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22 juillet 2009 3 22 /07 /juillet /2009 19:08
Blaise – que je ne connais pas hélas – a laissé deux commentaires très intéressants à la suite du compte-rendu sur la réunion d'Oxford (voir ICI). Il y évoque Tolkien et Chesterton, et notamment le Napoléon de Notting Hill de ce dernier. Je lui ai demandé de nous en dire un peu plus, ce qu'il a fait dans un autre commentaire. Un grand merci à lui !
Comme je crains que ce texte passe inaperçu dans le registre des commentaires, je me permets de le recopier ici. Il s'attache particulièrement au poème dédié à Hilaire Belloc, placé en exergue du Napoléon par Chesterton.
Encore une fois, merci à Blaise pour la qualité de son intervention. Autant dire que nous serons heureux d'en publier d'autres.



« Distinct du corps du roman qu’il précède, se détachant d’autant mieux par sa forme versifiée, la lettre à Hilaire Belloc s’impose naturellement à l’esprit du lecteur comme une clé lui permettant de le guider dans sa compréhension progressive du texte.
 
Il me semble que Chesterton a voulu mettre en exergue un thème dont l’ensemble du roman est en quelque sorte le développement. Comme ont su le faire les tragiques Grecs et surtout Homère et Virgile.
 
Chesterton ne s’adresse à aucune Muse (il y a pourtant un destinataire), mais sa lettre fonctionne pareillement au prologue d’une épopée.
 
Jetons-y un coup d’œil :
 
1) Chesterton procède à une réhabilitation du local contre l’indifférenciation du monde globalisé : « Pour chaque ville, pour tout endroit, / Dieu fit les étoiles spécialement » Les patries, fussent-elles insignifiantes en termes de puissance, Dieu en tient compte dans son intention créatrice.
 
2) Chesterton réhabilite également l’héroïsme qui « ne prendra fin qu’à la fin du monde. » Puisque tant que l’homme vivra, attaché à sa terre, à un patrimoine et à une histoire singulière ; tant qu’il fera cette expérience à la fois prosaïque universelle, d’amour pour ce local, alors l’héroïsme perdurera. Et la logique libérale, uniformisatrice et utilitaire, ne pourra rien contre ce sentiment, « irrationnel » selon ses critères.
 
3) La guerre est donc en un certain sens positive, car elle ouvre le champ aux dévouements les plus extraordinaires ; à des dévouements qui font démentir les prévisions déterministes et permettent aux hommes de se réapproprier leur liberté. (« Et la mort dansera avec la Liberté ! […] La mort et la haine et l’enfer proclamant/ Que les hommes ont trouvé quelque chose à aimer !... »)
 
4) « J’ai vu la vision » proclame Chesterton dans la dernière strophe. Il pose ainsi dans l’attitude du poète inspiré, à la suite de Virgile. Et : « Les rues que je suivais […] fuyaient et rejoignaient les rues étoilées qui vont vers Dieu. » La vision qu’il s’apprête à déployer devant nous, raconte bien comment l’amour des choses d’ici bas sont là dans le plan divin pour nous préparer et nous conduire à l’amour des choses divines. Ainsi l’héroïsme que déploie Adam Wayne pour la défense d’un coin de rue, s’il paraît fou aux personnes « raisonnables », est en fait extrêmement sérieux et a véritablement une portée universelle. L’insignifiance n’est qu’apparente. Lorsqu’il nous décrit sa vision comme « Cette légende d’une heure épique », Chesterton enlève toute hésitation. Cette lettre fonctionne comme le prologue d’une épopée d’un nouveau genre, qui nous rapporte le combat héroïque de quelques hommes pour ce à quoi ils étaient attachés, et leur victoire finale. Une épopée aux dimensions du local. Au cœur d’un récit épique nous retrouvons toujours l’héroïsme.
 
La construction rhétorique de la lettre à Belloc me semble expliquer – en partie du moins – pourquoi celle-ci « roule » dans la tête du lecteur. L’autre explication, c’est le style inimitable de Chesterton. »

Un souhait pour finir ? Nous aimerions bien connaître "Blaise" !

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commentaires

B
Bien volontiers.Je m'appelle Blaise Join-Lambert. Je suis actuellement étudiant en seconde année de master d'histoire de l'art à Paris X. Parallèlement, je participe en tant que rédacteur, sous le même pseudonyme, au site internet d'évangélisation "Vivre pour la Vérité" (http://v.i.v.free.fr/). Ce site fait d'ailleurs la part belle à Chesterton et Newman.
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B
Bien volontiers.Je m'appelle Blaise Join-Lambert. Je suis actuellement étudiant en seconde année de master d'histoire de l'art à Paris X. Parallèlement, je participe en tant que rédacteur, sous le même pseudonyme, au site internet d'évangélisation "Vivre pour la Vérité" (http://v.i.v.free.fr/). Ce site fait d'ailleurs la part belle à Chesterton et Newman.
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