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5 novembre 2009 4 05 /11 /novembre /2009 15:38





Comme nous l’avions annoncé, la très belle collection du « Cabinet des lettrés » chez Gallimard vient de faire paraître la nouvelle de Chesterton, Les arbres d’orgueil. Ce nouveau texte a été traduit magnifiquement par Lionel Leforestier qui a su rendre avec justesse le « ton » chestertonien, dans un français impeccable et très agréable à lire. Les notes qui accompagnent cette traduction, sans surcharger le texte et le rendre difficile à lire, permettent tout au contraire de bien saisir les allusions nombreuses de l’auteur.

Cette édition fait 132 pages. La couverture, sobre, selon les canons de la collection, est illustrée par un dessin représentant W. E. Gladstone, homme politique anglais, et signé par William Nicholson. Cette illustration est extraire de l’ouvrage Twelve Portraits de William Heinemann (1899). Le bandeau de couverture reproduit une des nombreuses phrases élogieuses de Jorge Luis Borges sur Chesterton : « Aucun écrivain, peut-être, ne m’a procuré autant d’heures heureuses que Chesterton ».

Il faut saluer ce nouveau volume car il est quand même le troisième publié dans la collection du « Cabinet des lettrés ». En 2008, cette collection nous offrait la belle surprise de la publication de L’Assassin modéré suivi de l’homme au renard. Cette année, nous avions déjà pu lire Le meurtre des piliers blancs et autres textes. Et sans attendre 2010, nous voici avec ce troisième volume qui laisse penser – et espérer très fort ! – qu’une longue série de petits volumes Chesterton vont continuer dans ce format, avec le même traducteur, satisfaisant les lecteurs de Chesterton et les collectionneurs. Il faut, en effet, insister sur la qualité éditoriale de ces livres qui est une joie pour la lecture et le regard.

La nouvelle « Les Arbres d’orgueil » qui forme ce volume est constituée de quatre chapitre :

I. Le conte des arbres paons

II. Le pari du squire Vane

III. Le mystère du puits

IV. En chasse de la vérité

L’histoire est celle d’un haut fonctionnaire britannique à la retraite, le squire Vane qui vit en Cornouaille avec sa fille Barbara. Sa propriété, au bord de la mer, s’honore de la présence d’arbres paons, ramenés jadis d’Orient par un ancêtre aventurier. Ces arbres son cependant associés par la population rurale des environs à des maléfices, toujours d’actualité. Le squire Vane, lors d’un dîner avec des invités (un poète, un avocat, un médecin et un critique d’art américain), décide de démontrer qu’il ne s’agit que d’une superstition et s’engage à passer la nuit sur un des arbres en question. Comme on s’y attend, il disparaît.

On ne dira pas ici le dénouement de cette histoire qui contient, comme souvent avec Chesterton, un côté policier. Disons simplement que l’auteur brouille les pistes et va de rebondissement en rebondissement, faisant de ce texte l’un des meilleurs qui soit sorti de sa plume. La morale de l’histoire est dans la droite ligne de la pensée chestertonienne, contre le scientisme, l’assurance bourgeoise, le règne des spécialistes. Une fois de plus, c’est le bon sens et la connaissance intuitive et poétique qui sont mis en avant. Ainsi, à un moment de l’histoire Barbara Vane déclare :

« Le docteur n’a pas raison, dit la jeune femme en tournant son visage pâle vers l’avocat. C’est le poète qui a raison. Le poète a toujours raison. Oh, il est là depuis le commencement du monde, et il a vu les merveilles et les terreurs qui jalonnent notre route, cachées derrière une pierre ou un buisson. Tandis que vous, avec votre médecine et votre science tâtonnante, vous n’êtes là que depuis quelques générations, et vous n’avez pas vaincu l’ennemi qui a planté le mal dans notre chair. (…) Il ne nous reste qu’à croire en Dieu, car nous ne pouvons nous empêcher de croire aux démons »

Le titre original de cette nouvelle est The Trees of Pride. Elle a paru en 1922 dans le recueil The Man Who Knew Too Much chez Cassell, en complément des nouvelles réunies sous ce titre. C’est un texte qui date d’avant 1919.

 

Elle ne se trouve pas dans L’Homme qui en savait trop, traduction française de The Man Who Knew Too Much, paru à l’Age d’Homme en 1984, dans une traduction de Marie-Odile Masek. En revanche, on en trouve une traduction due à Gérard Joulié dans La fin de la sagesse et autres contes, un volume paru cette année aux éditions de l’Age d’Homme.

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