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20 décembre 2010 1 20 /12 /décembre /2010 07:12

Publié en 1920, The Superstition of Divorce connaîtra une traduction française en 1931. Elle est réalisée par Jeanne Fournier-Pargoire et paraît aux éditions Saint-Michel dans la collection « Les Maîtres étrangers » sous le titre « Divorce ». Le livre de 192 pages est alors vendu au prix de 15 francs. Il sera repris sous la marque « Fernand Sorlot » (devenue depuis les Nouvelles Éditions Latines) et publié en 1933, dans la collection « Le Monde catholique ».

 

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Cette édition comprend le Nihil Obstat de l’archevêché de Paris (Lutetiæ Parisiorum, Die, 31a Julii 1933, H. du Passage) et l'imprimatur (Lutetiæ Parisiorum, Die, 25e Augusti 1933, V. Dupin v.g.).

Petit détail, sur la page de titre intérieur, une erreur s’est glissée puisque G.K. Chesterton est devenu C.K. Chesterton (photo ci-dessous).

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Il semble que cette édition soit en fait un débrochage auquel on a remis une nouvelle couverture et une nouvelle page de titre intérieur puisque l’achevé d’impression indique bien mai 1931.

Dans cette édition française, Divorce reprend les chapitres de la version anglaise, en adaptant les titres.

Le premier chapitre est intitulé « Contre le divorce » ;

Le second : « La superstition du divorce » ;

Le troisième : « Charles Lamb » ;

Le quatrième chapitre n’a pas de titre

Le cinquième s’intitule : « L’Histoire de la famille » ;

Le sixième : « L’Histoire du serment » ;

Le septième : « Les tragédies du mariage » ;

Le huitième : « Le divorce et ses perspectives »

Le livre s’achève par la « Conclusion ».

 

Petit détail amusant, là aussi. En 1931, la revue Études, célèbre publication des Jésuites, publie dans son numéro du 20 juillet (page 235) une recension du livre de Chesterton dans la traduction de Jeanne Fournier-Pargoire. Cet article, assez court, est signé de Henri du Passage, le même qui signera le Nihil Obstat deux ans plus tard. 

 

À suivre…

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18 décembre 2010 6 18 /12 /décembre /2010 14:34
En 1920, G.K. Chesterton publie trois ouvrages qui sont The Superstition of Divorce, The Uses of diversity et The New Jerusalem. Le seul de ces ouvrages qui ne fut pas traduit en français est The Uses of diversity.

 

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The Superstition of Divorce est composé essentiellement d'articles parus à l’origine dans The New Witness en 1918 (numéros du 22 et 29 mars, des 5, 12 et 19 avril). Il s’agit d’un livre de circonstances, né à propos d’une controverse qui avait agité la presse anglaise en 1918. Aux cinq articles initiaux que l’auteur n’a pas remaniés, il a ajouté cependant quatre autres chapitres (dont une conclusion) pour étayer un peu plus ce qu’il avait, dans les articles en question, asséné sans autre forme d’argumentation.

Dans sa conclusion, Chesterton spécifie bien le genre du livre. Il s’agit d’un pamphlet et, ajoute-t-il, « Un pamphlet doit donc être démodé le plus tôt possible. Il ne peut survivre que s’il ne réussit pas. Les pamphlets qui ont réussi sont nécessairement ennuyeux ; je n’ai pas grand espoir que le mien réussisse bien que je suppose qu’il soit assez ennuyeux pour cela ».

De fait, ce pamphlet n’a pas réussi, ni en Angleterre, ni en France et il conserve donc une certaine actualité.

Dans cet ouvrage, Chesterton n’aborde pas principalement le mariage chrétien. Il défend surtout le point de vue que la destruction de la famille entraîne la dislocation de la société. Même si presque tout le monde présente le divorce comme un échec, Chesterton estime que le monde moderne a commencé à présenter le divorce comme une liberté. Il pense que les hommes qui refusent habituellement le suicide devraient également refuser le divorce qui est aussi la fin d’une vie, celle de la famille.

Mais plus encore que de mettre en cause le divorce, il défend la famille, car si le premier est un effet et la privation d’un bien, la seconde est réellement un bien. Non seulement parce qu’elle permet à l’humanité de se renouveler, mais aussi parce que la famille est le plus grand refuge pour la liberté. Il l’avait déjà dit d’une autre manière dans Le Monde comme il ne va pas, en qualifiant la famille d’« institution anarchique par excellence ». Il s’en expliquait ainsi :

«  C’est-à-dire qu’elle est plus ancienne que la loi, et qu’elle se tient à l’écart de l’État. De par sa nature, elle est revigorée ou corrompue par des forces indéfinissables issues de la coutume ou de la parenté. Cela ne veut dire pour autant que l’État n’ait pas autorité sur les familles : dans de nombreux cas qui sortent de l’ordinaire, on a recours, et il le faut, à cette autorité de l’État. Toutefois, l’État n’a pas accès à la plupart des joies et des chagrins familiaux, ce n’est pas tant que la loi ne doive pas interférer mais plutôt qu’elle ne le peut. ».

Le même thème est repris et développé dans The Superstition of Divorce quand Chesterton écrit, par exemple :

« Par son pouvoir sans frein, la plus ancienne des institutions humaines rappelle l’anarchie. Seule, parmi toutes les autres, elle commence par une attraction spontanée et, on peut dire au sens le plus strict du mot, sans idée sentimentale, qu’elle est fondée sur l’amour et non sur la peur. Si l’on essaye de la comparer aux institutions coercitives qui rendent l’histoire moderne si compliquée, on arrive à des déductions absolument contraires à la logique. Elle est aussi unique qu’elle est universelle. Rien dans les autres rapports sociaux ne se peut comparer à l’attraction mutuelle des sexes. En négligeant ce simple point, le monde moderne est tombé dans mille extravagances. »

 

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L'édition anglaise de 1920

 

 

The Superstition of Divorce fut publié le 29 janvier 1920  chez Chatto & Windus et la même année, chez John Lane Company, à New York, pour l’édition américaine. Voici le sommaire de ce livre : 

 

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L'édition américaine de 1920

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13 décembre 2010 1 13 /12 /décembre /2010 09:26

 

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La parution en novembre 1919 de Irish Impressions, récit d’un voyage de Chesterton en Irlande, entraîne une question : pourquoi l’écrivain se rendit-il dans ce pays si particulier, alors sous domination britannique ?

On l’a dit, le motif premier de ce voyage est une campagne de recrutement pour l’armée britannique qui se bat alors sur le front en France et qui a besoin de renforts. En 1914, John Redmond avait convaincu une partie des Irish Volunteers, une milice autonomiste, de former un corps expéditionnaire rattaché à l’armée britannique. Les National Volunteers – ce fut leur nom – allèrent donc combattre en France, démontrant la vaillance des Irlandais. Mais ce premier apport irlandais était considéré comme insuffisant. De plus, les Britanniques refusèrent de constituer des régiments uniquement irlandais et disséminèrent les volontaires dans des différentes unités. C’est donc pour convaincre à nouveau des Irlandais de se battre contre la « barbarie prussienne » que Chesterton effectue ce voyage. C’est du moins le motif officiel. Il estime que le soulèvement de Pâques 1916 a été essentiellement un fait dublinois et qu’il n’a pas de conséquences politiques majeures, ce en quoi il se trompe.

Mais Chesterton veut aussi découvrir ce pays car c’est la première fois qu’il s’y rend. Il admire les Irlandais, notamment ceux qu’il a côtoyés à Londres et entend découvrir ce peuple sur ses terres même. Il se montre aussi très favorable au Home Rule, c’est-à-dire à l’idée d’une certaine autonomie irlandaise qui s’incarnerait par un Parlement national à Dublin, mais rattaché à la Grande-Bretagne.

Pour le guider pendant son voyage, il est accompagné par Horace Plunkett, une figure importante de l’Irlande du début du XXe siècle.

Né en 1854, exactement vingt ans avant Chesterton, Sir Horace Plunkett, après des études à Oxford, est retourné définitivement vivre en Irlande en 1889. Élu député unioniste à partir de 1892, siège qu’il perd en 1900, Horace Plunkett est un chaud partisan du Home Rule, projet qu’il soutiendra à travers la fondation de l'Irish Dominion League. Mais c’est aussi l’artisan d’une profonde réforme qui touche l’Irlande : la coopération agricole. Il fonde en 1894, l'Irish Agricultural Organisation Society (IAOS). Sous son impulsion également, le Parlement établit, à partir de 1899, un ministère de l'Agriculture et de l'Enseignement technique d'Irlande dont il est nommé vice-président. Comme chef de file de la coopération agricole, il travaille ardemment à l’accession à la propriété des petits fermiers irlandais, dépossédés par les grands propriétaires angle-irlandais ou tout simplement anglais. Un premier pas avait été fait dans ce sens en 1885 par l’Ashbourne’s Land Act, qui sera complété en 1903 par Wyndham’s Land Act. De son côté, Horace Plunkett entendait appuyer la reconstruction d’une Irlande autonome sur deux principes : le « self-help » (pas d’intervention de l’État) et le « mutual help » (la coopération mutuelle). Les points de rencontre avec le distributisme de Chesterton sont évidents. Les deux hommes étaient sur la même longueur d’ondes.

Alors qu’Horace Plunkett guide Chesterton en Irlande, il est étrange qu’il ne l’éclaire pas davantage sur l’impact très fort des Pâques sanglantes de 1916. Même si pour sa part il est resté dans la légalité et soutien la solution du Home Rule, Horace Plunkett ne peut être indifférent à cet épisode tragique de la récente histoire irlandaise. Son propre fils Joseph fut l’un des signataires de la déclaration d’indépendance des Républicains irlandais au début du soulèvement. Il est l’une des grandes figures de cet Easter Rising, qui n’en manque d’ailleurs pas. Joseph Plunkett était un intellectuel et un poète. Bien que tuberculeux, il participa néanmoins aux combats et il fut arrêté lors de la reddition générale des insurgés. Emprisonné dans la prison de Kilmainham Gaol, il y épousa Grace Gifford la veille de son exécution le 4 mai 1916. Pour la petite histoire, Grace Gifford était une ancienne élève de Slade School of art de Londres comme Chesterton.

Contrairement pourtant à sa condisciple, qui en mémoire de son jeune mari fusillé par les Britanniques adoptera une attitude intransigeante, Chesterton est un partisan du Home Rule. Il l’est d’autant plus qu’il voit en Irlande un pays fidèle à ses traditions catholiques (il a des mots sévères pour les Protestants d’Ulster), qui a retrouvé sa dignité par la diffusion large de la propriété agricole, qui a favorisé la vie de famille et a préféré la frugalité heureuse à l’adoration de Mammon, en s’appuyant sur une société dont les piliers, outre l’Église, sont le foyer familial, le village et l’agriculture. Une Irlande qui est tout sauf puritaine comme le montrent ses Pubs où l’on chante encore en buvant joyeusement une bière du pays.

Malgré le climat tragique dans lequel il s’insère – la Grande Guerre et les lendemains du soulèvement républicain irlandais –, Irish Impressions est un récit vif, plein d’entrains, bienveillant envers ce peuple qu’il découvre et dont il perçoit très bien qu’il est l’un des plus révolutionnaires en ce qui concerne la question de l’État et l’un des plus conservateurs au sujet de la famille. C’est aussi en patriote anglais que Chesterton visite l’Irlande et qu’il comprend le patriotisme irlandais. Ce qui lui permet d’inviter ses compatriotes à respecter l’âme de l’Irlande. 

À ce jour, Irish Impressions de Chesterton n'a pas connu de traduction française. Il a été en revanche réédité dans sa version anglaise par IHS Press, avec une très intéressante introduction du professeur Dermot Quinn, membre du Chesterton Institute et professeur à Seton Hall University (USA).

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11 décembre 2010 6 11 /12 /décembre /2010 18:02

Les éditions Via Romana ont publié pour cette fin d’année un véritable petit bijou d’édition, une réussite parfaite. Il s’agit ni plus ni moins d’un conte de Chesterton intitulé L’Inconvénient d’avoir deux têtes, traduction française de The Disavantage of having two heads.

 

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Ce conte et cette édition comportent plusieurs spécificités qui méritent d’être soulignées :

 

1°) L’Inconvénient d’avoir deux têtes est un conte non seulement écrit par Chesterton mais également illustré par lui, ce qui permet de découvrir un aspect de son talent, peu connu en France ;

2°) À l’origine, cet ensemble texte et dessin n’était pas destiné à la publication mais fut adressé à une petite fille amie de l’écrivain, auquel il est dédié : Beryl Blanche Delaforce. Il fut publié après la mort de l’écrivain dans le recueil The Coloured Lands (1938), réalisé par Maisie Ward, la première biographe de Chesterton;

3°) Les éditions Via Romana ont non seulement publié la traduction française de ce conte, mais elles ont aussi reproduit l’ensemble des illustrations de Chesterton ;

4°) Les éditions Via Romana ont non seulement publié la traduction française et les dessins du conte, mais elles ont publié au regard le texte original en anglais, faisant de ce petit livre un ouvrage bilingue ;

5°) Non seulement le texte original en anglais est reproduit, mais il s’agit du texte manuscrit de Chesterton, à l’écriture si caractéristique, parfaitement lisible;

6°) Le livre des éditions Via Romana s'adresse à deux catégories de lecteur. Aux enfants, qui découvriront un conte et des dessins qui parleront à leur âge. La présentation de Philippe Maxence leur est directement adressée. Les adultes percevront dans le conte un autre niveau de lecture et la conclusion de Philippe Maxence développe pour eux l'histoire de ce conte et explore plus largement sa thématique dans l'œuvre de l'écrivain;

7°) Enfin ajoutons qu’il s’agit certainement de l’une des plus belles éditions au monde de ce texte, disponible à un coût modeste (10 €). Les lecteurs de ce blog et les amis de Chesterton en général pourront saluer ce travail en se portant acquéreur de ce conte, façon de remercier l’éditeur, de l’encourager à continuer et de se faire plaisir en s’offrant ou en offrant L’Inconvénient d’avoir deux têtes pour les cadeaux de fin d’année. 

 

Nous reproduisons ci-dessous la page de garde de ce livre ainsi qu'une page intérieure. Nous vous invitons à commander cet ouvrage soit auprès de votre libraire habituel (diffusion Salvator), soit auprès de l'éditeur, soit sur Amazon, soit sur le site de la FNAC, soit auprès de l'association des Amis de Chesterton (amis.de.chesterton@free.fr)

 

 

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10 décembre 2010 5 10 /12 /décembre /2010 19:37

Si nous reprenons notre visite périodique (d’une périodicité variable, avouons-le) des ouvrages de Chesterton, après avoir évoqué La petite histoire de l’Angleterre pour l’année 1917, nous devrions évoquer pour cette même année l’Utopie des usuriers. Recueil d’articles parus à l’origine dans The Daily Herald, publication socialiste et syndicaliste, après le départ de G.K. Chesterton du Daily News – conséquence directe du scandale Marconi (voir ICI,  , , et ), Utopie des usuriers fut publié, non en Angleterre, mais directement aux Etats-Unis. Nous avons déjà présenté ce livre (ICI,  et ) à l’occasion de la parution de sa traduction française, réalisée par Gérard Joulié, et parue aux éditions de l’Homme Nouveau. Dans Valeurs Actuelles du 25 novembre dernier, voici ce qu’en disait Philippe Barthelet :

 

« “L’utopie des usuriers”, c’est le monde que Chesterton prophétisait il y a un peu moins d’un siècle : au lecteur d’aujourd’hui de relever tout ce qui, de la dissolution de l’art dans la publicité à l’asservissement universel et indolore aux seules nécessités du commerce, lui rappellera quelque chose. Cet « essai d’hier pour aujourd’hui » a été publié en 1917 à New York – les éditeurs londoniens l’ayant refusé pour sa virulence. Cependant Chesterton reste Chesterton : « S’il tonne et frappe, sa colère est subtile et sa moquerie permanente », comme le remarque Philippe Maxence, éditeur de ce livre et l’un des plus éminents chestertoniens français. On ajoutera, et c’est tout dire, que la traduction est due à Gérard Joulié. » (la suite à lire ICI).

 

COUV CHESTERTON UTOPIE

En cette période de cadeaux et d’achat de livres, nous ne pouvons que vous inviter à vous procurer cet ouvrage qualifié de « prophétique » par Valeurs actuelles.

 

 

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Deux ans plus tard, Chesterton publie Irish Impressions. Le titre du livre en dit assez la matière, tirée d’un voyage en Irlande. Mais pas n’importe quel voyage ! Si le livre fut publié en 1919, le texte date d'un peu avant la fin du conflit, lors d’une tournée qu’effectua l’écrivain dans ce pays pour tenter de convaincre les Irlandais de s’engager pour aller combattre sur le front en France. Le livre rassemble une série d’articles parus à l’origine dans The New Witness, entre le 11 octobre 1917 et le 25 avril 1919. Il fut publié le 4 novembre 1919 chez Collins et connut également une éditions américaine chez John Lane Company, à New York, l’année suivante. Dans l’édition américaine, Irish Impressions comporte 222 pages. Le livre comprend neuf chapitres, dont voici le sommaire : 

 

 

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D’un certain point de vue, c’est un livre étrange. Chesterton est venu en Irlande comme une sorte d’agent de recrutement de l’armée britannique. L’Irlande, qu’il découvre, est encore un pays occupé et asservi, qui a subi à Pâques 1916 un soulèvement républicain et indépendantiste qui s’est achevé dans un bain de sang. L’opinion publique irlandaise et même mondiale, notamment aux États-Unis, a été remuée par la répression sanglante des autorités britanniques qui n’ont pas hésité à fusiller et à déporter. Peu à peu, le peuple irlandais, qui s’était montré plutôt hostile au discours républicain, va mieux l’accueillir, au point de lui donner la victoire aux élections de 1918. Si ce livre est étrange, c’est que Chesterton est venu pour recruter des hommes pour l’armée britannique alors qu’il se montre foncièrement pro-Irlandais. Il exalte une Irlande paysanne et catholique (même s’il voit qu’une partie de l’Irlande se réclame davantage du celtisme que du catholicisme). 

 

À suivre…

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20 septembre 2010 1 20 /09 /septembre /2010 16:47
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Alors que la guerre fait encore rage sur le continent, Chesterton publie en 1917 un livre intitulé A Short History of England. C’est, à vrai dire, un livre étrange, surtout aux yeux de n’importe quel historien professionnel. Écrit sur la demande, voire l’insistance des éditeurs, Chatto & Windus, le livre fut publié le 18 octobre 1917. Il fut dicté à Freda Spencer (plus tard Freda Bayley) qui, entre 1915 et 1916, assura le secrétariat de l’écrivain. Avec l’introduction et la conclusion, l’ouvrage comporte dix-huit chapitres qui, sur un total de 241 pages prétendent offrir un résumé de l’histoire de l’Angleterre.

 

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Chesterton développe dans ce livre une vision très personnelle de l'histoire de son pays, en saute des pans entiers, s’attarde longuement sur d’autres et, sinon dans l’introduction, parvient à ne pas évoquer le nom de la reine Victoria. Il attache évidemment beaucoup d’importance à l’histoire médiévale et n’hésite pas à ce sujet à faire de sa Petite histoire de l’Angleterre, un plaidoyer pour cette époque.

Une traduction française de ce livre parue en 1922, réalisée par Anne Osmont. Elle fut publiée dans la collection « Anglia » aux éditions G. Crès et Cie, déjà éditeur des Crimes de l’Angleterre et de La Sphère et la Croix, dans des traductions de Charles Grolleau. La version totalise 293 pages. Anne Osmont, née le 2 août 1872 à Toulouse et décédée le 13 mai 1953 à Paris, fut un écrivain versé dans l’occultisme qui écrivit ses Mémoires sous le titre : « Mes souvenirs, 50 années d’occultisme, mes voyages en astral ».

 

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Dans son introduction, Chesterton écrit notamment ceci : « On ne lui a pas appris (à l’homme du peuple) que le Moyen Age fut bourré du parchemin des chartes, que la société, jadis, fut surtout un système de chartes et d’un genre extrêmement intéressant pour lui ; le charpentier a entendu parler d’une charte donnée aux barons et faite surtout à leur profit ; le charpentier n’a entendu parler d’aucune des chartes données aux charpentiers, aux tonneliers, ni à tous les hommes de sa classe. »

C’est, on l’aura compris à ce mépris pour le moyen âge et pour ses libertés sociales qu’entend principalement (pas uniquement) répondre Chesterton. 

Une nouvelle traduction en français de ce livre est prévue et devrait paraître aux éditions de l'Age d'Homme.

 

 

Vous êtes vous inscrit à la Table-Ronde du 14 octobre prochain sur le thème Urgence de la conversion : Chesterton et Péguy ? Non ? Alors n'hésitez pas à vous rendre ici pour avoir plus de renseignements. 

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10 septembre 2010 5 10 /09 /septembre /2010 13:40
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Sous ce titre, les Nouvelles éditions latines ont publié en juin dernier une réédition de la seconde partie de la traduction de L’Homme éternel (Everlasting Man) de Chesterton. Réédition car il s’agit de la reprise quasiment à l’identique de la version publiée par les mêmes éditions en 1947.

La traduction est signée Louis-Marcel Gauthier et elle paraît dans la collection « Les maîtres étrangers ». L’ouvrage comporte 204 pages et il est disponible au prix de 14€.

On peut s’étonner de voir traduit seulement la deuxième partie de ce chef-d’œuvre qu’est L’Homme éternel. Pour en comprendre les raisons, il faut revenir un peu en arrière.

En 1927, Maximilien Vox proposait chez Plon la première partie de Everlasting Man publié deux ans auparavant en Angleterre. Cet ouvrage, important dans l’œuvre de Chesterton, est composé de deux grandes parties, précédé d’une introduction générale et d’une conclusion. La première partie s’intitule « Cet animal qu’on appelle l’homme », et la seconde, « Cet homme qu’on appelle le Christ ». Seulement sous le titre générique, Vox n’avait publié que la première partie de L’Homme éternel, lequel était amputé non seulement de sa seconde partie, mais également de l’introduction et de la conclusion.

Après guerre, les Nouvelles éditions Latines décidèrent de donner la suite du travail de Vox en publiant la seconde partie ainsi que l’introduction et la conclusion. Ce travail fut confié à Louis-Marcel Gauthier qui, d’après ce qu’il dit dans sa préface, s’était engagé à ce travail auprès de Chesterton dès 1932.

Dans son avertissement – un véritable texte de combat qui s’en prend à nombre de ses prédécesseurs dans la tentative de traduire Chesterton –, Gauthier rappelle l’histoire étrange de l’édition française de L’Homme éternel. Alors qu’il indique ne pas suivre certaines habitudes de traduction – comme le fait de traduire par exemple Smith en Dupont –, il précise pourtant qu’il renverra à la première partie de Everlasting Man en parlant de L’Homme éternel. On comprend certes la démarche, mais celle-ci eut le désavantage de perdre encore plus le lecteur qui arrivait difficilement à s’y retrouver dans ces méandres de la traduction.

La traduction de Gauthier est généralement agréable à lire, même si, ici ou là, le lecteur butte un peu sur la version française. Mais traduire Chesterton, avouons-le-, un exercice extrêmement difficile.

Gauthier a ajouté pas mal de notes explicatives qui permettent au lecteur de mieux comprendre les allusions de Chesterton, qui sont toujours très nombreuses. Seulement, Gauthier, qui n’avait pas hésité dans son introduction à se moquer d’autres traducteurs, nous offre quelques surprises. Ainsi, dès la première note, bon connaisseur de l’œuvre de Chesterton il indique que l’image développée par celui-ci dans les premières lignes avait déjà été utilisé dans un roman du même auteur dont le titre en français est Supervivant (il aurait pu dire d’ailleurs que ce même thème constitue aussi les premières lignes d’Orthodoxie). Mais Gauthier indique aussi le titre anglais de ce roman. Et là, surprise ! Manalive est devenue… « Manette ».

Dans son introduction, il indique aussi publier en fin d’ouvrage la liste complète (pour l’époque) des traductions françaises de Chesterton. Étrangement, il n'y se trouve pas Supervivant qu’il présente pourtant en note à la page suivante. À la page 80, démentant son choix de pas franciser les titres ou les noms anglais, une note nous parle de « Pierre Pan ». La surprise est telle que nous sommes heureux de lire le nom de l’auteur, J.M. Barrie qui nous permet de restituer le titre original, Peter Pan, ce qui est quand même plus évocateur.

Reste un ouvrage ainsi disponible en version de poche, facilement lisible et qui offrait alors la lecture de cette seconde partie de L’Homme éternel, perdue depuis 1927.

Depuis, nous savons qu’Antoine Barrois a repris intégralement la traduction de ce livre et que celui-ci est disponible dans son intégralité aux éditions DMM. 

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5 juillet 2010 1 05 /07 /juillet /2010 06:25

Nous reproduisons ci-dessous dans son intégralité l'introduction à l'édition française des Crimes de l'Angleterre, de G.K. Chesterton, livre publié à Paris, en 1916, aux éditions Georges Crès. Cette introduction est signée Charles Sarolea, personnalité sur laquelle nous reviendrons prochainement

 

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« Il existe peut-être des écrivains anglais plus ordonnés et plus systématiques que G. K. Chesterton. Il n'en est pas un qui ait creusé plus profondément, jusqu'au roc, les fondements de la morale et de la politique ou qui ait approché de plus près les vérités éternelles. D’autres ont pu exercer une influence plus étendue; nul n'en possède de plus ennoblissante et de plus inspiratrice. Des personnalités littéraires ont pu être plus brillantes, maîtresses d'un style plus éclatant, il n'en est pas qui possèdent une aussi complète originalité. Il n’y a pas un seul guide spirituel qui soit l'objet d'une telle confiance et d’un tel amour, suivi d'une troupe plus fervente de disciples et d'admirateurs.

G. K. Chesterton n'a que quarante-deux ans; une longue carrière lui reste ouverte. Mais il se dresse déjà comme une figure mythique dans le monde des lettres et si quelque catastrophe devait faire disparaître ce qu'il écrit, lui-même n'en survivrait pas moins comme l'un des personnages héroïques et légendaires du journalisme anglais. Et la raison en est évidente. Si originaux et si suggestifs que soient les écrits de G. K. Chesterton, l'homme reste beaucoup plus grand que son œuvre. Il a le corps d'un géant, l'âme d'un saint, la simplicité et la candeur d'un enfant,  l'exubérante fantaisie d’un poète, l'esprit alerte d'un sophiste et l'intégrité intellectuelle de celui qui cherche la vérité. Il unit le courage agressif d'un croisé à la douceur d'un quaker. Il se sert de sa plume comme d'une épée mais au milieu de ses emportements les plus passionnés, jamais il ne l'empoisonna. Ses discussions qui furent si nombreuses n'ont jamais laissé le dard dans la plaie.

G. K. Chesterton est le penseur catholique le plus pénétrant de la génération actuelle. Sa principale fonction dans l'histoire aura été probablement de détruire le préjugé anglais contre le « Romanisme » et de raviver en Angleterre la tradition catholique de l'Europe. Sa conversion au catholicisme romain a été attribuée à la mystérieuse influence de son fidus Achates, M. Hilaire Belloc. Mais cette influence a été très exagérée. Car Chesterton n'a probablement cédé qu'aux affinités électives de son esprit et non à la pression de l'amitié. En étudiant son apologétique, on voit clairement que le catholicisme romain l'attire aussi bien par ses côtés intellectuels et artistiques que par ses aspects moraux et politiques et que le tempérament de Chesterton est naturellement chrétien.

Bien qu'il ait pris position comme catholique, Chesterton est demeuré un libéral et un radical impénitent et toute l'influence de M. Belloc n'a pu réussir à rendre étroite son intelligence ou à endurcir son sentiment d'humanité. Il est resté résolument loyal aux causes pour lesquelles il a lutté dans sa jeunesse.

G. K. Chesterton n'est pas seulement un libéral-radical par ce fait qu'il croit a la liberté politique et spirituelle pour les autres; il l'est aussi parce qu'il réclame cette liberté pour lui-même et dans une large mesure. Et c'est avec passion qu'il affirme le droit de se contredire. Le paradoxe est l'expression littéraire de son tempérament. Lui-même est un faisceau de paradoxes. Il a écrit deux nobles livres sur l'orthodoxie et un troisième contre les hérétiques mais son orthodoxie a parfois de faux airs d'hérésie. Conservateur dans l'âme, ennemi irréconciliable du socialisme d'État, il est le ferme champion de toutes les institutions sociales, du moins des plus vénérables et des plus individualistes, de la propriété paysanne, par exemple. Et cependant il a aidé avec générosité les socialistes militants et donné sans compter son appui aux feuilles socialistes et révolutionnaires. C'est un bon Européen et il rêve toujours de rétablir l'unité morale et religieuse que la chrétienté connut au moyen âge. Et c'est aussi un nationaliste ardent avec une teinture d'antisémitisme, un cockney de Londres et le seul interprète authentique de Pickwick.

Ce qui caractérise nettement le courage et la sincérité de G. K. Chesterton c'est qu'à l'heure où le sentiment national est devenu d'une sensibilité morbide, il a décidé de révéler les « crimes de l'Angleterre », de débrider les plaies du faux patriotisme, d'en mettre les idoles en pièces et de dénoncer comme d'humiliants désastres bien des victoires glorieuses et d'orgueilleux souvenirs. Lord Castlereagh est cloué au pilori d'infamie et William Pitt est jeté à bas de son piédestal. Il est vrai que cette dénonciation des crimes de l'Angleterre n'est qu'une façon indirecte de dénoncer les crimes de l'Allemagne. Car le plus grand crime moral de l'Angleterre aussi bien que sa principale erreur politique a été de se faire pendant près de deux cents ans l'instrument de la barbarie prussienne. L'accident politique d'une lignée de princes du Hanovre montant sur le trône des Stuarts et la haine non conformiste du catholicisme romain ont réussi à faire de la Grande‑Bretagne le complice de la Prusse protestante et, à une époque qui heureusement n'appartient plus qu'au passé, l'ennemi héréditaire de la France.

L'appui donné à la Prusse et l'hostilité contre la France sont des faits en corrélation intime et c'est pourquoi le plaidoyer de G. K. Chesterton contre l'Allemagne n'est qu'une façon détournée de plaider la cause de la France. De même que l'on doit à la Prusse l'influence sinistre qui s'exerça si longtemps dans la politique européenne, on n'aura vu en général rayonner de l'âme de la France que « douceur et clarté ». Aux jours les plus sombres du désaccord franco-britannique, Chesterton a gardé sans trouble et sans changement sa fidélité â l'ancienne Gaule et il est un de ceux qui auront le plus contribué à forger l'alliance politique et spirituelle qui sauve aujourd'hui l'Europe. Et c'est pourquoi, s'ajoutant aux brillants mérites littéraires des Crimes de l'Angleterre en dehors de l'intérêt passionnant qu'offre cet examen philosophique de l'histoire contemporaine de l'Europe et de la Grande‑Bretagne, les sympathies françaises de G. K. Chesterton recommandent suffisamment cette traduction de son dernier livre à l'attention du public français

 

CHARLES SAROLEA. »

 

 

 

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3 juillet 2010 6 03 /07 /juillet /2010 06:51

L’un des buts de ce blogue, qui est l’une des vitrines de l’Association des Amis de Chesterton, est de présenter les ouvrages de Chesterton en suivant l’ordre de parution de ses livres en anglais. Nous sommes arrivés en 1915, pendant cette Première Guerre mondiale qui allait ravager l’Europe, engloutir un monde et des façons de vivre, pour déboucher quelques années plus tard sur une seconde boucherie planétaire.

En 1915, G.K. Chesterton publie The Crimes of England, un essai au titre profondément paradoxal quant à son contenu et quant au moment où il paraît. Alors qu’il avait été un adversaire farouche de la guerre contre les Boers, Chesterton se montre un défenseur tout aussi acharné de la guerre contre l’Allemagne. Son argumentation est très simple. La guerre contre les Boers était une guerre impérialiste, une guerre que l’on pourrait qualifier « d’offensive ». Celle contre l’Allemagagne est une guerre défensive : défense de la civilisation et défense d’un territoire envahi.

L’argument de défense de la civilisation peut paraître spécieux. Après tout, l’Angleterre et la France d’une part, l’Allemagne et l’empire austro-hongros d’autre part, appartiennent à la même civilisation européenne. C’est pour l’avoir oublié, nous semble-t-il aujourd’hui, que ces nations ont embrasé l’Europe.

Chesterton, lui, est persuadé qu’il s’agit bien d’une guerre de civilisation. Il en est tellement persuadé qu’il consacre toutes ces forces à le démontrer dans des livres comme La barbarie de Berlin, l’Appétit de la tyrannie ou Lettres à un ami garibaldien.

Dans Les Crimes de l’Angleterre, il repart sur le même thème.  Mais cette fois-ci, il opère une sorte de retournement, bien dans sa façon de faire, en mettant en cause l’Angleterre elle-même. On aurait tort de penser qu’il ne s’agit que d’un effet stylistique.

De quoi accuse-t-il, en effet, l’Angleterre, son pays ? Tout simplement, d’avoir été le porte-parole de la Prusse, de sa politique et de sa philosophie. Le tournant historique de cette réalité, c’est, bien sûr, l’arrivée sur le trône d’Angleterre des Hanovre à la place des Stuarts, au nom de la préservation des acquis de la Réforme. Derrière l’Angleterre accusée, derrière la Prusse villipendée, c’est l’esprit de la réforme protestante que remet en cause Chesterton, à travers l’évocation du passé de sa nation. Il en donne lui-même une sorte de résumé au chapitre IV, intitulé « L’arrivée des Janissaires » :

« Dans les deux chapitres qui précèdent, j’ai esquissé la manière dont l’Angleterre, soit par accident historique, soit par fausse philosophie, fut entraîné dans l’orbite de l’Allemagne dont le cercle avait déjà son centre à Berlin. Je n’ai pas besoin de récapituler ici tout au long les causes de cet entraînement. Luther était à peine un hérésiarque pour l’Angleterre bien que Henry VIII le tînt pour un niais. Mais le germanisme négatif de la Réforme, son avance vers le nord, sa mise en quarantaine de la culture latine furent dans un sens le commencement de l’affaire. C’est ce que représentent bien deux faits : le refus barbare du nouveau calendrier astronomique simplement parce qu’il fut inventé par un Pape et la singulière décision de prononcer le latin comme s’il s’agissait de n’importe quoi, en faisant non pas une langue morte mais une nouvelle langue. Plus tard, le rôle joué par certaines royauté est complexe et accidentel ; “l’Allemand furieux” vint et passa ; les Allemands beaucoup moins intéressants virent et demeurèrent.  Leur inflience fut négative mais non négligeable ; elle tint l’Angleterre à l’écart de ce courant de vie européenne où l’auraient emportée les Stuarts gallophiles. Un seul des Hanovriens fut activement  allemand, si allemand qu’il s’enorgueillissait réellement du nom d’Anglais (de Briton) et l’écrivait mal » (pp. 100-102).

 

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The Crimes of England parut en novembre 1915,  à Londres, chez « C. Palmer & Hayward ». Il comprenait dans cette édition 127 pages. En 1916, il fut publié aux Etats-Unis, chez « John Lane Company » (voir photo) et comprenait 173 pages. L’édition française date de la même année. Traduit par Charles Grolleau, Les Crimes de l’Angleterre, fut publié par les éditions Georges Crès et Cie, dans la collection Varia. Cette édition comprenait 275 pages, dont une introduction de Charles Sarolea (pp 3-11) et un portrait de l’auteur (photo).

 

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La table des matières est la suivante :

Introduction

1. Quelques mots au professeur Tourbillon

2. Le héros protestant

3. L’énigme de Waterloo

4. L’arrivée des Janissaires

5. L’Angleterre perdue

6. Hamlet et les Danois

7. Le minuit de l’Europe

8. Le mauvais cheval

9. Le réveil de l’Angleterre

10 La bataille de la Marne

 

Voici reproduit la table des matières de l’édition américain :

Image-2-copie-11.png Image-3-copie-14.png Image-4-copie-12.png

 Image 5-copie-14

À suivre…

 

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16 mars 2010 2 16 /03 /mars /2010 06:20
À l'initiative des éditions de l'Homme Nouveau, un livre de Chesterton inédit en France, Utopie des usuriers, vient de paraître dans sa première traduction française signée Gérard Joulié. C'est un événement car si ce livre est inconnu dans notre pays, il n'a pu paraître en 1917 en Angleterre et fut publié pour la première fois aux États-Unis.
De manière étonnante, la colère de Chesterton entre en résonnance avec les interrogations qui naissent aujourd'hui face à la crise dans laquelle notre société est plongée. Si bien que lire ce Chesterton de colère peut nous aider à voir notre propre époque d'un œil différent et retrouver un peu de cette lucidité qui fait les hommes libres. Éditer cet essai de Chesterton représente un véritable pari pour une petite maison d'édition comme l'Homme Nouveau. Aussi le tirage de ce livre est-il limité et qu'il préférable de commander directement auprès de l'éditeur, soit directement par téléphone (01 53 68 99 77) soit en utilisant son site Internet de vente en ligne (paiement sécurisé) : ICI.


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La première édition de Utopia of Usurers publiée aux États-Unis en 1917.



Suite de l'introduction
(premier volet, ici et second volet, )
« Moins connu du public français, mais non inconnu de lui, en raison de films comme Michael Collins ou Le Vent se lève, sans parler des travaux d’auteurs comme Pierre Joannon, Utopie des usuriers et autres essais s’insère aussi dans le contexte de l’« Easter Rising ». En 1916, profitant que le gros des troupes britanniques est occupé à se battre en France, les nationalistes irlandais tentent un coup de force le lendemain de la fête de Pâques. Rapidement et impitoyablement écrasé par la machine de guerre britannique, ce soulèvement n’en reste pas moins le point de départ de la guerre d’indépendance qui se soldera par des accords en 1921, lesquels entérineront la partition de l’Irlande et la création d’un État libre rattaché à la Grande-Bretagne. Chesterton est loin d’être insensible à la situation irlandaise, comme on le lira dans ce livre. Sans être encore formellement catholique – il le deviendra seulement en 1922 –, il est révolté par les conditions faites à ce pays majoritairement fidèle à la foi romaine. Plus encore, ses conceptions politiques anti-impérialistes, favorables aux libertés des petites nations, ne peuvent que vibrer face aux revendications nationalistes irlandaises. Il relit d’ailleurs cette épopée irlandaise à travers une vision très personnelle de la Révolution française, vision romantique, peu en rapport avec la compléxité de cette période de notre histoire.
Mais c’est surtout un événement touchant directement l’Angleterre qui explique l’existence de ce livre et la sainte colère de Chesterton contre l’injustice sociale. Pendant l’été 1912, son pays fut secoué par un délit d’initiés aussitôt connu sous le nom de scandale Marconi. »
Sur l'affaire Marconi, les lecteurs de ce blogue pourront se reporter aux différents textes que nous avons publié à ce sujet : ICI, , , , et .
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