Nous reprenons ici le cours de notre série consacrée à la présentation des livres de G.K. Chesterton en suivant le rythme de leur parution en Angleterre. Après avoir évoqué dernièrement L’Homme qui en savait trop (ici et là), nous voudrions donner quelques aperçus, forcément rapides, sur un livre d’une certaine actualité : Eugenics and Others Evils.
Cet essai de Chesterton ne connaît pas actuellement de traduction française. Mais son titre dit assez bien de quoi il retourne : de l’eugénisme et des autres problèmes qui sont liés à ce type de danger. Il s’agit pour l’écrivain anglais d’évoquer le contrôle de la population et l’élimination de ceux qui sont considérés comme contraires à la norme. Par extension, il traite évidemment du contrôle des naissances et, plus positivement, de la sainteté du mariage et de l’importance de la famille. Il s’attaque évidemment aux tenants de cette théorie, depuis Francis Galton qui en est à l’origine jusqu’à H.G. Wells qui s’en fait le propagandiste en passant par Leonard Darwin, fils de Charles Darwin, et président de l’« Eugenics Society ».
Dès le premier chapitre, il redit que « la fondation d'une famille est l'aventure personnelle d'un homme libre » et que donc « elle se trouve en dehors des frontières de l’État ». L’ouvrage n’envisage donc pas la question seulement sous l’angle de la morale individuelle ou familiale mais aussi sous celui de la politique et même sous l’aspect philosophique puisque pour l’auteur « le matérialisme est vraiment notre Église établie » (référence à l’appellation donnée à l’Église d’Angleterre). Chesterton dénonce aussi le règne des spécialistes, de ces scientifiques qui, soutenus par la bureaucratie en place, imposent leur vision du monde qui passe par le contrôle de la population. L’essai sera d’ailleurs dénoncé par les tenants de l’eugénisme de l’époque, notamment dans plusieurs articles de l’« Eugenics Review ».
Le livre, qui décrit bien des problématiques très actuelles, est organisé en deux parties. Après une introduction expliquant les raisons de la publication de cet essai et soulignant notamment que la matière d’où il provient date d’avant la Première Guerre mondiale (Chesterton est entré dans cette discussion en 1913 en critiquant le « Mental Deficiency Act), l’auteur traite d’abord de la théorie de l’eugénisme en elle-même qu’il discute comme étant fausse. Cette première partie est découpée en huit chapitres. Dans la seconde partie, il entend présenter le but réel de la théorie. Cette partie est découpée en neuf chapitres. En voici la table des matières :
L’ouvrage a paru chez Cassell and Company en février 1922. Dans une critique qu’il publie dans Nation, G.B. Shaw soutiendra l’essai de son ami Chesterton, qu’il ne manquait pas de critiquer habituellement. Pour Shaw, dans ce livre, tout était pratiquement bon. Un avis éloquent et qui parle de lui-même.