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3 novembre 2011 4 03 /11 /novembre /2011 17:41

Eugenics-GKC.png

 

Nous reprenons ici le cours de notre série consacrée à la présentation des livres de G.K. Chesterton en suivant le rythme de leur parution en Angleterre. Après avoir évoqué dernièrement L’Homme qui en savait trop (ici et ), nous voudrions donner quelques aperçus, forcément rapides, sur un livre d’une certaine actualité : Eugenics and Others Evils.

 

Cet essai de Chesterton ne connaît pas actuellement de traduction française. Mais son titre dit assez bien de quoi il retourne : de l’eugénisme et des autres problèmes qui sont liés à ce type de danger. Il s’agit pour l’écrivain anglais d’évoquer le contrôle de la population et l’élimination de ceux qui sont considérés comme contraires à la norme. Par extension, il traite évidemment du contrôle des naissances et, plus positivement, de la sainteté du mariage et de l’importance de la famille. Il s’attaque évidemment aux tenants de cette théorie, depuis Francis Galton qui en est à l’origine jusqu’à H.G. Wells qui s’en fait le propagandiste en passant par Leonard Darwin, fils de Charles Darwin, et président de l’« Eugenics Society ».

 

Dès le premier chapitre, il redit que « la fondation d'une famille est l'aventure personnelle d'un homme libre » et que donc « elle se trouve en dehors des frontières de l’État ». L’ouvrage n’envisage donc pas la question seulement sous l’angle de la morale individuelle ou familiale mais aussi sous celui de la politique et même sous l’aspect philosophique puisque pour l’auteur « le matérialisme est vraiment notre Église établie » (référence à l’appellation donnée à l’Église d’Angleterre). Chesterton dénonce aussi le règne des spécialistes, de ces scientifiques qui, soutenus par la bureaucratie en place, imposent leur vision du monde qui passe par le contrôle de la population. L’essai sera d’ailleurs dénoncé par les tenants de l’eugénisme de l’époque, notamment dans plusieurs articles de l’« Eugenics Review ».

 

Le livre, qui décrit bien des problématiques très actuelles, est organisé en deux parties. Après une introduction expliquant les raisons de la publication de cet essai et soulignant notamment que la matière d’où il provient date d’avant la Première Guerre mondiale (Chesterton est entré dans cette discussion en 1913 en critiquant le « Mental Deficiency Act), l’auteur traite d’abord de la théorie de l’eugénisme en elle-même qu’il discute comme étant fausse. Cette première partie est découpée en huit chapitres. Dans la seconde partie, il entend présenter le but réel de la théorie. Cette partie est découpée en neuf chapitres. En voici la table des matières : 

 

Content-Eugenics


L’ouvrage a paru chez Cassell and Company en février 1922. Dans une critique qu’il publie dans Nation, G.B. Shaw soutiendra l’essai de son ami Chesterton, qu’il ne manquait pas de critiquer habituellement. Pour Shaw, dans ce livre, tout était pratiquement bon. Un avis éloquent et qui parle de lui-même.

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15 mai 2011 7 15 /05 /mai /2011 08:56

L-Homme-qui-en-savait-trop.png

 

 

Après avoir mis l’accent sur la publication d’un article d’archives consacré à Chesterton (voir Ici et ), nous revenons à la présentation de The Man Who Knew Too Much and Other Stories (débutée Ici), livre paru en Angleterre en 1922. Publiées à l’origine dans The Cassell’s Magazine et Storyteller, les nouvelles rassemblées dans ce livre associent intrigues policières et idées politiques de l’auteur.

 

The Man Who Knew Too Much and Other Stories a connu une traduction en langue française seulement en 1984 avec la parution de ce recueil aux éditions de l’Age d’Homme (Lausanne, Suisse) sous le titre : L’Homme qui en savait trop. La traduction est signée Marie-Odile Fortier-Masek et le livre comprend 176 pages. Le sommaire est le suivant :

Sommaire-LHQEST 

 

Comme on peut ainsi s’en apercevoir, le recueil anglais n’a pas été traduit dans son intégralité dans cette version en langue française. Plus exactement, il s’agit d’une traduction de « The Man Who Knew Too Much » sans les « Other Stories » que sont :

– The Trees of Pride

– The Garden of Smoke

– The Five of Swords

– The Tower of Trahison

 

Ces « autres histoires » ont cependant bénéficié de traduction en français.

 

The Trees of Pride est disponible dans la collection du Promeneur/Le Cabinet des lettrés chez Gallimard sous le titre Les Arbres d’orgueil (voir Ici). Traduit par Lionel Leforestier, ce livre est disponible depuis 2009. L'histoire se trouve également sous le titre Les Arbres de l'orgueil, dans une autre traduction, signée cette fois Gérard Joulié et disponible à l'Age d'Homme dans le beau volume intitulé : La fin de la sagesse et autres contes extravagants (voir ).

The Garden of Smoke a connu une première publication dans le petit volume édité par la collection Marginalia chez Glénat en 1977, sous le titre La tour de la trahison. La traduction est signée Marc Eichenbaum-Voline. La même traduction a été reprise pour la publication de ce volume sous le titre Le Jardin enfumé publié par L’Arbre vengeur en 2007 (voir Ici). Seul l’ordre des histoires a changé, mais ce recueil regroupe les mêmes nouvelles que le volume publié par Glénat.

Aussi bien dans le volume de L’Arbre Vengeur que dans celui de chez Glénat ont trouve les deux autres histoires qui constituaient les « Other Stories » de l’édition anglaise. À savoir, La Tour de la Trahison, traduction de « The Tower of Trahison » et « The Five of Swords », traduit sous le titre « Le Cinq de Pique » dans l’édition Glénat et « Le Cinq d’épée » dans l’édition de L’Arbre vengeur. Mais « The Five of Swords » est disponbile également dans une traduction signée Lionel Leforestier, publié sous le titre « Le cinq d’épée » dans le volume Le Meurtre des Piliers Blancs et autres textes, de la collection du Promeneur/Le Cabinet des lettrés chez Gallimard, en 2009 (voir ).

Dans ce même volume on trouve traduit l’une des histoires qui constituent le deuxième chapitres de L’Homme qui en avait trop : « The Vanishing Prince ». Cette nouvelle a pour titre « Le Prince qui disparaît » alors qu’il est traduit dans le volume de l’Age d’Homme par « Le Prince de l’évasion ».

 

Enfin,  The Tower of Trahison, The Five of Swords et The Garden of Smoke ont été traduites par Gérard Joulié dans le volume de l'Age d'Homme intitulé La Fin de la sagesse, respectivement sous les titres : La tour de la trahison, Le cinq d'épées et Le jardin de fumée

 

Pour donner une petite idée de ce livre, voici la première page de L'Homme qui en savait trop dans la traduction de Marie-Odile Fortier-Masek : 

 

Premiere-page-L-HQEST.png

 

 

Une précision pour finir. L’Homme qui en savait trop de G.K. Chesterton n’a rien à voir avec les films éponymes d’Alfred Hitchcock.

 

Pour la petite histoire, une vente de la première édition anglaise de ce livre  chez Christie’s estimait le prix du volume entre 400 et 600 dollars américains. Il a été emporté à 777 dollars. 
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10 mai 2011 2 10 /05 /mai /2011 17:16

Couverture-L-homme-trop.png

 

L’un des plus célèbre livre de Chesterton dans le domaine romanesque – si on met à part les populaires histoires du Father Brown – est certainement The Man Who Was Thursday (1908), traduit en français sous le titre de Le Nommé Jeudi (qui a directement inspiré le titre, plus modeste, de ce blogue).

En novembre 1922, Chesterton publie un nouveau livre au titre assez proche, The Man Who Knew Too Much (L’homme qui en savait trop). Entre les deux livres, la ressemblance s’arrête là. D’abord parce que le titre complet de ce nouvel ouvrage dit exactement ce qu’il est – The Man Who Knew Too Much and Other Stories –, un recueil d’histoires, ce que n’était pas The Man Who Was Thursday.

 

Publié chez « Cassel and company », ce livre comprend huit récits, publiés pour la plupart dans différentes revues avant d’être rassemblé dans ce recueil. Le sommaire est le suivant :

 

Sommaire-l-homme-trop.png

 

The Trees of Pride et The Five of Swords étaient en revanche des histoires inédites, créées pour l’occasion. Les autres récits furent publiés entre 1919 (The Garden of Smoke) et  1924 (The Tower of Treason).

 

Malgré cette disparité de publications initiales, le recueil trouve son unité à travers son héros principale, Horner Fisher. C’est lui l’homme qui en savait trop. Pour composer son personnage, Chesterton se serait inspiré de son ami Maurice Baring, homme respectable et respecté, issu du meilleur milieu aristocratique, élégant, fin et cultivé, passionné des questions militaires. Il manquerait juste à Horner Fischer l’humour et la capacité d’auto-dérision que l’on attribue généralement à Maurice Baring. Il ne faut cependant pas voir dans le héros une copie conforme de l’ami dans la vie réelle, pas plus que le Father Brown est exactement une copie conforme de Mgr O’Connor.

La comparaison avec Father Brown n’est pas tout à fait innocente. Horner Fisher est une sorte de détective amateur lui aussi, qui en sait toujours trop et prend le partie de se taire. Il existe une sorte de Watson avec le personnage de Harold March, ami journaliste du héros, confident de ses exploits. Qui dit histoires policière dit meurtres, bien sûr, avec la particularité ici de se situer dans le domaine politique et celui de la corruption. C’est bien évidemment l’occasion pour Chesterton de faire passer ses propres idées politiques sur le distributisme, la corruption du monde politique et la défense d’une petite Angleterre opposée à l’impérialisme britannique. La dernière histoire rappelle étrangement la situation de l’affaire Marconi.

 

À suivre…


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15 mars 2011 2 15 /03 /mars /2011 08:18

What-I-Saw.png

 

Paru en 1920, The New Jerusalem (voir nos présentations Ici, et ) n’est pas le dernier récit de voyage de GK. Chesterton. À la fin de 1920 et au début 1921, il se rendit pour une tournée de conférences aux Etats-Unis. Accompagné de son épouse, Frances, c’était la première fois qu’il mettait le pied en Amérique et il ne partait pas sans préjugés.

Vu de près, le pays lui plut et il trouva dans le jeune peuple des États-Unis plusieurs aspects qui le ravirent. Il donna tout un ensemble de conférences à travers le pays, avec plus ou moins de succès selon les endroits. Mais toujours le personnage de Chesterton attirait. Ses livres étaient des best-sellers et les Américains découvraient l’écrivain en chair et en os, avec sa corpulence impressionnante, son humour qui permettait facilement de mettre l’auditoire dans sa poche et ses dons de répartie toujours aussi puissants. New York, notamment, lui fit un triomphe.

Pour The New Witness, il consacra à ce voyage une série d’articles qui furent réunis en volume sous le titre What I Saw in America.

Auteur anglais, qui découvre la jeune République des États-Unis, ancienne colonie britannique, Chesterton se plait dans ce livre à comparer les deux peuples et à noter leurs différences. Le but de la manœuvre, si l’on peut dire, n’est absolument pas d’établir une hiérarchie entre les deux peuple, mais d’affirmer, au contraire, que chaque pays est unique et qu’il convient de préserver son identité, ses qualités, ses coutumes et ses traditions, voire ses défauts. Concernant les États-Unis, Chesterton note qu’il s’agit de la seule nation qui fut fondée sur une foi et que cette foi consiste dans la croyance en l’égalité des hommes, ce qui fait de ce pays une nation proprement religieuse. Il s’interroge aussi sur le patriotisme américain, difficilement définissable, point d’ancrage d’immigrés venus d’un peu partout dans le monde. Il s’attarde aussi sur la sociabilité américaine qui comme le Niagara ne s’arrête jamais.

Le livre paru en septembre 1922 en Angleterre chez « Hodder and Stoughton ». Le même mois l’édition américaine paraissait chez « Dodd, Mead and Company ». Le livre comprend dix-neuf chapitres dont voici la table des matières :

 

Content-What-I-Saw.png

 

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1 janvier 2011 6 01 /01 /janvier /2011 17:25

 

La-Nouvelle-Jerusalem.png

 

« Ce fut aux approches de Noël que je sortis de mon petit jardin dans ce “champ de hêtres” qui est entre les Chilterns et la Tamise et commençai à remonter le cours de l’histoire jusqu’à l’endroit d’où nous vient Noël. Car il est souvent nécessaire de retourner sur ses pas, comme celui qui s’est trompé de chemin revient au poteau indicateur pour trouver la bonne route. L’homme moderne est un voyageur qui a oublié le nom de sa destination et doit retourner d’où il vint pour savoir où il va. Que le monde ait perdu son chemin peu le nieront, et il me semble avoir enfin trouvé une sorte de poteau indicateur d’une forme particulière et significative, et vu pour un moment, en pensée, la vraie carte des voyages modernes, mais si je suis ou non capable de décrire ce que j’ai vu, cette histoire le montrera ».

 

Ainsi débute le premier chapitre de la traduction française de The New Jerusalem, que l’on doit à Jeanne Fournier-Pargoire. La Nouvelle Jérusalem – c’est tout naturellement son titre français – fut publié en 1926 à la Librairie Académique Perrin et Cie, libraires-éditeurs. Il s'agit du deuxième livre de G.K. Chesterton que cet éditeur offrait à ses lecteurs puisqu’il avait déjà publié La Clairvoyance du Père Brown, dans une traduction d’Emile Commaerts.

Cette édition française comporte 308 pages et reproduit presque intégralement la version anglaise. Il y manque, en effet, la préface de l’auteur qui n’a pas été traduite. En revanche, on retrouve bien les treize chapitres ainsi que le conclusion de l’auteur :

 

– Le Chemin des cités

– Le chemin du désert

– La porte de la cité

– La philosophie du tourisme

– Les rues de la ville

– Les groupes de la ville

– L’ombre du problème

– L’autre côté du désert

– La bataille avec le dragon

– L’empire sans fin

– Le sens des croisades

– La chute de la chevalerie

– Le problème du sionisme

– Conclusion

 

Bien qu’il fut le résultat d’un voyage en Palestine, La Nouvelle Jérusalem de Chesterton ne se contente pas d’être simplement l’écho des émois d’un touriste devant ce qu’il découvre. Tout est toujours prétexte chez Chesterton à dissertation dans le sens où il entend aller et à surprendre son lecteur en le menant là où il ne s’y attend pas.

Ce moderne voyage en Terre Sainte lui offre donc l’occasion d’exalter les croisades, de s’en prendre à l’islam, au sujet duquel il se réjouit de voir qu’il a perdu ses droits sur Jérusalem – le général Allenby avait pris la Ville Sainte aux Turcs – de s’interroger sur le sort des Juifs du pays et de soutenir le sionisme qui promet « le retour au sol national », et plus encore peut-être de proposer une solution fédéraliste sur le modèle suisse.

À ce sujet, il y a dans les propos de Chesterton comme l’annonce des problèmes que traversent aujourd’hui et depuis années Israéliens et Palestiniens : « La vérité, écrit-il, est qu’un tel état de choses rend une nation juive en Palestine pratiquement impossible et nous force à chercher un compromis. Le compromis le plus sensé me fut suggéré par le Dr Weizmann, homme non seulement d’une grande intelligence, mais ardent et sympathique. Et ses paroles me faisaient envisager une solution, bien que lui-même ne l’eût probablement pas acceptée. Le Dr Weizmann suggérait, si j’ai bien compris, qu’il ne croyait pas que la Palestine peut former un territoire national comme la France, qu’il ne voyait pas pourquoi elle ne formerait pas une république de cantons comme la Suisse. Quelques cantons seraient juifs, d’autres arabes, suivant le genre de population. C’est la proposition la plus raisonnable qu’on ait faite jusqu’ici »

 

S'il soutient cette solution, son propos va plus loin, mais apparaît à la fois comme peu compréhensible et pour le moins utopique : « mais mon dessein est plus particulier. Mon idée qu’elle soit ou non celle du Dr Weizmann, implique clairement l’abandon d’une solidarité en Palestine et tolère des groupes de Juifs séparés les uns des autres par des populations diverses. Or, si cette idée était admise, elle pourrait avoir une grande extension. Il pourrait y avoir non seulement des cantons juifs en Palestine, mais es cantons juifs hors de Palestine, des colonies juives en différentes parties du monde. Elles seraient affiliées à un centre officiel, à Jérusalem, où seraient les grands quartiers généraux de la race et de la religion dispersées. »

Cette étrange et improbable proposition de l’écrivain, largement argumentée dans le reste du chapitre, repose encore selon Chesterton sur un aspect qui la rendait, même en 1920, encore plus improbable : « Une possibilité comme celle que j’ai énoncée devient impossible sans une suzeraineté générale de la Chrétienté sur les terres du Musulman et du Juif. Personnellement, je préférerais une suzeraineté générale de la Chrétienté à la suprématie particulière de l’Angleterre. Ce n’est pas par désir de restreindre le pouvoir de l’Angleterre, mais plutôt de le défendre. Je crois qu’une semblable situation diplomatique est pleine de danger pour l’Angleterre, mais c’est une question que je ne puis discuter. Mais je crois qu’il serait plus sage que la France et l’Angleterre gardassent ensemble la Syrie et la Palestine ; cela confirme la conclusion qui m’a toujours hanté, depuis que j’ai vu Jérusalem sur la colline, comme une ville fortifiée d’Angleterre ou de France, et pendant un moment, son dôme sombre me parut le templum Domini, et, sa tour, la tour de Tancrède ».

Dans sa proposition, Chesterton n’avait ne semble-t-il pas pris en compte que l’ère des nations avait sonné le glas de la chrétienté. 

 

À suivre…

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31 décembre 2010 5 31 /12 /décembre /2010 19:23

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L'entrée du général Allenby à Jérusalem en décembre 1917

 

L’état de santé de Frances Chesterton ne fut pas la seule raison de ce départ pour la Palestine. Le général Allenby avait pris Jérusalem le 11 décembre 1917. Il avait fait son entrée solennelle dans la Ville Sainte à pied pour ne pas pénétrer dans Jérusalem sur une monture que n’avait pas eu le Christ. La Croix reprenait place et remplaçait le croissant. Le Daily Telegraph proposa donc à Chesterton de financer le voyage contre la livraison d’une série d’articles. Les articles devaient donner matière à la publication d’un livre sur Jérusalem, livre qui ne fut pas politique, mais comme Chesterton l’écrira à son ami Maurice Baring « romantique et religieux ».

 

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Dans la même lettre, Chesterton demanda à Baring de l’aider à obtenir les autorisations militaires nécessaires. Baring avait été diplomate et il avait servi en France comme officier pendant la Première Guerre mondiale. Désormais journaliste, il était aussi correspondant de guerre. Il obtint d’Allenby qu’il accueille les Chesterton, et le général se déclara enchanter de pouvoir rendre ce service.

 

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Frances et Gilbert Chesterton

 

Pour Chesterton, c’était l’occasion de découvrir la Terre Sainte et de respirer comme un récent air de croisade qui enflammait son imagination. Les Chesterton partirent pour Jérusalem, en passant par Boulogne. De là, ils gagnèrent Paris puis Rome en train. Ils en profitèrent pour visiter un peu la Ville éternelle le 1er janvier, en se rendant sur le Forum et au Colisée. Puis ils partirent pour Brindisi où ils devaient prendre la bateau jusqu’à Alexandrie. La traversée de la Méditerranée dura plusieurs jours, du 3 au 7 janvier au matin, une traversée difficile pour Frances Chesterton qui eut le mal de mer. Alexandrie fut aussi l’occasion de visite, notamment de la cathédrale Sainte-Catherine. D’Alexandrie, ils se rendirent au Caire par le train avant d’atteindre Jérusalem. Ils visitèrent avec une vraie émotion les lieux saints chrétiens : Bethléem, le Saint-Sépulcre, etc et se rendirent sur les rives de la Mer Morte.

Partis depuis fin décembre 1919, ils rentrèrent en Angleterre en avril 1920. L’absence de Chesterton avait entraîné une interruption de sa livraison hebdomadaire pour The Illustrated London News. Son dernier article paru avant son départ fut celui du 10 janvier 1920 et il était intitulé « The Criminal Type ». Il reprit sa collaboration à cette publication par un article publié le 29 mai, près d’un mois après son retour (« The Fashion of Psychoanalysis »). Entre-temps, son ami Hilaire Belloc l’avait remplacé dans cet exercice hebdomadaire. Celui-ci livra, entre le 17 janvier et le 22 mai 1920, dix-neuf chroniques à The Illustrated London News

 

À suivre…

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30 décembre 2010 4 30 /12 /décembre /2010 15:21

Jerusalem-1.png

 

L’année 1920 aura donc été un temps riche en production de livres. Après un essai sur une question sociale, The Superstition of Divorce (voir ICI, et ) et un recueil d’articles, The Uses of Diversity (voir ICI), G.K. Chesterton fait paraître The New Jerusalem, le 19 novembre 1920, chez « Hodder and Stoughton », à Londres. L’édition américaine fut publiée l’année suivante, à New York, chez « George H. Doran Company ».

Le livre comprend treize chapitres, plus une préface et une conclusion.

 

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Dans sa préface, Chesterton explique que ce livre rassemble des articles publiés par The Daily Telegraph à partir du carnet de voyage de l’auteur, à l’exception du dernier chapitre consacré au sionisme, en raison d’une divergence de vue entre l’auteur et le journal sur cette question.

Chesterton estima que la publication d’un article tronqué sur une question aussi difficile et aussi délicate aurait contribué à l’embrouiller davantage. Il confesse d’ailleurs que la parution intégrale de son article dans le livre ne le satisfait pas pleinement. Il signale également que le point de vue exprimé dans le livre prend en compte la situation des Juifs en Palestine, point de vue qui diffère selon lui de la situation des Juifs en Angleterre ou en Europe. Il estime qu’en Palestine – rappelons que le livre est édité en 1920, donc avant la Seconde Guerre mondiale et la création de l’État d’Israël – les Juifs sont opprimés alors qu’il ne porte pas ce regard sur les Juifs d’Europe.

On l’aura compris, ce livre est le fruit d’un voyage de l’auteur en Terre Sainte. À cause de l’état de santé de Frances Chesterton, qui requérait un climat plus clément que celui de l’Angleterre, le couple Chesterton effectua un voyage en Palestine à cette époque. Chesterton avait remplacé son frère Cecil à la rédaction en chef de The New Witness. Il pouvait néanmoins partir tranquille puisque le rédacteur en chef adjoint, W.R. Titterton et Ada Chesterton, la veuve de Cecil, le remplacèrent.

 

À suivre…

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28 décembre 2010 2 28 /12 /décembre /2010 12:37

Uses-of-diversity-1.png

 

Autre livre publié en 1920 (en octobre exactement), après The Superstition of Divorce, The Uses of Diversity (voir ICI, , et ). Il s’agit d’un recueil d’articles venant du Illustrated London News et du New Witness, publiés sur une période d’environ douze ans. Le livre parut à Londres chez Methuen & CO L.T.D. en octobre 1920. Il fut publié l’année suivante à New York chez Dodd, Mead and company. Il regroupe 35 articles qui évoquent des thèmes bien divers, de la littérature (Tennyson ou Dickens, par exemple)  aux caractères nationaux (The Irishman ou The Japanese, par exemple), des questions du moment (science ou divorce, par exemple) à la religion et à la politique. Notons un article consacré à Edmond Rostand (The Romance of Rostand), écrivain sur lequel Chesterton écrira à plusieurs reprises.

Il est difficile de dégager un thème commun entre ces différents textes. Le titre lui-même n’est pas expliqué, sauf justement par la variété des thèmes abordés. Le sommaire donne bien une idée de cette diversité. 

 

Image 2-copie-18

 


 

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24 décembre 2010 5 24 /12 /décembre /2010 07:19

Nous l’avions annoncé récemment, les éditions Archives Karéline viennent de rééditer les Poèmes choisis de G.K. Chesterton dans la traduction de E.M. Denis-Graterolle.

Il s’agit d’un reprint à l’identique de l’édition de 1938, publié par les Cahiers de la poésie catholique, à Paris et à Bruxelles. L’ouvrage comporte 78 pages et propose 25 poèmes de Chesterton, d’une longueur variable, certains occupants parfois plusieurs pages. On retrouve certains de ces poèmes dans le roman de Chesterton, L’Auberge volante ou dans le recueil de poèmes extraits de ce livre, Win, Water and song publiées août 1915 chez Methuen à Londres. C’est le cas notamment de :

– Le Vin et l’eau (Wine and Water) ;

– Chanson contre les épiciers (The Song against Grocers) ;

– La route roulante d’Angleterre (The Rolling English Road) ;

– L’Irlandais (Me Heart).

– Chanson d’un drôle d’ascète (The Song of The Strange ascetic, qui n’appartient pas à L’Auberge volante bien qu’il fut intégré dans le volume Wine, Water and song. Il fut publié dans The New Witness).

 

Les autres poèmes sont :

– Lépante (l’un des plus importants poèmes chestertonien avec The Ballad of White Horse) ;

– La Musique étrange ;

– Le Grand minimum ;

– Hymne pour l’Église militante ;

– Les Mages ;

– Cantique

– Un Noël pour trois métiers ;

– Un enfant des neiges ;

– La chanson des roues ;

– Le peuple secret ;

– Ce que j’ai perdu ;

Ballade du soleil ;

– Chanson du cidre ;

– La Ballade de Sainte-Barbe ;

– Élegie dans un cimetière de campagne

– Pour quatre corporations ;

– Chants d’éducation ;

– Pour la crèche ;

– Mathématiques supérieures ;

– L’Épée de la surprise.

 

Outre ce choix de poème, ce volume contient une introduction de la traductrice. Elle écrit notamment :

« Le prosateur, en défendant la responsabilité humaine, a retrouvé le principe divin de toute sagesse. Le poète, en défendant avec une belliqueuse allégresse la dignité humaine, retrouvera le principe divin de tout amour. »

Elle continue en donnant plusieurs exemples des champs où s’exerce cette défense et dresse ce portrait :

« Ce plus humain des hommes est aussi le plus anglais des Anglais. Ce gros homme, s’il s’apparante à Socrate et à saint Thomas d’Aquin, est surtout de la lignée de Pickwick et des Pèlerins de Canterbury Tales. Comme il le disait lui-même de Dickens, “la véritable tradition de la Joyeuse Angleterre se prolongeait en lui… Il avait hérité de Chaucer l’amour des amples plaisanteries, des longues histoires, de la bière brune, de toutes les blanches routes d’Angleterre. »

 

Ce petit livre a donc le mérite de nous offrir une première idée de Chesterton poète, même s’il s’agit d’une vision très partielle (les poèmes occupent actuellement trois gros volumes des Collected Works chez Ignatius Press) et à travers une traduction. Dommage que l’éditeur, qui a pris le parti de rééditer à l’identique, ne fasse pas précéder ces rééditions (même choses en effet pour Les Crimes de l’Angleterre) d’une introduction plus actuelle. L’ouvrage n’est actuellement pas sur le site de l’éditeur (au moment où nous publions cette note, ni sur celui du diffuseur, les éditions de l’Harmattan). Il est au prix de 36 euros. 

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21 décembre 2010 2 21 /12 /décembre /2010 07:29

Nous avons évoqué (ICI et ) la parution en 1920 de The Superstition of Divorce de Chesterton, puis sa traduction en langue française en 1931. Nous avons évoqué l’article publié par la revue Études sur ce livre et signé par Henri du Passage qui signera en 1933 le Nihil Obstat de ce livre. À ce titre, il est amusant de rapprocher le ton de sa critique et ce Nihil Obstat. Voici donc la reproduction intégral de sa recension critique.

 

« On n’attend pas de M. Chesterton qu’il écrive un livre didactique sur le divorce. Le présent “pamphlet” n’a donc rien d’une leçon en règle. Il nous avertit, par ailleurs, qu’il ne fera pas appel ici aux considérations religieuses. Et il se promène, ouvrant des perspectives, lançant des paradoxes, mais énonçant aussi des vérités vigoureuses.

L’on n’en finirait pas d’essayer de mettre au point. Il y a des demi-exactitudes qu’il faudrait expliquer, par exemple : “Tous les livres de Balzac [beaucoup sont condamnés par l’Église] sont imprégnés de morales catholiques…” Il y a des fantaisies d’un humour déconcertant our l’esprit latin.

Mais M. Chesterton explique, avec beaucoup de pittoresque, que le monde a évolué, passant des contraintes hiérarchiques de l’époque antique, au régime du serment, pour aboutir aujourd’hui à celui des contrats fragiles et individuels. Ce régime du serment était celui qui fondait, et les institutions monastiques, et les engagements matrimoniaux, et les garanties professionnelles. Il était le seul qui pût, dans les foyers, concilier la dignité de la personne avec la garantie familiale. Lui détruit, les familles tombent et l’État redevient omnipotent, devant les individus dont il supprime une à une les libertés, en les dupant par la concession de la liberté sexuelle.

M. Chesterton affirme encore très joliment que le monde choisir. Mais, s’il a choisi le divorce, il n’a plus qu’à renoncer à la respectabilité attachée justement au serment et à ses risques.

Bref, nous avons là un livre qu’il savoir lire, mais qui contient des pages savoureuses .

 

Henri du Passage »

 

L’auteur n’est n’importe qui. Membre de la Compagnie de Jésus, Henri du Passage fut élève de l’École des Mines où il entre en 1897. Il rejoint les Jésuites en 1900 et connaît l’exil en raison des lois contre les Ordres religieux. Ordonné prêtre en 1907, il devient aumônier adjoint de l’Association Catholique de la jeunesse française et aumônier de l’École des Postes. À partir de 1912, il devient rédacteur de la revue Études qu’il finira par diriger pendant 16 ans. Il participe à la Première Guerre mondiale puis assure l'aumônerie de la Fédération Nationale Catholique. 

 

 

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