Nous avions mis en ligne au début de ce blogue une vidéo montrant Chesterton en visite aux Etats-Unis (voir aussi ICI). Daniel Hamiche avait apporté sur son propre blogue plusieurs précisions concernant les interventions de G.K. Chesterton à Notre Dame University, laquelle est aujourd’hui le centre d’une forte polémique après l’invitation faite par les instances de cette institution au Président Barack Obama d’y venir prononcer un discours et recevoir une distinction. L’intervention de G.K. Chesterton à Notre Dame University a eu lieu lors du second voyage de Chesterton aux Etats-Unis.
Nous avons peu parlé de son premier voyage. Il date de début 1921. Le 1er janvier de cette année-là, l’écrivain anglais s’embarquait à Liverpool sur le « Kaiserin Augusta Victoria » pour un voyage de plusieurs jours qui le faisait arriver le 10 janvier à New York (cf. coupure de presse du New York Times, ci-contre, à gauche).
Dès le lendemain, il quittait la « Pomme » pour se rendre à Boston. Ce voyage n’était pas d’abord un voyage d’agrément, même si celui-ci ne devait pas être absent de cette tournée. Il s’agissait, en effet, d’une tournée de conférences. Chesterton était, bien évidemment, accompagné de son épouse, France Chesterton, sans laquelle rien de pratique n’aurait été possible. Les 16, 21, 23 et 30 janvier, Chesterton prononce plusieurs conférences à Times Square Theatre, à New York. Le 16 janvier, par exemple, il intervient sur l’éducation. (cf. coupure de presse du New York Times, ci-contre, à droite). Chesterton a ensuite pris le chemin du Massachusetts, avant de revenir à New York le 5 février. Le lendemain, le dimanche 6 février, l’écrivain était pris par une attaque de lumbago et il tenait malgré tout sa conférence le soir. (cf. coupure de presse du New York Times, ci-dessous). Résultat, ce géant devait rester au lit le lundi 7 avant qu’il ne reprenne la route, le mardi 8 février, en direction de Pittsburgh. Le retour à New York s’effectuera par Indianapolis le 26 mars 1921.
Qu’a-t-il fait pendant cette période ? Il a visité Oklahoma City, Chicago, Detroit, Columbus et Buffalo.
Dès le lendemain de son retour à New York, Chesterton prononçait une nouvelle conférence ainsi qu’une autre le 3 avril, à l’Apollo Theatre. Pour cette conférence, il devait aborder la question irlandaise, à un moment où celle-ci vivait une situation dramatique due à la guerre d’indépendance qui devait conduire au Traité du 6 décembre 1921 par lequel la Grande-Bretagne reconnaissait l’État libre d’Irlande et la partition de l’île (cf. coupure de presse du New York Times, ci-contre, à gauche).
Avant son retour en Angleterre, Chesterton et son épouse participaient à un dîner au National Art Club le 9 avril (cf. coupure de presse du New York Times, ci-dessous). Le 12 avril, ils s’embarquaient à bord de l’Aquitania, à destination de Cherbourg et Southampton.
Pendant son séjour aux Etats-Unis, le New York Times rapportera pratiquement chaque jour les thèmes des interventions de l’écrivain. Même son lumbago fera l’objet d’un court article.
Plus sérieusement, son séjour est aussi l’occasion d’une polémique, à propos de son livre The New Jerusalem (La Nouvelle Jérusalem), publié l’année précédente.
Dans cet ouvrage, Chesterton raconte son voyage en Terre Sainte et consacre notamment tout un chapitre au sionisme. Il faudrait citer tout le livre pour entrer dans la pensée précise de Chesterton. Comme le sujet le mérite, nous espérons y revenir en détail un jour. Pour l’heure, contentons-nous de préciser que la sortie de ce livre liée très peu de temps après à la venue de Chesterton aux Etats-Unis donna l’occasion au rabbin Schulman de déclencher une polémique sur le supposé antisémitisme de Chesterton (ci-dessous un autre article du 30 janvier 1921, paru dans The New York Times, sur La Nouvelle Jérusalem).
L’année suivante, malgré ses déclarations au départ de l’Angleterre, Chesterton écrira un livre pour rapporter ce qu’il a vu en Amérique : What I Saw in America.