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20 avril 2009 1 20 /04 /avril /2009 00:13
Elle fut dans la Russie soviétique, puis post-soviétique, la traductrice de C.S. Lewis et de G.K. Chesterton, mais aussi de Graham Greene et de P.G. Wodehouse.
Natalya Trauberg est décédée le 1er avril dernier à Moscou, à l’âge de 80 ans.
Née en 1928, diplômée de l'université d’Etat de Léningrad en langues anglaise, française, espagnole, portugaise, italienne, Natalya Trauberg était traductrice et enseignait à l’Institut théologico-biblique de saint André.
Dans un entretien qu’elle avait accordé en 2007 au journal russe Poma, elle racontait la place qu'avait occupé les contes de fées dans son itinéraire de femme et de chrétienne. Loin de voir une incompatibilité entre la féérie et le christianisme, Natalya Trauberg y voyait une même capacité d'ouverture à l'invisible.
Durant sa prime enfance, elle avait un peu lu des contes de fées bien que ceux-ci étaient considérés comme des reliquats de la culture bourgeoise et donc impitoyablement pourchassés. Néanmoins, encouragée par sa famille, elle lira avec passion ceux mis à sa disposition grâce à la bibliothèque familiale. Parmi les auteurs, Andersen est celui qui la marqua le plus. Elle affirmera que les contes de fées l’auront guéri des charmes de l’école soviétique, d’autant que sa grand-mère, pieuse orthodoxe, ne voyait aucune incompatibilité entre ceux-ci et le christianisme.
De son côté, Natalya Trauberg aura offert à la jeunesse russe de lire les contes de C.S. Lewis et de G.K. Chesterton, d'abord à travers des éditions clandestines, puis au grand jour.
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18 avril 2009 6 18 /04 /avril /2009 09:56
a été adressée aux abonnés. Rappelons que celle-ci est gratuite, sous forme électronique et qu’elle n’est adressée qu’aux seuls abonnés.
Elle ne reprend pas des informations parues sur le blogue, mais offre habituellement des textes inédits ou des informations inédites.
C'est ce dernier cas qui constitue le fond de cette Lettre d'information n° 11. S'abonner (gratuitement, voir ci-contre, dans la colonne de droite, sous le calendrier), c'est avoir la certitude de recevoir cette lettre et d'être tenu au courant de l'actualité touchant Chesterton et son œuvre, notamment les nouvelles traductions, les éditions en cours ou les événements en préparation.
Et l'année 2009 sera vraiment riche en la matière.
Alors n'hésitez pas !

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17 avril 2009 5 17 /04 /avril /2009 15:59
On s’accordera avec William Oddie pour estimer qu’il y a un peu d’emphase derrière le jugement trop fraternel de l’anonyme auteur de G. K. Chesterton : A Criticism. En 1900, Chesterton publie Greybeards at Play et un recueil de poèmes, The Wild Knight and Other Poems [Photo : Chesterton a 13 ans]. C’est insuffisant pour susciter une réelle interrogation. Par la suite, il va, outre ses articles quotidiens, publier des études littéraires, des romans et des contes ainsi qu’un essai, remarqué, Hérétiques, sans parler de la longue polémique avec Robert Blatchford, à travers des articles paraissant alors dans trois journaux : The Daily News (politiquement libéral et religieusement plutôt anti-conformiste), The Commenwealth (organe de la Christian Social Union, politiquement à gauche et religieusement anglo-catholique) et The Clairon (le journal de Blatchford lui-même, athée et socialiste). Rien d’évident à travers une telle production pour qualifier un jeune auteur, aux talents multiples, qui semble s’intéresser à tout et qui développe, qui plus est, une écriture paradoxale et facilement facétieuse. C’est pourquoi William Oddie pose la question : comment celui qui a grandi dans une atmosphère libérale et moderniste, qui enfant a écrit des vers anti-religieux, a été touché au moins par intermittence par un pessimisme profond et a connu une sérieuse crise spirituelle quand il était étudiant, est-il devenu une icône de la contre-révolution culturelle anti-moderne ?
Jusqu’ici, la réponse consistait à affirmer que cette évolution était le fruit du christianisme chestertonien. Or selon Oddie, la critique de la modernité et du progrès chez Chesterton [Photo : Chesterton a 17 ans] a émergé de manière indépendante, et certainement avant son adhésion consciente au christianisme. Pour une part, cette critique prend sa source dans un refus politique : celui de soutenir l’impérialisme britannique dans sa lutte contre les Boers en Afrique du Sud. Prise de conscience progressive mais qui a fini par saisir que ce combat entre David et Goliath était celui de la tradition contre la modernité. Par la suite, Chesterton s’est mis à défendre tout ce qui était anti-moderne, d’où cette croisade étonnante à partir de 1903 contre les positions de Blatchford, laquelle devait donner naissance à sa première affirmation publique de défense du christianisme. Comme l’écrit Oddie, « Il commençait à approcher la fin d’un long processus de transition intellectuelle ». C’est ce processus qu’il décrit jusqu’à son plein achèvement dans Orthodoxie, après l’étape que constitue Hérétiques. Mais, comme je l’ai déjà fait remarquer, Hérétiques, dans son chapitre d’introduction et dans celui de conclusion, contient déjà en puissance ce qui sera développé, et avec quelle ampleur, dans Orthodoxie.
Dans le petit essai que j’ai consacré à Chesterton (Pour le réenchantement du monde), je présentais Orthodoxie comme « l’histoire d’une âme » de Chesterton. C’est ce que confirme, avec d’autres temres, aujourd’hui, William Oddie dans son étude si passionnante, notamment en raison des très nombreux documents sur lesquels il s’appuie. Il me semble, pour ma part, qu’il existe une sorte de triptyque chestertonien, constitué par Hérétiques (1905), Orthodoxie (1908) et L’Homme éternel (1925). Si Chesterton aborde sa croyance dans le Christ et son adhésion au christianisme dans de nombreux ouvrages ou articles, ces trois livres se répondent et se complètent tout en traçant les lignes d’un itinéraire spirituel. En attendant, il est certain que William Oddie a livré par cette étude un ouvrage désormais indispensable à une exacte connaissance non seulement de l’œuvre de l’écrivain, mais de l’homme lui-même.


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16 avril 2009 4 16 /04 /avril /2009 15:54



Chesterton and the romance of orthodoxie de William Oddie est divisé en deux grandes parties, de quatre chapitres chacune. La première explore la vie de Chesterton jusqu’à sa trentième année. Années d’enfance, si importantes pour l’acquisition de certains éléments fondamentaux comme la magie de la féerie ; années scolaires, si déterminantes, années d’études artistiques à Slade, si éprouvantes d’un certain point de vue, pour finir sur ses premiers pas comme jeune rédacteur dans des maisons d’éditions. La seconde partie suit Chesterton dans ses premiers écrits, dans l’émergence de l’homme de lettre, puis dans le critique et le polémiste, notamment avec la parution d’Hérétiques (1905) pour finir par la parution d’Orthodoxie.

Concernant l’évolution de Chesterton, William Oddie démontre que son catholicisme, comme système de pensée, était bien présent en 1908, bien avant donc son entrée officielle dans l’Église catholique. Il estime que les idées catholiques de l’écrivain lui ont été transmises, non d’abord par Belloc ou par le Father O’Connor, qui servira de modèle pour le Père Brown, mais essentiellement par sa femme, l’anglo-catholique, Frances Blogg (photo) et par les personnalités de la Haute-Église anglicane qu’il connaissait comme Charles Gore, Conrad Noel et Percy Dearmer. Ces derniers n’avaient rien de catholiques romains, mais s’intéressaient tous, dans le cadre du courant social chrétien, aux questions économiques et sociales, dans une perspective de justice sociale, également défendue par Léon XIII.
La vraie question qui se pose à propos du travail de William Oddie est de savoir si Orthodoxie constitue bien ce point d’arrivée dans l’évolution de la pensée de Chesterton. Ce dernier en défend lui-même l’idée dans son autobiographie. Pour Oddie, Orthodoxie constitue le terme d’un processus d’évolution spirituelle dont le livre va témoigner publiquement. Il estime que jusqu’à Orthodoxie le public et la critique pouvaient se demander qui était réellement Chesterton, ce qu’il voulait, ce qu’il pensait. Le propre frère de G.K.C, Cecil Chesterton remarque dans G. K. Chesterton : A Criticism, un livre anonyme consacré à son aîné, que personne en dehors de son propre cercle ne connaissait l’écrivain. À partir du printemps 1900, la question s’était, selon lui, transformée. Désormais connu, on cherchait à identifier celui qui se cachait en quelque sorte derrière les initiales G.K.C.

(à suivre…)


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15 avril 2009 3 15 /04 /avril /2009 00:08
Quand le lecteur découvre Chesterton et qu’il se surprend à l’apprécier, il ne sait pas encore qu’il vient de franchir une des portes d’entrée d’un riche univers. Il y a, en effet, mille manières pour commencer à connaître Chesterton. Il peut s’agir d’un roman, que l’on perçoit d’abord en tant que tel, intrigué par la manière dont l’auteur mène son jeu. Et, puis, très vite, force est de constater que sous l’écorce de l’histoire, de surprenantes révélations nous sont faites et qu’une profession de foi s’étale sous nos yeux sans que nous ayons eu le temps de nous en apercevoir. L’essai a également longtemps été une manière privilégiée de lire Chesterton, les Français appréciant les joutes oratoires, les discussions d’idées, les démonstrations en faveur d’une ligne que l’on entend défendre. Évidemment, Chesterton restait sur ce plan-là éminemment déconcertant. Comment un fils de Descartes pouvait-il raisonnablement se laisser entraîner par un auteur qui dresse un monument en faveur du christianisme dogmatique en recourant aux contes de fées ? Il faudrait encore évoquer son Father Brown et cette étonnante porte d’entrée que constitue le roman policier chestertonien, qui continue de séduire à l’heure des thrillers faisant davantage appel aux méthodes de la police scientifique qu’au regard profond d’un humble petit prêtre.
Mille portes pour un univers donc, même si au fond nous connaissons mal la vie de l’homme Chesterton et l’évolution de sa pensée. D’emblée, il nous apparaît massif, d’un bloc, et d’une certaine l’était-il. Mais il faudrait aller au-delà, savoir, par exemple, comment cet homme qui n’était pas catholique a pu écrire un éloge, non-dit mais puissant, du catholicisme en 1908 (Orthodoxie) pour ne se convertir réellement qu’en 1922.
À ce titre, le lecteur curieux et familier avec la langue anglaise, aura tout intérêt à lire l’un des derniers ouvrages consacrés à Chesterton et qui est publié par l’Oxford University Press. Signé William Oddie, intitulé Chesterton and the romance of orthodoxie, cet ouvrage est une étude très serrée qui a pris pour champ d’exploration les années qui séparent la naissance de Chesterton (1874) de celle de la parution d’Orthodoxie (1908). Contrairement, donc, aux habituelles biographies qui, généralement, embrassent toute son existence et toute son œuvre, William Oddie a concentré son regard sur une période qu’il estime décisive et qui détermine en quelque sorte le reste de l’existence de G.K.C.
À ce titre, il n’est peut-être pas inintéressant de savoir qui est exactement celui qui s’est ainsi intéressé, en plus de 400 pages, au parcours de Chesterton, et singulièrement à l’itinéraire emprunté par celui-ci pour atteindre au début du XXe siècle la pleine maturité dans sa pensée. Ancien athée, William Oddie est devenu ministre anglican en 1977, à l’âge de 38 ans. Il a ensuite assuré plusieurs charges de chapelain à Oxford avant de devenir desservant d’une paroisse. En 1987, il embrasse le journalisme journaliste, écrivant dès lors régulièrement pour le Daily Telegraph, Sunday Times ou le Daily Mail. Mais plus important encore, il est reçu dans l’Église catholique en 1991.
On le voit cet itinéraire de l’auteur est intéressant dans la mesure où il n’est pas sans rapport avec celui de Chesterton. Les dissemblances sont évidentes, mais il reste que nous sommes confrontés dans les deux cas à deux passages successifs, celui de l’athéisme à l’anglicanisme et celui de l’anglicanisme au catholicisme. Sans avoir vécu les mêmes choses que Chesterton William Oddie était donc certainement bien préparé intérieurement à le comprendre.
Cette compréhension a été amplifiée par les documents originaux qu’il a pu lire et qui n’avaient pas été jusqu’ici exploré. Par exemple, Oddie s’appuie sur les écrits de Chesterton dans The Debater magazine, ce journal de lycéen auquel le futur écrivain collaborait. Il met en avant nombre d’articles qui étaient jusqu’ici passés inaperçus ou cités de manière incomplète, ou encore des poèmes inachevés, des notes et des réflexions diverses. Il n’ignore pas, bien entendu, l’ensemble des matériaux qui étaient déjà à la disposition des chercheurs. À l’aide de sources nouvelles confrontées à de plus anciennes, William Oddie s’attache donc à saisir l’itinéraire intellectuel, spirituel et moral de Chesterton, jusqu’à ce moment décisif que fut la parution d’Orthodoxie. À ce sujet, il rappelle, derrière G.K.C. lui-même, qu’au début les critiques et une grande partie du public n’ont pas compris de quoi il retournait. Il pensait à une nouvelle facétie de l’auteur, à une illustration nouvelle d’un paradoxe ou à une exotique défense du christianisme oriental séparé de Rome. Et puis ils s’aperçurent que l’auteur défendait réellement le christianisme dogmatique et ce fut l’hallali.

(à suivre…)
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14 avril 2009 2 14 /04 /avril /2009 00:26
Le quotidien Présent a consacré sa Une du mercredi 8 avril à une présentation rapide de Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste de G.K. Chesterton (éditions de L’Homme Nouveau). Extrait.




A l’heure de la crise économique mondiale qui est inséparable  de la crise morale de l’Occident, deux livres d’aspect anodin arrivent  à point nommé. Apparemment hors sujet tous les deux,  puisqu’il s’agit, pour l’un, d’un receuil (inédit) d’essais de Chesterton  datés de 1926 que les éditions de l’Homme nouveau viennent  de publier sous le titre Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste ; pour l’autre, des actes de la XIXe université d’été de  Renaissance catholique en juillet 2005 : La pensée unique (Renaissance catholique).

Et pourtant, chacun à sa manière  éclectique et diversement datée, ils  disent déjà quasiment tout, d’une  part des causes profondes de notre  grande crise économique et de ses «  enfers sociaux », d’autre part des  effets intrinsèquement pervers de la  crise morale liée à ce funeste économisme.  (…)
« Ce que je reproche au capitalisme,  ce n’est pas qu’il y ait trop  de capitalistes mais précisément  qu’il n’y en ait pas assez », disait  Chesterton. C’est tout le « distributisme  » chestertonien, cher à Philippe  Maxence, qui est (si l’on y réfléchit  bien) le seul moyen politique  de « moraliser le capitalisme  » contre l’édifice malsain du  mondialisme. Louis Salleron en a  lui-même développé le principe en  France, en prônant non seulement  la diffusion de la propriété individuelle  mais l’organisation de la diffusion  de la propriété collective  privée, comme rempart de liberté  personnelle, facteur de justice sociale  et de développement économique  maîtrisé. La propriété est  pour la personne – « un besoin vital  de l’âme » (Simone Weil) – et non  la personne pour la propriété ! 
Nicolas Sarkozy a par exemple  jugé inacceptable que « Laurence  Parisot dise qu’elle n’a pas le désir  d’évoquer le partage des profits ».  Mais de la distribution de la propriété,  selon le principe clef de la  destination universelle des biens, il  n’en aura jamais été question, comme  remède politique et durable à  cette crise (dont le G20 ne vient finalement  que de « réguler » et renouveler  virtuellement les tares).  Or, note Philippe Maxence, « ce  n’est pas une mince surprise de  constater qu’en usant des mots qui  sont les siens, Chesterton avait déjà  pensé la crise de l’environnement,  la faillite des banques, la  perversité du système de la grande  distribution, la destruction de  l’agriculture » ! 
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9 avril 2009 4 09 /04 /avril /2009 01:55
C’est le 25 mai prochain que paraîtra comme nous l’avons déjà annoncé un nouveau livre de Gilbert Keith Chesterton. Publié chez Gallimard, dans la collection Le Cabinet des Lettrés, l’ouvrage porte comme titre : Le meurtre des Piliers Blancs et autres textes. Comme nous l’avions également souligné, on peut s’attendre, au regard de la collection, à un ouvrage soigné et élégant, à une édition raffinée, qui fera de ce modeste livre un petit bijou de bibliothèque.
Sur 137 pages, en petit format, Le Meurtre des Piliers Blancs et autres textes regroupe trois nouvelles, traduites ici par Lionel Leforestier.
La première de ces nouvelles est celle qui donne le titre général à ce recueil : Le Meurtre des Piliers Blancs (the white pillars murder). Il s’agit d’un texte policier qui date de janvier 1925 et qui a paru dans English Life. Il met en scène le détective Adrian Hyde.
La deuxième nouvelle, Les cinq épées (The five swords) date de février 1919 et elle a paru dans Hearst’s International. Cette nouvelle a déjà connu deux éditions françaises. Une première fois dans La Tour de la Trahison, publié chez Glénat, dans la collection « Marginalia », en 1977. La traduction est de Marc Voline. Ce même volume a été repris en 2007 aux éditions de L’Arbre vengeur sous le titre général Le Jardin enfumé, qui reprend en fait dans un ordre différent les nouvelles publiées dans La Tour de la trahison. Cette nouvelle y est publiée sous le titre : Le Cinq de pique.
Enfin, la dernière nouvelle publiée est intitulée Le Prince qui disparaît (The Vanishing Prince). Elle a paru en février 1920 dans The Storyteller avant d’être reprise dans L’Homme qui en savait trop (The Man Who Knew Too Much) qui date de 1922. Ce livre a été traduit en français, dans une édition toujours disponible chez l’Age d’Homme. The Vanishing Prince y est traduite sous le titre Le Prince de l’évasion et constitue le chapitre II. La traduction est de Marie-Odile Fortier-Lasek.
Notons que la nouvelle
The five swords a été intégré dans des éditions ultérieures à celle de 1922, publiées sous le titre The Man Who Knew Too Much and other stories, qui n'ont pas servi à établir l'édition française de L'Age d'Homme qui reprend, en traduction, celle de 1922.




Nous l'avions déjà fait remarquer lors de la parution de L'Assassin modéré, il est dommage de voir repris des textes déjà publiés en français alors que l'œuvre de Chesterton fourmille encore de contes, nouvelles et textes divers inédits dans notre langue. Nous ne pouvons que réitérer notre proposition d'offre aux éditeurs de les aider à visiter plus avant le riche univers de Chesterton. En espérant être un jour entendu…
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7 avril 2009 2 07 /04 /avril /2009 17:35
Chrétiens dans la cité, la lettre d'information attentive à tout ce qui se passe dans le domaine des rapports des chrétiens avec la société, présente dans son dernier numéro (n° 222) le dernier livre de Chesterton édité en France : Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste. Nous reproduisons ci-dessous cet article signé Denis Sureau.


A l'heure où la crise financière mondiale bouleverse les fausses certitudes constitutives d'une « mondialisation heureuse » fondée sur le capitalisme, les analyses économiques et politiques du grand écrivain britannique G.K. Chesterton invitent à renouveler notre regard. Publiées à la veille de la première grande crise – celle de 1929 -, et traduites pour la première fois, elles dénoncent la dévastation de la nature, la perversité de la grande distribution, les illusions de la technique et « la tyrannie des trusts ». Tout cela au nom du distributisme, propre aux catholiques sociaux anglais, proposant « de distribuer les grandes fortunes et les grandes propriétés » sans tomber l'écueil du socialisme étatiste. « Une société de capitalistes ne contient pas trop de capitalistes, mais trop peu...». Évidemment, même lorsqu'il se fait l'écho de telles thèses, Chesterton demeure Chesterton: non un austère théoricien multipliant les démonstrations rigoureuses
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4 avril 2009 6 04 /04 /avril /2009 11:32
Le Petit Palais  à Paris présente une rétrospective de « William Blake, le romantique anglais » depuis le 2 avril et jusqu'au 28 juin. Près de 130 oeuvres du poète visionnaire et graveur d’exception sont rassemblées en France pour la première fois.

G.K. Chesterton a consacré une étude à Blake qui a paru en novembre 1910. C’est à la fois le critique littéraire et l’artiste qui s’expriment quand Chesterton aborde ce mystère qu’est William Blake. C’est aussi une étude de discernement, à travers laquelle Chesterton tente de distinguer le meilleur de Blake du moins bon. Soyons honnête : il faudrait être un fin connaisseur de ce dernier pour dire si Chesterton a réussi son entreprise. On sait que les thuriféraires de Blake n’apprécient guère cet ouvrage. Comment pourrait-il en être autrement ? Du fait même de l’effort de Chesterton pour saisir toutes les dimensions de Blake sans rien lui passer de ce qui ne semble pas devoir être retenu, cette étude chestertonienne peut agacer. D’autant que l’auteur en profite pour dresser un portrait du XVIIIe siècle et notamment des loges maçonniques.
L’artiste et le poète sont appréciés par Chesterton même s’il estime que Blake aurait pu aller plus loin. D’une certaine manière, il apprécie également son mysticisme, sauf en ce qu’il ne s’est pas porté en quelque sorte sur l’objet précis du mysticisme :
« Dire (comme le font certains théosophes modernes) que la mort n’est rien, que c’est simplement comme de passer dans une autre pièce, n’est pas seulement profane et anti-chrétien ; c’est tout simplement vulgaire. Cela va à l’encontre de toute tradition des émotions secrètes de l’humanité. C’est indécent, comme de persuader un paysan plein de décence de se promener sans vêtements. La musique et le chant de l’humanité s’expriment mieux dans un employé qui met ses vêtements du dimanche que dans un fanatique qui va courir tout nu dans Cheapside. Et il y a plus de véritable mysticisme à clouer le couvercle d’un cercueil qu’à prétendre, de manière purement théorique, ouvrir les portes de la mort. »

À cette occasion, Chesterton nous offre sa propre approche du mysticisme :
« On a confondu accidentellement dans le langage le mystique et le mystérieux. En général on ressent vaguement le mysticisme comme étant lui-même vague – avec des voiles et des nuages, de l'obscurité ou des dissimulations vaporeuses, des conspirations déroutantes ou des symboles  impénétrables. Il y a eu en effet des charlatans pour utiliser ce genre de choses; mais jamais un véritable mystique n'a préféré l'obscurité à la lumière. Jamais un pur mystique n'a aimé le mystère pour lui-même. Le mystique n'invente pas de doutes ou d'énigmes: les doutes et les énigmes préexistent. Nous ressentons tous l'énigme constituée par la terre sans avoir besoin de personne pour  nous la montrer. Le mystère de la vie en est la partie la plus simple. Les voiles et les nuages de l'obscurité, la confusion vaporeuse, constituent le climat normal de cette planète. Quelles que soient les choses par ailleurs, celles auxquelles nous sommes habitués, nous sommes habitués à l'inexplicable. Chaque pierre et chaque fleur sont des hiéroglyphes dont nous avons perdu la clef; à chaque instant de notre vie nous entrons dans une nouvelle histoire que nous sommes certains de ne pas comprendre. Le mystique n'est pas l'homme qui fabrique des mystères, mais l'homme qui les détruit. Le mystique est celui qui propose une explication, qui peut être vraie ou fausse, mais qui est toujours très compréhensible – par là je veux dire, non pas qui est toujours comprise, mais qui peut toujours être comprise, parce qu'il y a toujours quelque chose à comprendre. Celui dont le sens demeure mystérieux échoue, selon moi, en tant que mystique.»

Ce qui sauve Blake pour Chesterton tient certainement en un autre aspect, dans sa vision de la création divine, de la rémission des péchés, dans l’espoir de la résurrection.

En France, l’ouvrage a été traduit par Francis Bourcier pour les Nouvelles éditions Oswald et il a été publié en 1982. Il est maintenant indisponible, sauf chez les bouquinistes. Cette édition est précédée d’une excellente introduction de François Rivière qui retrace la vie de Chesterton plus qu’il ne parle du livre lui-même. Il en dit quand même quelques mots à la fin de son introduction. En voici deux passages :
« La dialectique touche ici au sublime, même si parfois elle dérape – mais c’est dans ses excès que Chesterton est sans doute le plus touchant – à tous les sens du mot. »
Bien sûr, le lecteur aimerait bien en savoir un peu plus sur les dérapages de Chesterton. À propos de quoi ? Et par rapport à quoi ? François Rivière, malheureusement, ne le dit pas. Il ajoute cependant :
« Le bon sens et la mauvaise foi mêlés, la lousticité très britannique, la simplicité confondante du raisonnement, tout est là pour nous entraîner sans réticence vers l’accomplissement du rituel. Mis en pièces, remodelés, assumé totalement par son exégète ébouriffant, Blake sort grandi de l’épreuve et nous le plus proche, soudain, plus réel, plus vivant ! ».

Dans cette édition française, le William Blake de Chesterton contient 166 pages, avec une introduction de François Rivière et un avant-propos du traducteur.

Mais laissons à Chesterton le dernier mot, qui sera en l’occurrence les premiers de son livre :
« Toute biographie devrait commencer par ces mots : “Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre”, et William Blake aurait été le premier à le comprendre. Si nous devions raconter l’histoire de M. Jones de Kentish Town, il nous faudrait des siècles pour tout expliquer. On ne peut même pas appréhender le nom de “Jones” tant que l’on n’a pas compris que sa banalité n’est pas celle des choses vulgaires, mais celle des choses divines ; car sa banalité même est un écho de l’adoration de saint Jean, l’Aimé de Dieu. »



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3 avril 2009 5 03 /04 /avril /2009 16:08
Retenez bien ce titre : « Le meurtre des piliers blancs ». C'est celui (le titre, pas le meurtre) d'un recueil de textes de Chesterton qui devrait paraître le 7 mai prochain dans la célèbre et belle collection du « Cabinet des lettrés » de Gallimard. Dans cette même collection, nous avions déjà parlé de L'assassin modéré , Suivi de L'homme au renard, paru en novembre dernier (ICI).
Cette collection de textes littéraires édite de petits bijoux d'ouvrages, particulièrement bien soignés, avec un papier et un graphisme élégant. On se réjouit donc d'avance de cette nouvelle publication dont nous attendons les épreuves avec impatience pour pouvoir vous en dire davantage.
Après Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste publié en mars et Les contes et nouvelles annoncés aux éditions de l'Age d'Homme, 2009 sera donc une année chestertonienne. On ne peut que s'en féliciter et s'en réjouir. Espérons que le public – et notamment vous, amis lecteurs de ce blogue – sera au rendez-vous. Les éditeurs ont besoin de l'enthousiasme du public.


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