Il a profondément influencé C.S. Lewis, le créateur du monde de Narnia. Né en 1824, décédé en 1905, George MacDonald est un auteur peu connu du public français. Pasteur, il fut aussi l’un des précurseurs de la littérature fantastique, encourageant notamment Lewis Caroll à publier son Alice au pays des merveilles.

 

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L’un de ses ouvrages les plus célèbres, La Princesse légère, vient d’être publié en langue française aux éditions suisses Raphaël, avec des illustrations de Maurice Sendak. Le même éditeur réédite aussi La Clef d’or, toujours avec des illustrations de Maurice Sendak et une postface de W.A. Auden qui l’admirait profondément. Dans ce texte, Auden donne ce conseil à propos des contes :

 

Un conte comme La Clef d’or, d’autre part, exige du lecteur un abandon total ; aussi longtemps qu’il est dans le monde du conte, il ne doit pas y en avoir d’autre pour lui.

 

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Au chapitre XI de Surpris par la joie, son autobiographie spirituelle, C.S. Lewis raconte comment il se mit à lire lors d’un voyage en train, Phantastes, a faerie Romance de MacDonald, ce qui eut pour premier résultat qu’il ne vit pas le voyage passer. Mais surtout, écrit Lewis :

 

Cette nuit-là mon imagination fut, en un certain sens, baptisée ; pour le reste de ma personne, il fallut naturellement plus de temps.

 

Lewis en fait aussi un des personnages de son livre, Le Grand Divorce, entre le ciel et la terre.

 

De son côté, Chesterton a été influencé par MacDonald et notamment par la lecture, alors qu’il était enfant, de La princesse et le Gobelin. Dans la préface qu’il a donnée à la biographie de MacDonald écrite par son fils, Chesterton n’hésite pas dire que ce livre a changé sa vision des choses et qu’il comptait son auteur comme l’un des trois ou quatre plus grands hommes du XIXe siècle. Il a d’ailleurs présidé en 1924 la célébration du centenaire de George MacDonald.

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22 octobre 2011 6 22 /10 /octobre /2011 11:26
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Pour ceux qui s'intéressent à l'actualité de la pensée économique et politique de Chesterton, signalons juste que l'on en parle beaucoup en ce moment – crise oblige – aux États-Unis et en Grande-Bretagne. On lira sur le blog français  Caelum et Terra quelques aspects de cette actualité : 

Dans un article publié le 17 octobre dernier, et signé David Gibson, le Washington Post s’attarde à l’actualité du distributisme sous le titre éloquent : « Age-old ‘distributism’ gains new traction ».

Hé oui, le vieil idéal, diffusé naguère par Chesterton et Belloc, mais aussi le Père Vincent McNabb ou Arthur Penty, s’offre un petit retour en force en raison d’une crise que les solutions libérales et socialistes peinent à résoudre. L’article de Gibson évoque l’Anglais Phillip Blond à l’occasion de son passage à New York pour une conférence à l’université de cette ville. Blond, après avoir été théologien, professeur d’université, proche du mouvement « Radical Orthodoxy » et de son mentor, John Milbank, puis conseiller de David Cameron, préside aujourd’hui le « think tank »ResPublica, une fondation politique qui entend influer sur les débats politiques en Grande-Bretagne.

 

Pour lire la suite…

 

 

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21 octobre 2011 5 21 /10 /octobre /2011 13:13

 

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Nous avons déjà eu l’occasion de le dire à plusieurs reprises : un magazine entièrement consacré à G.K. Chesterton, cela existe… aux États-Unis, avec l’excellent Gilbert Magazine.

Le dernier numéro vient de paraître. Il accorde une grande place à la « Chesterton Academy ». Il s’agit d’un lycée créé en 2008 par des parents avec l’aide de la puissante et admirable American Chesterton Society. Située à St. Louis Park dans le Minnesota, aux États-Unis, cette école accueille aujourd’hui une soixantaine d’élèves qui étudient selon un programme qui s’appuie sur une formation classique, laquelle implique notamment la découverte des grands auteurs, et sur une vision chrétienne de l’existence. La Chesterton Academy propose donc une formation qui intègre à chaque niveau le regard de la foi ou, pour le dire autrement, dans chaque classe, foi et raison se rencontrent. À côté des matières traditionnelles (anglais, mathématiques, littérature, langues, etc.), les élèves participent à des activités artistiques (peinture, théâtre, etc.) et reçoivent également une formation pour défendre leur foi et la vision catholique du monde contre la culture du mort, telle qu’elle a été définie par le Pape Jean-Paul II.

 

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Et Chesterton, dans tout cela ? Son nom a été donné à l’école, non seulement en raison des liens des fondateurs avec l’American Chesterton Society, mais aussi parce que Chesterton represente un idéal de penseur complet et de combattant culturel dans le monde moderne.

On le voit, le dernier numéro de Gilbert Magazine est centré sur l’actualité et ce d’autant plus que Richard Aleman, président de la Society for Distributism, signe un éditorial vigoureux montrant la nécessité de s’inspirer des principes de la pensée sociale et économique de Chesterton et Belloc pour répondre à la crise actuelle.

On lira aussi avec intérêt le récit du voyage du président de l’American Chesterton Society, Dale Ahlquist, en Grande-Bretagne avec sa rencontre notamment avec dom Phillip Jebb, moine bénédictin de l’abbaye de Downside et… petit-fils d’Hilaire Belloc. 

 

 

 

 

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14 octobre 2011 5 14 /10 /octobre /2011 20:10

 

 

Nous avons annoncé récemment la parution de Le Poète et les fous, une nouvelle traduction de The Poet and The Lunatics de Chesterton. La précédente version française, publiée par Gallimard, date de 1934 et était signée Jeanne Fournier-Pargoire.

Le Poète et les fous est publié aujourd’hui à l’Arbre vengeur dans une traduction de Catherine Delavallade. La traduction est un art difficile car il faut rendre dans une autre langue l’écriture particulière d’un écrivain. Pour donner une idée de cet aspect difficile et délicat, nous reproduisons ci-dessous le début du premier chapitre de ce livre dans les deux versions.

 

 

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Le Poète et les lunatiques. Traduction de Jeanne Fournier-Pargoire.

 

Titre : Les amis fantastiques

 

« L’auberge appelée “Au Soleil Levant”, méritait plutôt par son extérieur le nom de Soleil couchant. Elle s’élevait dans un étroit jardin triangulaire, plutôt gris que vert, dont les haies effondrées se mêlaient aux mélancoliques roseaux d’une rivière ; les sièges et le toit des tonnelles sombres et humides étaient en ruines, et la fontaine, ornée d’une nymphe tachée par les intempéries, était sale et sans eau. »

 

 

Le Poéte et les fous

 

 

 

 

Titre : Les amis fantasques

 

« L’auberge s’appelait le Soleil Levant, mais on eût plutôt dit un Soleil Couchant. Elle se trouvait dans un triangle étroit, plutôt gris que vert, qui lui servait de jardin, avec des haies effondrées et entremêlées aux mélancoliques roseaux d’une rivière ; quelques charmilles sombres et humides, dont la voûte et les bancs étaient écroulés eux aussi, ainsi qu’une misérable fontaine asséchée, une naïade ternie par le temps, et pas d’eau. »

 


 

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The Poet and The Lunatic. Episodes in The Life Of Gabriel Gale. By G.K. Chesterton. 1929.

 

 

« THE inn called the Rising Sun had an exterior rather suggesting the title of the Setting Sun. It stood in a narrow triangle of garden, more grey than green, with broken-down hedges mingling with the melancholy reeds of a river; with a few dark and dank arbours, of which the roofs and the seats had alike collapsed; and a dingy dried-up fountain, with a weather-stained water-nymph and no water. »

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13 octobre 2011 4 13 /10 /octobre /2011 15:10

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Plus de soixante-dix personnes ont assisté mardi 10 octobre, dans l’amphithéâtre de l’Espace Bernanos, à la Table-Ronde organisée conjointement par le G.K. Chesterton Institute for Faith & Culture (USA), l’association des Amis de Chesterton et l’Espace Bernanos, pour célébrer le centenaire du Père Brown.

Accueillis par Gloria Garafulich-Grabois et Danute Nourse du G.K. Chesterton Institute, les auditeurs ont pu ensuite entendre Philippe Maxence, président des Amis de Chesterton, présenter la soirée et les différents conférenciers. Il laissa tout d’abord la parole au Père Ian Boyd, président-fondateur du G.K. Chesterton Institute qui traita des enquêtes du Père Brown comme paraboles. Tout au long d’une conférence magnifique, montrant une connaissance très précise de son sujet, le Père Boyd développa ce qu’il résume en quelques mots dans sa conclusion :

 

« Bien que les enquêtes du Père Brown respectent tous les principes du roman policier classique, elles seront, en définitive, mieux comprises comme paraboles religieuses. »

 

 

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De gauche à droite : le Père Ian Boyd et le professeur Dermot Quinn

 

 

 

Le professeur Dermot Quinn lui succéda au micro pour évoquer dans une passionnante intervention le sens de ces enquêtes, en rappelant auparavant l’histoire de la naissance de ce héros de prêtre-détective et des liens qui unissaient Chesterton et le Father O’Connor qui servit de modèle à la figure du Père Brown.

« Ce qui caractérise le Père Brown, expliqua le professeur Quinn, c’est d’être brillamment ordinaire. Sherlock Holmes (son nom même) est exotique. Le Père Brown (son nom même) est banal. Il n’est pas un mystique. Il n’est favorisé d’aucune révélation privée. Il a les pieds sur terre. Tous les autres personnages, les méchants comme les victimes, ont tendance à être des excentriques ou des spiritualistes d’une sorte ou d’une autre : Julius K. Brayne “qui était toujours prêt à verser de l’argent dans n’importe quel récipient intellectuel pourvu que ce récipient n’a jamais servi” ; Aristide Valentin “qui était prêt à faire tout et n’importe quoi pour rompre (…) la superstition de la Croix” ; sir Aaron Armstrong “dont l’éthique n’était qu’optimisme” ; Kalon, l’adorateur du soleil, se qualifiant lui-même de “nouveau prêtre d’Apollon”. Le Père Brown se satisfait du monde tel qu’il était. Il n’avait aucune envie de le faire mieux que Dieu. »

 

Maxence

Philippe Maxence, président des Amis de Chesterton

 

 

Pour le public qui n’était pas anglophone, ces deux conférences bénéficièrent d’une traduction écrite des interventions. À leur suite, Philippe Maxence traita de l’édition française des enquêtes du Père Brown et de sa réception en France, entre 1914, année de la publication du premier volume en français, et aujourd’hui. Une histoire à rebondissement, pas toujours facile à démêler. Le conférencier termina sur une défense du thème de l’innocence chez le Père Brown et chez Chesterton, et offrit en final cette citation de l’Autobiographie de G.K.C. : 

 

« L’idée maîtresse de ma vie, je ne dirais pas que c’est la doctrine que j’ai toujours enseignée, mais que c’est la doctrine que j’aurais toujours aimé enseigner. Cette idée, c’est d’accepter toutes choses avec gratitude, et non de les tenir pour dues. Ainsi, le sacrement de pénitence donne une vie nouvelle et réconcilie l’homme avec tout ce qui vit ; mais il ne le fait pas comme font les optimistes, les hédonistes et les païens qui prêchent le bonheur. Le don est fait moyennant un certain prix ; il est conditionné par une confession. En d’autres termes, le nom de ce prix est Vérité, qui peut être appelée aussi Réalité. »

 

 

Hamiche

Daniel Hamiche, secrétaire général des Amis de Chesterton

 


Très attendue, l’intervention de Daniel Hamiche permit de terminer sur un portrait haut en couleur du prêtre-détective de Chesterton, fruit d’une lecture assidue des enquêtes du Père Brown. Daniel Hamiche fit profiter la salle de ses découvertes concernant la comparaison étonnante utilisée par Chesterton pour décrire le visage du Père Brown : « aussi rond et banal qu’une pomme du Norfolk ». Nous publierons prochainement un extrait de ce passage qui fut salué par les perspectives qu’il ouvrait par nos amis du G.K. Chesterton, pourtant spécialistes de l’œuvre de l’écrivain. Au terme de cette contribution, Daniel Hamiche pose la question depuis longtemps débattue des influences réciproques entre Chesterton et son héros :


« Et s’il était, plus et mieux qu’un daïmon socratique, un Ange gardien qui aurait pris les traits du Père Brown, qui se serait “coulé” subrepticement et lentement dans le personnage initialement créé par Chesterton ? Mais il était si “laid”, me direz-vous ! Certes, mais si le diable sait prendre les apparences de la beauté pour nous séduire et nous perdre, pourquoi cet Ange gardien n’aurait-il pas pu revêtir une certaine laideur d’aspect, mais une si grande beauté intérieure, pour accompagner Chesterton sur son chemin de conversion, le sauver et lui offrir, ainsi et enfin, d’emprunter un chemin qui l’a mené d’abord dans la pleine communion de l’Église puis au Ciel ? Comme le disait un autre prodigieux écrivain anglais, suspecté, celui-là, d’être demeuré catholique en un temps où il était dangereux de l’être : That’s the question…»

 

Après ces quatre interventions, des échanges avec la salle permirent d’approfondir encore davantage le sujet. Et c’est bien à regret qu’il a fallu laisser les lieux, non sans se rendre auparavant au stand librairie (tenu de main de maître par Christian B., un grand merci à lui) pour se procurer des ouvrages de Chesterton ou des numéros de la Chesterton Review. Voire adhérer à l’association des Amis de Chesterton…

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