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23 mai 2008 5 23 /05 /mai /2008 00:52
Après avoir présenté les premiers livres parus de Chesterton, nous continuons ici notre exploration rapide de ses ouvrages, selon l'ordre des années de première parution en langue anglaise.
En octobre 1902, Chesterton publie « Twelve Types », un ouvrage qui n'a pas de traduction française à ma connaissance. Il s'agit d'un recueil d'articles parus dans le Daily News et The Speaker.
Le livre paraît à Londres chez Arthur L. Humphreys, éditeur. En deux lignes d'avertissement, Chesterton précise bien que « Ces articles, avec des retranchements et des ajouts, sont réimprimés avec l'aimable permission des éditeur du Daily News et du Speaker ».

Ces articles évoquent plusieurs figures historiques, littéraires, artistiques ou religieuses, un bon reflet en somme des centres d'intérêt de l'auteur dès cette époque. On trouve au sommaire :

– Charlotte Brontë
– William Morris et son école
– L'optimisme de Byron
– Pope et l'art de la satire
– Saint François
– Rostand
– Charles II
– Stevenson
– Thomas Carlyle
– Tolstoï et le culture de la simplicité
– Savonarole
– La position de sir Walter Scott.


Ces douze essais seront repris et augmentés de huit autres dans Varied Types qui paraît en 1908, la même année qu'Orthodoxie. Quels sont les nouveaux sujets traités dans Varied Types ? Les voici :
– Bret Harte                            
– Alfred le Grand                      
– Maeterlinck                           
– Ruskin                                
– La reine Victoria                        
– L'empereur allemand                
– Tennyson                             
– Elizabeth Barrett Browning.

À ma connaissance, Varied Types n'a pas non plus été traduit en français. Pour entretenir son anglais, on peut écouter ce livre. Par exemple, le chapitre sur Rostand : ICI. L'ensemble du livre (toujours en anglais audio) : .


L'année suivante (en 1903, donc) la parution de Twelve Types, Chesterton publie un nouveau livre consacré à Robert Browning. Il s'agit cette fois d'une étude complète, plus longue et plus importante qu'un simple article, même développé. Le livre est publié dans la collection des “English Men of Letters”, dirigée par Lord Morley chez Macmillan and Co.  Il s'agit de la nouvelle série de cette collection qui comprend alors 19 titres qui s'ajoutent à la quarantaine de la première série. L'éditeur propose aussi une série sur les grands hommes d'action (22) et sur les grands hommes d'État (12).
Selon Max Ribstein, c'est peut-être à la suite de son livre sur Browning que Sir Olive Lodge invitera, en 1904, Chesterton à poser sa candidature à la Chaire de littérature de l'Université de Birmingham. Dans une lettre du 28 octobre, il lui promet d'ailleurs qu'il ne sera pas obligé d'enseigner le vieil anglais. Mais Chesterton déclinera cette offre.
Cette étude biographique de Robert Browning fut traduite en français par Louis Guilloux (1899-1980) et publiée par Gallimard dans sa collection « Vie des hommes illustres » (couverture à liseré vert), sous le numéro 59. Le livre a pour titre La Vie de Robert Browning et comporte 252 pages. Le sommaire (conforme à l'édition anglaise) est le suivant :
Chapitre I : Les premières années de Browning
Chapitre II : Premiers ouvrages
Chapitre III : Browning et son mariage
Chapitre IV : Browning et l'Italie
Chapitre V : Les dernières années de Browning
Chapitre VI : Browning, artiste littéraire
Chapitre VII : L'anneau et le livre
Chapitre VIII : La philosophie de Browning

En guise de conclusion, un petit extrait de ce livre :

« Chaque créature, sur la terre, doit croire que, dans quelque folie ou dans quelque échec moral que ce soit, sa vie et son tempérament ont quelque objet sur cette terre. Tout homme au monde doit croire qu'il a quelque chose à donner au monde qui, autrement, ne serait pas donné. Tout homme doit croire, pour le bien des hommes et le salut de son âme propre, qu'il est possible, même si nous sommes des ennemis des hommes, que nous soyions des amis de Dieu. Le ma causé par cet orgueil mystique, si grand soit-il parfois, n'est qu'un fétu de paille si on le compare au mal causé par le délaissement matérialiste. Les crimes du méchant qui se croit d'une valeur infinie ne sont rien si on les compare aux crimes du méchant qui croit n'être rien du tout. »
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2 mai 2008 5 02 /05 /mai /2008 00:00
En 1901 paraît The Defendant, édité en langue française sous le titre Le Défenseur. C'est une reprise de plusieurs textes parus dans The Speaker et qui visent à prendre la défense aussi bien du patriotisme ou du non-sens que des squelettes et de bien d'autres sujets. On y découvre Chesterton tel qu'il va s'imposer. C'est un véritable feu d'artifice de paradoxes, d'intelligence et de mise à mal de ce que l'on n'appelle pas encore le « politiquement correct ».
Dans la deuxième édition du livre, il publie une « défense d'une nouvelle édition ».  Dans ce nouveau texte, Chesterton écrit : « J'ai aussi le sentiment que le titre de ce livre n'est pas exact. C'est une métaphore juridique et, juridiquement, un défenseur n'est pas un enthousiaste du caractère du roi Jean ou des vertus domestiques du spermophile; c'est un homme qui se défend, entreprise à laquelle l'auteur de ces lignes, si empoisonné que puisse être son esprit par le paradoxe, n'a certainement jamais songé ». Dans son autobiographie (1936), Chesterton se souviendra de cette époque de ses débuts et reprendra la même idée en affirmant : « Le mot “défendeur” est la seule chose dont je ne puisse pas prendre la défense ».
Mis en cause pour avoir donné l'impression d'attaquer le progrès avec The Defendant, Chesterton s'explique : « Ce qui arrête tout progrès aujourd'hui, c'est le scepticisme subtil qui chuchote à tant d'oreilles que rien n'est assez bon pour mériter d'être améliorer. Si le monde est bon, nous sommes révolutionnaires; si le monde est mauvais, nous devons être conservateur ».
Les textes du Défenseur sont courts, faciles à lire, bien que le plus souvent déconcertants. C'est un bombardement de « non-sense » typiquement british !
L'édition en langue française est suisse. Elle paraît aux éditions LUF/Egloff (Librairie de l'Université de Fribourg), avec une traduction de George-A. Garnier. L'édition comprend 143 pages.   Elle sera reprise en 1982 par les éditions de l'Age d'Homme, également installées en Suisse, qui republieront le livre en 1990.

Mieux qu'un long discours, la table des matières parle d'elle-même et de Chesterton :

Pour la défense d'une nouvelle édition (à partir de la deuxième édition)
Introduction
Défense des bergères de porcelaine
Défense de l'humilité
Défense des romans terrifiants
Défense des squelettes
Défense des vœux imprudents
Défense de la publicité
Défense de la farce
Défense du non-sens
Défense des planètes
Défense du blason
Défense de la littérature documentaire
Défense de la laideur
Défense de l'argot
Défense du culte des enfants
Défense des romans policiers
Défense du patriotisme

La qualité de ces textes feront qu'ils seront souvent repris dans des recueils Chesterton. C'est ainsi que Le Paradoxe choix de textes par Alberto Manguel (éditions Actes Sud) reproduit : Défense des romans de quatre sous (Défense des romans terrifiants dans l'édition LUF/Egloff); Défense du Nonsense; Défense de la farce, l'Introduction au Défenseur et, enfin, Défense de la publicité. Soit cinq défenses sur dix-huit !

Ironie de l'histoire : La Défense du patriotisme sera publiée par la revue Témoins, proche des milieux anarchistes, dans son numéro n°18/19 de l'automne 1957/hiver 1958. Il s'agit d'une publication trimestrielle éditée par Jean-Paul Samson à Zurich et Genève.

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24 avril 2008 4 24 /04 /avril /2008 12:26


Le premier livre paru de Chesterton est un recueil de poèmes, datant de 1900. Titre retenu : Greybeards at Play, Literature and art for old gentlemen (Barbons en liberté). C'est un petit volume, accompagné de ses propres dessins (exemples ci-dessus et ci-dessous). On oublie trop souvent que Chesterton est passé par Slade School, pour des études artistiques. Il illustrera plusieurs de ses livres. Il brille principalement dans les caricatures, mais il sait aussi illustrer des contes.
Greybeards at Play
n'a pas été traduit en français. Il comprend une dédicace à son ami Edmund Clerithew Bentley (l'un des amis les plus chers de G.K.C., membre du Junior Debating Club avec lui, plus tard journaliste au Daily Telegraph et auteur de romans policiers), trois poèmes et un envoi formant au total soixante et onze quatrains dont voici les titres originaux :
    « – The Oneness of the Philosopher with Nature
       – Of the Dangers Attending Altruism on the High Seas
      – On the Disastrous Spread of Aestheticism in All Classes
      – Envoy. »

Chesterton doutait un peu de la valeur de ces poèmes loufoques et de l'opportunité de les rassembler en volume. Il ne le fera pas figurer dans l'édition de ses Collected Poems.  Greybeards at Play sera réédité en 1930, en 1974, en 2000, en 2004 et en 2008.
Il est suivi, toujours en 1900, de The Wild Knight and other poems (Le Chevalier extravagant et autres poèmes) dont l'édition fut financée par son père. Le héros de The Wild Knight, c'est déjà Don Quichotte, un héros typiquement chestertonien. L'ensemble comprend une cinquantaine de poèmes de longueurs différentes.


    * By the Babe Unborn
    * The World’s Lover
    * The Skeleton
    * A Chord of Colour
    * The Happy Man
    * The Unpardonable Sin
    * A Novelty
    * Ultimate
    * The Donkey
    * The Beatific Vision
    * The Hope of the Streets
    * Ecclesiastes
    * Song of the Children
    * The Fish
    * Gold Leaves
    * Thou Shalt Not Kill a Certain Evening
    * A Man and His Image
    * The Mariner
    * The Triumph of Man
    * Cyclopean
    * Joseph
    * Modern Elfland
    * Eternities
    * A Christmas Carol
    * Alone
    * King’s Cross Station
    * The Human Tree
    * To Them That Mourn
    * The Outlaw
    * Behind
    * The End of Fear
    * The Holy of Holies
    * The Mirror of Madmen
    * E. C. B.
    * The Desecraters
    * An Alliance
    * The Ancient of Days
    * The Last Masquerade
    * The Earth’s Shame
    * Vanity
    * The Lamp Post
    * The Pessimist
    * A Fairy Tale
    * A Portrait
    * Femina Contra Mundum
    * To a Certain Nation
    * The Praise of Dust
    * The Ballad of the Battle of Gibeon
    * ‘Vulgarised'
    * The Ballad of God-Makers
    * At Night
    * The Woodcutter
    * Art Colours
    * The Two Women
    * The Wild Knight



Dans ce recueil, il prend position pour l'innocence de Dreyfus, dans le poème « To a certain Nation ». Dans la seconde édition, une note le montre plus hésitant sur le sujet.
Voici, en anglais, le texte de ce poème :

We will not let thee be, for thou art ours.
  We thank thee still, though thou forget these things,
For that hour's sake when thou didst wake all powers
  With a great cry that God was sick of kings.

Leave thee there grovelling at their rusted greaves,
  These hulking cowards on a painted stage,
Who, with imperial pomp and laurel leaves,
  Show their Marengo - one man in a cage.

These, for whom stands no type or title given
  In all the squalid tales of gore and pelf;
Though cowed by crashing thunders from all heaven.
  Cain never said, 'My brother slew himself.'

Tear you the truth out of your drivelling spy,
  The maniac whom you set to swing death's scythe.
Nay; torture not the torturer - let him lie:
  What need of racks to teach a worm to writhe?

Bear with us, O our sister, not in pride,
  Nor any scorn we see thee spoiled of knaves,
But only shame to hear, where Danton died,
  Thy foul dead kings all laughing in their graves.

Thou hast a right to rule thyself; to be
  The thing thou wilt; to grin, to fawn, to creep:
To crown these clumsy liars; ay, and we
  Who knew thee once, we have a right to weep.


Ce recueil apparaît comme le premier dans ses Collected poems.



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