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5 janvier 2010 2 05 /01 /janvier /2010 16:42

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Dès le dimanche 3 janvier, l’année a commencé par la publication d’un article consacré à Chesterton. Dans le numéro de l’hebdomadaire Les 4 vérités, Pierre Vautrin présente « Deux livres pour découvrir l’univers de G.K. Chesterton », selon le titre donné à sa recension. En voici un extrait :

« “Le poète, écrit Chesterton, ne demande qu’à mettre sa tête dans les cieux. C’est le logicien qui cherche à mettre le ciel dans sa tête. Et c’est sa tête qui éclate.”

La tête de Chesterton n’a jamais éclaté, probablement parce que la poésie, chez lui, l’emportait sur la logique. Ce n’est pourtant pas lui faire offense que de constater à quel point cette logique était puissante, bien qu’elle surprisse de prime abord le lecteur français et cartésien. Sa méthode la plus efficace procède par l’absurde et joue du paradoxe en souriant : “Souvent femme varie et c’est là une de ses grandes qualités. Cela évite à l’homme d’avoir recours à la polygamie”, écrit-il par exemple, facétieusement, dans Le Monde comme il ne va pas. Mais son procédé lui permet de pousser sa réflexion, en poète, jusqu’à l’ordonnancement le plus intime des choses et des êtres : “Un homme accomplit sa destinée en faisant bien ce qu’il fait, une femme, en étant ce qu’elle est”, écrit-il, sur thème voisin, dans un autre livre.

“Je pense que Chesterton est l’un des premiers écrivains de notre temps et ceci non seulement pour son heureux génie de l’invention, pour son imagination visuelle et pour la félicité enfantine ou divine que laisse entrevoir chaque page de son œuvre, mais aussi pour ses vertus rhétoriques, pour sa pure virtuosité technique”, écrivait de lui Jorge Luis Borges, cité par Philippe Maxence dans la préface qu’il a donnée au livre.

Signalons en outre que le même Philippe Maxence préface également un autre livre de Chesterton paru aux éditions de L’Homme Nouveau, sous le titre Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste. L’écrivain y développe une double critique du socialisme et du libéralisme et propose des solutions inspirées par le catholicisme social pour promouvoir une société plus juste, plus humaine et plus respectueuse de la nature, fondée sur l’extension au plus grand nombre de la propriété privée. »

Le reste est à lire : ICI.

 

 

 

Avez-vous adhéré à l'Association des Amis de Chesterton ? Le faire, c'est aider à faire connaître l'œuvre de cette écrivain, encourager la publication de nouveaux livres, découvrir des textes inédits. N'hésitez pas ! Renseignements à cette adresse : amis.de.chesterton@free.fr ou au 01 53 68 99 72.

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24 décembre 2009 4 24 /12 /décembre /2009 12:12

L’Association des Amis de Chesterton,

le blogue Un Nommé Chesterton

vous souhaitent un saint et joyeux Noël.

 

 

 

 

 

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« Au beau milieu de ce brouhaha de fables et de doctrines, une nouvelle prodigieuse se fait entendre qui ne leur ressemble en rien. Exceptionnelle et décisive comme la trompette du jugement, elle n’en est pas moins réjouissante. C’est une bonne nouvelle, si bonne même qu’elle paraît incroyable. C’est l’affirmation retentissante que le mystérieux constructeur du monde est venu, en personne, visiter son œuvre, que cet être premier et invisible, sujet de tant de réflexions et de légendes, a marché sur la terre réellement et récemment – au cœur même de l’histoire –, et qu’il est l’Homme Qui Fit le Monde. »

G.K Chesterton


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21 décembre 2009 1 21 /12 /décembre /2009 00:47
Image-1-copie-5.pngDe son vrai nom, Jean Blum, Jean Florence  (photo) est l'un des premiers traducteurs de Chesterton en France. Ce disciple de Bergson fut porté disparu le 6 juin 1915, lors des combats de la Première Guerre mondiale. En 1924, Jean Royère, fondateur de la revue La Phalange, préfaçait un de ses livres, publié de manière posthume. En voici un extrait :


« Je venais de fonder La Phalange... Louis de Gonzague Frick, propréteur, à Nancy, de cette revue naissante, me mit en rapports avec un étudiant qui était déjà un écrivain. Jean Blum, agrégé, bientôt docteur, ayant fait, cet été de 1906, un voyage en Italie, m'expédia de Florence un article que je publiai, le 15 septembre, sous le pseudonyme, dès lors choisi par le jeune enthousiaste, et qu'il allait illustrer parmi nous. Jean Florence venait de naître au public : il avait vingt-deux ans.

De cette époque jusqu'au 20 mars 1914, cinquante études, de lui, d'importance croissante, se succédèrent à La Phalange ; il faut y joindre un assez grand nombre d'articles, parus dans diverses revues, comme Le Mercure de France, Le Divan, Le Spectateur, Le Parthénon, Les Ecrits Français, La Voce (de Florence) etc. — Deux romans de K. G. Chesterton, Le Nommé Jeudi et Le Napoléon du Notting Hill, traduits et publiés aux éditions de La Nouvelle Revue Française et deux thèses pour le doctorat ès-lettres, consacrées à deux auteurs allemands, complètent la bibliographie de Jean Florence, né à Paris, le 21 novembre 1883, mort pour la France, au combat de Neuville Saint-Vaast, le 6 juin 1915. (Son frère, de quatre ans plus jeune que lui, membre de l'Ecole Française d'Athènes, mobilisé comme lui, fut porté disparu le 28 septembre 1914, à Montauban (Somme). Sa mort ne laisse plus malheureusement aucun doute. Les deux frères étaient fils uniques et leur père était mort, lui-même, cinq ans avant la Guerre.)

Jean Florence, un grand garçon d'une robustesse seyante et parfaitement gai, fut un littérateur non moins acharné dans le labeur d'écrire que Valery Larbaud, lequel hume avec passion sur du papier d'épreuves, l'encre d'imprimerie et s'enferme, avec la canicule, dans des bibliothèques d'Italie. Florence écrivait de jour, mais surtout de nuit, et n'éprouvait que mépris pour tels éphèbes de lettres qui estiment la nuit propice au dormir. Son œuvre est considérable — les seuls articles de La Phalange, réunis, formeraient trois forts volumes in-16. Il ne songeait guère à les recueillir, sachant que son œuvre littéraire n'était qu'une des ivresses de sa vie. Elle est, en effet, cette œuvre, l'improvisation émouvante d'une philosophie vitale dont son auteur était comme possédé. Aussi sa disparition laisse-t-elle un vide plus grand, en un sens, que celui de Charles Péguy, robuste et merveilleux artisan, et grand artiste du verbe ».

 

On trouvera davantage d'information sur Jean Florence ICI.

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19 décembre 2009 6 19 /12 /décembre /2009 11:44


Image-5-copie-7.pngCette splendide monographie consacrée au poète anglais Robert Browning et écrite par Chesterton en 1903 – il avait 29 ans – vient d’être rééditée, avec une nouvelle traduction, par les éditions Le Bruit du temps.

Cette édition est une parfaite réussite tant par les qualités de la traduction, limpide en même temps que dans le ton de l’auteur, que par celles de l’objet en lui-même. Enfin un éditeur qui réédite un texte en donnant un avertissement digne de ce nom et qui remet le livre dans son contexte et en donne les grandes lignes historiques.

Enfin un éditeur qui offre un index qui permet au lecteur français du XXIe siècle de ne pas patauger trop longtemps, au risque de se décourager dans les noms et les allusions d’une autre époque.

Enfin un éditeur qui n’hésite pas à consacrer du temps pour une infime partie de son lectorat en lui offrant le texte d’origine des vers cités par Chesterton et traduits en français.

Dans La Croix de jeudi dernier (17 décembre 2009), l’écrivain et critique Patrick Kéchichian a tenu à saluer ce beau travail. Extrait :

« Une biographie, donc, mais sans les lourdeurs et les contraintes que l’on a l’habitude d’attacher au genre. Un découpage classique (la jeunesse, le mariage, la maturité, l’art poétique…), mais pas de date, ou presque. Pas d’anecdotes, de ragots, de reconstitutions d’époque, de manie du détail. À la place un tableau aux vastes et belles proportions, admiratif mais sans complaisance, des hypothèses audacieuses, des rapprochements inattendus, de féconds paradoxes, une foule d’analyses et des interrogations sur le pourquoi et le comment de la littérature… Et même des conseils très utiles pour « tous les hommes de lettres qui ne veulent pas sacrifier l’homme en ne gardant que les lettres ».

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Notons juste une petite erreur qui se trouve après cet article et qui est certainement due à la rédaction de La Croix. Il est indiqué en note que Gallimard a également édité récemment Les Arbres d’orgueil. Signalons seulement que la traduction a été réalisée avec talent par Lionel Leforestier et non par Denis.
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9 décembre 2009 3 09 /12 /décembre /2009 17:53

 

Nous avons déjà évoqué ici la participation de Chesterton à un western. Grâce au site Il était une fois le cinéma, nous découvrons que Chesterton fut l’une des sources d’inspiration pour le film de Michael Powel, A Canterbury Tales (1944).

Certes l’histoire s’inspire avant tout des Contes de Chaucer, écrivain qui était placé au premier rang par Chesterton. Mais ce dernier n’est pas du tout étranger à ce film non plus. D’après Justin Kwedi, auteur de l’article sur Il était une fois le cinéma : « Powell lui-même revendique l’influence de G.K. Chesterton dans ses mémoires, l’ironie et la méfiance de ce dernier envers un certain capitalisme moderne imprégnant le film. »

Mais au fait quelle est l’histoire de ce film ? Pendant la Seconde Guerre mondiale, un juge anglais garantit ses administrées contre les avances des soldats. En 1943, « Un sergent américain en permission, un soldat anglais et une jeune volontaire à la Défense civile se rencontrent à la descente d’un train de nuit, à quelques kilomètres de Canterbury. Alors qu’ils rejoignent l’hôtel du village, la jeune femme est agressée par un inconnu, qui lui verse de la colle dans les cheveux. Les aventures de ces trois pèlerins modernes commencent… »

Justin Kwedi commente : « Michael Powell sut mieux que quiconque rendre universels une culture et un état d’esprit insulaires typiquement anglais. Profondément attaché à ses racines mais également ouvert sur le monde, il aura réussi à exprimer cette caractéristique, avec une rare perfection dans A Canterbury Tale. Sur la route des pèlerins de Canterbury, trois personnages provenant d’horizons bien différents vont trouver les réponses aux questionnements qui les rongent et une certaine forme de quiétude, par la magie de la campagne anglaise et celle de Powell et Pressburger. »

 

 

Voici trois extraits du film :

 








 

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4 décembre 2009 5 04 /12 /décembre /2009 17:31

En 1914, Chesterton publie chez Cassel and Company, The Barbarism of Berlin, qui est l'une de ses participations à l’effort de guerre. Le livre est composé de quatre chapitres et contient approximativement 13211 mots et 95 pages. Il est publié en novembre 1914 alors que la guerre a débuté en août. L’ouvrage a connu auparavant une publication dans le Daily Mail en octobre et en novembre de la même année.
Il faut considérer que 1914 marque un vrai tournant dans la vie de Chesterton. Non pas d’abord comme écrivain, certains n’hésitant pas à dire que le « créateur » disparaît alors pour laisser place au seul publiciste. C’est un peu rapide comme jugement, qui veut surtout voir dans le catholicisme de Chesterton une diminution de son pouvoir créateur. Mais c’était, nous l’avons signalé, le jugement d’un Valery Larbaud.
Chesterton subit en fait les contre-coups des accusations contre son frère Cecil et le déclenchement de la Première Guerre mondiale entraîne un autre choc psychologique. Ces ondes psychologiques étaient d’autant plus marquantes que l’homme Chesterton n’était vraiment pas en forme. Outre le procès de Cecil, Chesterton avait rompu avec le Daily News et avait dû écrire pour un journal socialiste dont il ne partageait pas les opinions. L’achat de Top Meadow à Beaconsfield l’avait éloigné de ses amis de Londres. La veille de la pendaison de crémaillère, Chesterton de retour à la maison de nuit trébucha et se cassa le bras. De fait il avait un peu trop bu.
Son goût pour la boisson et son embonpoint inquiétaient sa femme. Le terrain était mauvais. À la fin de 1913, Chesterton attrapa une congestion du larynx que l’on prit pour une bronchite chronique. Il était en fait de plus en plus faible et refusait surtout de se soigner par… peur de la maladie. Des vacances en septembre 1914 n’arrangèrent rien. Le 25 novembre de la même année, dans une lettre au Père O’Connor, Frances Chesterton demande des prières pour son mari qui est au plus mal. De fait, Chesterton s’était effondré physiquement et psychiquement. Il était alors dans un état de semi-coma qui dura jusqu’à Pâques 1915. Mais à Noël 1914, le coma fut quasi complet. Or trois ans auparavant, soit vers 1911, Chesterton avait confié au father O’Connor la possibilité de son entrée dans l’Église catholique. Face à ce mourant fallait-il maintenant faire venir un prêtre catholique ?

C’est dans ce contexte d’écroulement généralisé que parurent les livres de guerre : The Barbarism of Berlin ; Letters to an old Garibaldian (janvier 1915) ; The so-called Belgian Bargain ; The Appetite of Tyranny (1915), The crimes of England (1915).

Au fond dans ces livres, Chesterton développe une thèse principale : il accuse l’Angleterre d’avoir un temps cédé au mirage prussien et l’encourage à punir l’Allemagne accusée de tous les maux possibles.

La Barbarie de Berlin contient donc une introduction et quatre chapitres :

 

Introduction : The facts of the case

1. The War on the World

2. The refusal of reciprocity

3. The Appetite of tyranny

4. The escape of Folly

 

« Définir le vrai sauvage, écrit Chesterton, c’est dire qu’il rit quand il vous frappe, et qu’il hurle quand vous le frappez. Cette extraordinaire inégalité de jugement se retrouve dans tous les actes et dans toutes les paroles qui viennent de Berlin ». En quelques mots, on pourrait dire qu’il s’agit de la thèse du livre.
Ailleurs, il écrit : « Il est essentiel qu’on saisisse bien cette dangereuse particularité du Prussien, qui représente le Barbare positif. Il a découvert, pense-t-il, une idée nouvelle, et il veut l’appliquer à tout le monde. En fait, ce n’est autre chose qu’une fausse généralisation, mais qu’il s’efforce réellement de rendre générale. »
Pour Chesterton, la guerre qui vient d’éclater pose donc la question de la civilisation. D’un côté, l’Angleterre et ses alliés la défendent ; de l’autre, l’Allemagne et ses alliés la mettent en péril. Il l’écrit d’ailleurs à la fin de son introduction. La vraie raison de cette guerre et « du mal européen moderne », c’est « la découverte de la source d’où le poison s’est répandu sur toutes les nations du monde ». La révolution française ? Absolument pas ! La philosophie allemande, certainement : « Ils nous disent, écrit en conclusion Chesterton, qu’ils perçent des fénêtres pour la lumière et des portes pour le progrès. La vérité, c’est qu’ils sont en train de démolir la maison entière de l’entendement humain, afin de pouvoir s’enfuir dans toutes les directions. Il y a un sinistre parallèle entre la position de leurs philosophes surfaits et celle de leurs soldats comparativement dépréciés. Car ce que leurs professeurs appellent les routes du progrès sont en réalité les routes de la fuite ». En France, cette position est exactement celle de l'Action Française. 

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2 décembre 2009 3 02 /12 /décembre /2009 13:29

Dans un récent numéro, L’Homme Nouveau (21 novembre 2009, n° 1457) a publié un article de Brian Sudlow, maitre-assistant à l’Université de Reading en Grande-Bretagne. Brian Sudlow était l’un des principaux intervenants de la Table-Ronde sur le renouveau littéraire catholique qui s’est tenue au Collège des Bernardins le 15 octobre dernier.

Dans l’article en question, il présente une figure littéraire française, certainement peu connue des Français eux-mêmes : Adolphe Retté. Au sujet de celui-ci il écrit : « Comme beaucoup de convertis littéraires, sa trajectoire commence dans des circonstances bien éloignées de l’Église. Anarchiste puis syndicaliste révolutionnaire en politique, symboliste puis naturiste en poésie, Retté mène une vie on ne peut plus antichrétienne, participant activement aux passions anticléricales des années 1880 et 1890. Ses Treize Idylles diaboliques (1898), des contes blasphématoires, sont tout à fait typiques de la littérature des libres-penseurs de la période. La violence de ses avis politiques et littéraires trouve son écho dans une vie personnelle tempétueuse et difficile. Sorti d’une famille désunie, Retté a des difficultés pendant longtemps à former des rapports intimes et stables, préférant souvent la compagnie facile des filles de joie à celle de sa concubine (morte en 1903) qu’il domine d’une façon égoïste. Avant le moment décisif de sa conversion, et plongé dans un désespoir provoqué par un nihilisme foncier, il frôle même le suicide. »

Mais pourquoi évoquer cet écrivain français sur un blogue consacré à Chesterton, écrivain typiquement anglais ?

Tout simplement, en fait, parce que Brian Sudlow établit un parallèle entre le chemin de conversion des deux hommes :

« Sa capacité de réunir les fragments de la modernité rapproche Retté de son homologue anglais, G.K. Chesterton, qui voyait dans la réunion des prétendus contraires la structure paradoxale de la réalité. En fait, la comparaison de Retté avec Chesterton — l’objectif de ma thèse doctorale de 2007 pour l’université de Reading en Grande-Bretagne — fait ressortir les convergences entre la renaissance des lettres catholiques en France et en Angleterre pendant la même période. Chesterton et Retté sont très sensibles aux idéologies dominantes de l’époque moderne. Tous les deux voient dans la révolte de l’homme contre Dieu un acte qui renie la nature humaine tout en rejetant le don surnaturel du salut. Comme le dit Chesterton, la tentative de prendre la mitre à l’“homme pontifical” (l’homme guidé par l’Église) ne fait que le décapiter entièrement. Il faut insister aussi sur leur rejet commun d’un monde désenchanté (pour reprendre l’expression de Max Weber). Ils critiquent tous les deux le scientisme, la perversion idéologique, voire antireligieuse, des découvertes scientifiques, et le système d’éducation en France et en Angleterre, celui-ci devenu porteur des valeurs sécularisées. En même temps, contre le déisme et le progrès conçu comme seul but des efforts humains, ils réaffirment l’action d’un Dieu providentiel et rédempteur, et la doctrine de l’Incarnation comme dogme anti-laïc par excellence, réunissant l’univers spirituel avec l’univers matériel. Le Christ est venu sauver l’homme de son “fumier matérialiste”, dit Retté au début de l’Étoile du matin. Si son langage est souvent plus violent que celui de Chesterton, il exprime, néanmoins, une réponse très semblable aux problèmes que pose l’incroyance moderne au début du XXe siècle.

Si, chez Chesterton, son Orthodoxie est à lire absolument, chez Retté c’est son autobiographie spirituelle Du Diable à Dieu qui mérite le plus la lecture. »

 

Un article (de deux pages) à lire, bien sûr, dans son intégralité tant il ouvre des perspectives et complète notre vision de la littérature en général et plus spécifiquement de la littérature catholique au début du XXe siècle.

Terminons par une petite correction. Dans l’article de L’Homme Nouveau, le nom de Brian Sudlow a été mal orthographié. C’est bien à ce jeune maître-assistant de grand talent et qui promet beaucoup que revient tout le mérite de cet article.

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30 novembre 2009 1 30 /11 /novembre /2009 18:16

Ceux qui s’intéressent à la littérature anglaise iront jeter un coup d’œil au hors-série du Point qui vient de paraître. Intitulé Les grands textes de l’esprit anglais, c’est une riche présentation sur plus de cent pages de la variété et de la richesse des auteurs britanniques de Shakespeare à Tolkien. On trouvera donc une présentation de ce dernier, mais aussi d’Evelyn Waugh, écrivain catholique anglais du XXe siècle, bien connu pour son sens de la dérision. Et Chesterton ? Pas de page proprement dite, mais une mention – quand même – dans le lexique final. Chesterton y est surtout présenté comme un auteur de roman policier. Mais ne boudons pas notre plaisir : il n’a pas été ignoré.


Autre mention de l’écrivain, dans le très intéressant numéro du Magazine littéraire de décembre dont le dossier est consacré à « Orwell, écrivain et prophète politique ». Dans l’entretien qu’il a accordé à Élisabeth Lévy Jean-Claude Michéa écrit que Orwell « confia un jour que, “ce dont avait besoin l’Angleterre, c’était de suivre le genre de politique prônée par le G.K.’s Weekly de Chesterton : une forme d’anticapitalisme et de “joyeuse Angleterre” agraire et médiévale. C’est à coup sûr dans ce cadre précis qu’il convient d’interpréter sa dernière volonté d’être inhumer selon le rite anglican. Il ne croyait évidemment pas en Dieu, mais il n’en pensait pas moins que “le véritable problème était de trouver un moyen de restaurer l’attitude religieuse, tout en considérant que la mort est définitive” ». Une explication qui complétera nos articles sur les rapports entre Orwell et Chesterton : ICI, , , , et .

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28 novembre 2009 6 28 /11 /novembre /2009 11:04

Dans notre précédent texte, nous avons présenté rapidement la première pièce de Chesterton, Magic, écrite et jouée pour la première en 1913. Comme nous le soulignons, elle fut jouée à Londres ainsi qu’à New York.

Or, cette pièce a également connu une adaptation française sous le titre de « Magie, comédie fantasque en trois actes ». Elle fut créée au Théâtre Pitoëff de Genève le 6 janvier 1922. La mise en scène était signée de Georges Pitoëff  (photo avec Ludmilla Pitoëff) d’après une traduction du texte de Chesterton signé Henry Church.

Le rôle du Duc était joué par Evséef, Jean Hort était dans le rôle du Révérend Smith, Henri Derville dans celui de Maurice, le neveu du Duc, Alfred Penay dans celui du magicien, Helena Manson dans celui de Patricia Carleon, Perret dans le rôle de Hastings et Dornel dans celui du docteur Grimthorpe.

Il ne faut confondre la pièce adaptée de celle de Chesterton avec Magie de Léon Chancerel et Francis Chavannes, créée le 17 octobre 1929 au Théâtre des Arts de Paris et également mise en scène par Georges Pitoëff.
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27 novembre 2009 5 27 /11 /novembre /2009 00:46

 

 

 

Magic ? Vous avez dit Magic ! Après Le siècle de Victoria en littérature (ici et ), il nous faut présenter maintenant cette œuvre peu connue de G.K. Chesterton. De quoi s’agit-il exactement ? De la première pièce de théâtre d’un auteur jusqu’ici connu comme essayiste, biographe, romancier, poète et journaliste. En écrivant cette pièce, Chesterton répondait – enfin ! – au vœu que lui avait exprimé son « ami-ennemi » G.B. Shaw de le voir écrire pour le théâtre. La demande de Shaw date au moins de mars 1908 et c’est à travers une lettre qu’il avait exprimé ce désir, lui disant aussi qu’il perdait son temps dans le journalisme. Sur ce point, Shaw n’avait pas tout à fait raison. Car si Chesterton a, effectivement trop, écrit, gaspillant un talent énorme, plusieurs de ses articles sont de véritables bijoux littéraires que l’on reste heureux de lire, aujourd’hui encore.

En 1913 donc, Chesterton suit donc le conseil de Shaw et écrit une pièce en trois actes, qualifiée de « fantastic comedy ». Dès le 7 novembre de la même année, la pièce est jouée au Little Theatre de Londres. Elle a été globalement bien accueillie et a connu 165 représentations ainsi qu’une autre à New York.

Le succès de cette pièce est finalement assez paradoxal. Shaw l’a tellement appréciée qu’il a demandé à Chesterton d’en écrire vite d’autres. Un autre adversaire de l’écrivain, George Moore, que Chesterton avait sérieusement critiqué dans Hérétiques n’hésitait pas à écrire une amie : « je n'exagère pas quand je dis que de toutes les pièces actuelles, c’est celle que j’aime le plus ».

Mais quel est le thème de Magic ? À travers l’histoire d’un duc qui invite à magicien à venir égayer une soirée mondaine, c’est au fond celui de la confrontation de la magie et de la folie, vieux thèmes chestertoniens s’il en est.

 

Lors de la première, les rôles furent ainsi distribués :

 

– L’étranger : Franklin Dyall

– Patricia Carleon : Miss Grace Croft

– Le Révérend Cyril Smith : O.P. Heggie

– Le Dr. Grimthorpe : William Farren

– Le Duc : Fred Lewis

– Hastings : Frank Randell

– Morris Carleon : Lyonel Watts

 

 

 

Magic de Chesterton a inspiré le film The Magician (1958) écrit et dirigé par Ingmar Bergman même s’il s’agit de deux œuvres d’auteurs aux univers très différents. Reste que Magic était l’une des pièces préférées de Bergman.

 

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