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27 avril 2009 1 27 /04 /avril /2009 00:43
Pour la deuxième fois en quelques mois, Monde et Vie vient de parler longuement de Chesterton. Dans son dernier numéro, Romain Bénédicte présente le Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste, et montre qu'il est un lecteur attentif de ce modeste blogue. Sans reproduire l'encadré où il est fait mention de notre travail, voici les principaux extraits de son article sur la version française de Outline of sanity. Pour lire le reste, le plus simple est d'acheter Monde et vie…



 La saison sera-t-elle chestertonienne ? On peut se poser la question au regard des publications récentes ou annoncées (cf. encadré) de traductions françaises des oeuvres du célèbre écrivain catholique anglais. La dernière en date n’est pas la moins surprenante. […]  s’il est un Chesterton que le public français connaît peu, c’est en revanche l’essayiste politique et économique, le défenseur en Angleterre d’une certaine vision sociale, soucieuse de justice et d’enracinement. C’est ce Chesterton-là que nous permet de découvrir la parution récente d’un livre, intitulé Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste. Titre étrange, et d’autant plus étrange, qu’il n’est pas de Chesterton lui-même. Plus sobrement, l’auteur avait intitulé son recueil d’essais (car il s’agit de cela) Outline of sanity. Les éditions de l’Homme Nouveau ont préféré laisser de côté cette aspiration à la santé mentale pour mettre l’accent sur la défense de la propriété privée qui caractérise ces essais chestertoniens, en même temps que sur sa critique d’un capitalisme monopolistique. Dans une France qui regarde chaque soir à la télévision les étapes du lancement du Nouveau parti anticapitaliste, on peut se demander si l’éditeur n’a pas pris un risque en semblant accrocher Chesterton au wagon du petit facteur français. […]
Quoi qu’il en soit, ils trouveront dans ce Plaidoyer, publié pour la première fois en 1926, des clefs de compréhension de la crise que nous subissons aujourd’hui. Des clefs et aussi des propositions de solutions, que, sans accepter sans critique, ils pourront au moins discuter. Défenseur du petit commerce, Chesterton développe dans plusieurs chapitres toute une critique de ce […] qui correspond à notre grande distribution. Tout y est ! De la même manière, il met le doigt sur la faillite d’un capitalisme financier et des banques tout en pointant les dangers d’une destruction annoncée de l’environnement. Derrière des situations forcément datées, l’écrivain semble décrire à l’avance les problèmes avec lesquels nous nous débattons.
Ses solutions? Dans l’Angleterre de l’époque, il leur a donné un nom barbare: distributisme. Il s’agit de diffuser au maximum la propriété privée, idée que Louis Salleron a également développée en France. On pourra trouver utopiste et teinté de rêve médiéval son souhait d’une société paysanne et artisanale, dans laquelle la technologie est maîtrisée, au lieu d’être un facteur de réduction des relations sociales à la seule consommation. Là encore, Chesterton est en avance sur les travaux d’Ellul et autres critiques de notre monde techno-consumériste. Son avantage ? Une vision, non optimiste, mais constamment soumise à la joie de redécouvrir chaque matin les beautés de la création. Derrière sa critique très dure du socialisme et, plus encore, du capitalisme libéral, Chesterton démontre une fois encore qu’il est le héraut d’une philosophie de la gratitude qui vise ici à réconcilier l’homme avec sa propre nature. Un effort qui n’a toujours pas trouvé son terme.

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