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31 octobre 2009 6 31 /10 /octobre /2009 12:19

Comme l’indique le titre de son premier chapitre, Chesterton établit que l’ère victorienne se signale par un compromis. Selon l’auteur, en effet, la littérature du XVIIIe siècle en Angleterre est profondément révolutionnaire au contraire de la politique ; une situation qui s’oppose à celle de la France où c’est la politique qui est révolutionnaire et non pas la littérature. Le raisonnement de Chesterton est assez simple : la révolution française consiste en la révolte des paysans contre l’aristocratie ; la révolution anglaise consiste en la victoire des riches contre les pauvres. Dans l’Angleterre de Victoria, la théologie puritaine, poursuit Chesterton, a été rejeté, mais les pratiques puritaines restent en place. On n’a plus la foi, mais on a gardé les mœurs. Derrière ces mœurs rigides se cache en fait une philosophie sans cœur qui est l’utilitarisme. Et c’est dans cet écart entre la théorie et la pratique que Chesterton situe le « compromis victorien ». L’utilitarisme, plutôt que ses pseudos bases scientifiques, qui explique selon lui le succès, à cette époque, de Darwin. « Darwin d’une part, grâce en particulier au puissant génie journalistique de Huxley, s’était acquis une très large audience quoiqu’une victoire extrêmement vague ; c’était tout bonnement une hypothèse particulière sur l’apparition de la variété des espèces animales ; et cette hypothèse particulière, quoique toujours intéressante, est désormais tout sauf sereine. Mais c’est seulement dans le monde scientifique que les affirmations détaillées de Darwin ont en grande partie échoué. »

C’est face à l’utilitarisme, à l’industrialisation et au culte de la richesse que vont s’exprimer les écrivains de l’ère victorienne. Ils vont régir contre, à partir de perspectives très différentes, avec des résultats bien différents aussi. Ils perçoivent que quelque chose ne vas pas ou, plus exactement, que leur monde a perdu un élément fondamental de la vie en société et de la vie de l’homme. Mais ils ne savent pas le nommer correctement. Les préraphaélites, écrit Chesterton, se sont servis de l’imagerie médiévale pour blasphémer la foi médiévale. Henry James a cherché le surnaturel, mais n’a trouvé que sa forme tragique et diabolique. Rukin « voulait toutes les parties de la cathédrale à l’exception de l’autel ». À l’inverse, Chesterton signale que Newman, qu’il prend bien pour un écrivain, et le Mouvement d’Oxford ont « démêlé l'écheveau des idées victorienne » pour remonter à la foi perdue. De manière surprenante, si l’on réduit Chesterton à l’étiquette de catholique, il estime que Dickens et Stevenson sont allés plus loin. Dickens, parce qu’il était le plus humain des écrivains de cette époque et qu’il a sympathisé avec les pauvres et les opprimés. Et Stevenson, parce qu’il a fait éclater le compromis victorien.

Fondamentalement, pour Chesterton, nous ne pouvons rien comprendre à l’époque victorienne et à sa littérature si nous ne prenons pas en considération qu’elles sont un effet de l’éclatement du catholicisme qui eut lieu avec la Réforme. Il souligne qu’il ne s’agit pas simplement d’une révolution religieuse, mais que celle-ci a eu des incidences politique et culturel très profondes. Il n’y pas eu d’ordre nouveau, mais une succession de réactions à l’ordre ancien disparu. Pour Chesterton, la révolution victorienne en littérature aura conduit à l’anarchie et bien qu’un grand nombre d’écrivains de cette époque rejette l’utilitarisme, ils tombent souvent dans l’agnosticisme. Peut-être est-ce cette démonstration joyeusement menée qui firent prendre des précautions aux éditeurs de ce livre ?

 

 

À suivre…

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