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11 mars 2011 5 11 /03 /mars /2011 10:01

 

Les hasards d’une recherche m’ont conduit à ce texte de Jean-Louis de La Verdonie, publié sous forme d’article dans La Revue d’Apologétique de novembre 1934. Partant du fait que le pape Pie XI venait de nommer G.K. Chesterton et à Hilaire Belloc dans l’Ordre (pontifical) de Saint-Grégoire-le-Grand, l’auteur proposait un portrait croisé de deux écrivains. Je reproduis ci-dessous les passages concernant G.K. Chesterton, les faisant suivre ensuite de ceux concernant Hilaire Belloc. Je souligne juste que dans l’article d’origine l’auteur évoque d’abord Belloc pour conclure sur Chesterton.

 

 

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10 mars 2011 4 10 /03 /mars /2011 15:42

Nous terminons ci-dessous notre présentation (voir Ici et ) du livre du professeur Race Mathews consacré à l'histoire du distributisme, publié aux États-Unis sous le titre de : Jobs of Our Own. 

 

 

Passionnantes également sont les pages consacrées au Mondragón dont l’histoire se déroule en Espagne, plus exactement au pays Basque espagnol. Dans cette région, la Guerre civile espagnole avait laissé beaucoup de traces et, face au chômage important, un jeune prêtre, le Père José Maria Arizmendiarrieta, tenta de répondre à cette situation préoccupante. Lui aussi passa par la formation professionnelle qui servit de base au lancement dans les années cinquante de la première entreprise coopérative qui sera elle-même à l’origine d’un organisme de prestations sociales propres au mouvement coopératif, puis d’une banque populaire, d’un organisme de crédit, etc. Là encore, l’ensemble repose sur la démarche mutualiste, débouchant elle-même sur un système de coopératives sœurs. Véritable groupe dès les années soixante, le Mondragón put à la fois se développer et faire face à la crise économique des années suivantes et à son lourd taux de chômage. Les coopératives décidèrent alors de ne pas augmenter les salaires et les associés sans emploi furent envoyés en formation, leur rémunération étant assurée par des prélèvements sur les salaires des actifs. Parallèlement, les coopératives développèrent l’exportation et devinrent un véritable groupe en 1985 sous le nom de « Mondragón Cooperative Corporation ».

Race Mathews explique bien la réussite du Mondragón, sa spécificité basque, son développement et son organisation. Il insiste à raison sur l’importance accordée par le Père José Maria Arizmendiarrieta à la notion de propriété privée ainsi qu’à l’éducation. Mais les liens directs avec le distributisme anglais semblent pour le moins ténus. Certes, le Père José Maria Arizmendiarrieta a été influencé par les encycliques 

Rerum Novarum et Quadragesimo Anno. Certes, il insiste en pratique sur la subsidiarité. Certes, son action entre dans une critique des solutions capitaliste et socialiste et, comme l’écrit Race Mathews les affinités avec le distributisme ne sont pas mineures. Mais la généalogie entre les deux n’apparaît ni certaine ni évidente. Le Père José Maria Arizmendiarrieta se réfère davantage à Emmanuel Mounier et Jacques Maritain dans la perspective de leur pensée « personnaliste et communautaire ». Ce n’est pas le lieu ici de discuter de celle-ci qui est loin de faire l’unanimité des approches catholiques des problèmes sociaux. On peut certes faire de Mounier un distributiste, mais alors le distributisme comme Mounier perdent de leur spécificité. Et le distributisme n’est pas réductible au personnalisme.

Malgré son intérêt évident, autant pour les fondements historiques du distributisme que pour la présentation des réalisations concrètes que furent l’Antigonish Movement et le Mondragón, ce livre n’est pas parvenu à réaliser une histoire complète, même sous forme de synthèse, du distributisme. Étrangement on ne trouve, par exemple, pas un mot sur Dorothy Day et Peter Maurin, fondateurs du Catholic Worker, dont une (grande) partie de l’inspiration est de manière revendiquée celle du distributisme. De la même manière, les aspects concernant Eric Gill et la communauté de Ditchling auraient pu être développés.

 Il y a enfin une véritable question qui se pose à la lecture des thèses de l’auteur. Le distributisme est-il un système complet et alternatif face aux deux grands systèmes que sont le capitalisme et le socialisme ? Ou, est-il seulement un correctif de leurs défauts par le biais du mutualisme ? À la fin de son ouvrage, Race Mathews utilise le concept de « distributisme évolué » et finalement réduit celui-ci à cet aspect mutualiste qu’il voudrait seulement voir développé au plan international. Sa conclusion sur le 

New Labour de Blair laisse pour le moins pantois, surtout à la lumière des échecs de cette tentative qui n’est au fond que la version anglaise de l’adoption par la social-démocratie des thèses du libre-marché mondial, à l’instar de partis sociaux-démocrates du Continent. Certes, un aspect du distributisme, tant dans son histoire que dans ses conceptions, peut aller dans ce sens. Nombre de distributistes, après-guerre, se sont d’ailleurs ralliés à la social-démocratie. Mais il semble pourtant que le distributisme des origines garde de son intérêt par sa critique globale du monde moderne et par l’universalité des principes qu’il a tenté de défendre. À ce titre, la partie historique de ce livre reste irremplaçable à l’heure actuelle pour bien saisir la spécificité distributiste. 

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9 mars 2011 3 09 /03 /mars /2011 15:38

Nous publions ci-dessous la suite de notre présentation (voir ICI) du livre du professeur Race Mathews consacré à l'histoire du distributisme, publié aux États-Unis sous le titre de : Jobs of Our Own.

 

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L'auteur : Race Mathews

 

 

 

En se séparant peu à peu du socialisme, Belloc et Cecil Chesterton ne restèrent pas inactifs. En 1911, ils fondaient une première publication, The Eye-Witness qui, après des difficultés financières, devint en 1912 The New Witness. Ces publications se firent une spécialité dans la dénonciation des scandales politiques et financiers et dans la remise en cause du système des partis politiques qui détournaient, selon les deux hommes, la démocratie de son lien étroit avec le peuple.

Si on peut considérer The Eye-Witness et The New Witness comme des publications distributistes ou pré-distributistes, elles apparaissent surtout comme des journaux que l’on qualifierait aujourd’hui de « populistes », avec toute la charge émotionnelle que ce terme comporte actuellement. En 1912, Cecil Chesterton dénonça avec une force incroyable le délit d’initiés connu sous le nom de « Scandale Marconi », lequel mettait en cause trois membres importants du gouvernement Asquith. Étrangement, Race Mathews développe assez peu l’histoire de ce scandale qui marqua si profondément les trois hommes et qui fut en quelque sorte un élément déclencheur dans l’engagement encore plus profond de G.K. Chesterton dans le combat politique. De la même manière, l’opposition radicale des trois hommes à la guerre des Bœrs, dénoncée comme une guerre impérialiste, destructrice du patriotisme anglais, n’occupe pas assez de place dans son étude. On renverra à ce sujet au livre de William Oddie (Chesterton and the Romance of Orthodoxy: The Making of GKC) qui a montré combien cette guerre avait joué un rôle déterminant dans l’évolution de G.K. Chesterton.

En 1918, Cecil Chesterton mourut dans un hôpital en France, des suites des blessures reçues au front. Race Mathews, qui a montré les qualités de tribun, de combattant et d’organisateur de Cecil Chesterton, estime que le courant distributiste a alors perdu son principal théoricien et que d’une certaine manière le distributisme ne s’en est pas remis. Gilbert Chesterton n’avait pas les qualités de son frère cadet et c’est peu dire qu’il n'était ni fait pour l’action politique, ni pour la théorisation des idées de ce courant. Mais sur ce point, Race Mathews a le défaut de reprendre à son compte, sans sens critique semble-t-il, la vision d’Ada Chesterton, l’épouse de Cecil Chesterton, talentueuse journaliste elle-même et femme engagée, dotée d’un très fort caractère. Jeune veuve, elle a naturellement exalté la figure de l’époux disparu, en accentuant les différences avec Gilbert Chesterton et Hilaire Belloc. Race Mathews reprend ainsi les regrets d’Ada Chesterton, estimant qu’aucun de ces deux hommes ne fut capable d’écrire le livre théorisant le distributisme pour l’élever du niveau d’une réaction à celui d’une véritable doctrine politique. Tout n’est évidemment pas faux dans cette vision, mais il ne faudrait pas oublier trop vite le livre, certes incomplet, de Belloc sur la restauration de la propriété privée et le « Manifeste distributiste » de Penty, étrangement absent de cette histoire.

 

Le grand intérêt de ce livre se situe donc surtout (si l’on excepte les chapitres sur l’origine du distributisme) dans les pages consacrées à la renaissance du distributisme, à travers les expériences peu connues (voire inconnues en France) de « l’Antigonish Movement » et du « Mondragon ». Ces chapitres sont véritablement passionnants tout en marquant une vision limitée du distributisme. Pour Race Mathews, il est évident que le distributisme s’incarne essentiellement dans le mode d’organisation coopératif et mutualiste.

L’Antigonish Movement est né au Canada et s’est incarné par la mise en place d’une organisation coopérative dans le domaine de la pêche, revitalisant tout une région (la Nouvelle Écosse). À l’origine de ce mouvement, un prêtre, le père « Jimmy » Tompkins qui donnera une impulsion décisive, qui sera reprise et développée par Moïse Coady.

C’est encore un prêtre qui développe au pays basque espagnol un système similaire, qui perdure aujourd’hui encore, le Mondragon.

Le point de départ de l’Antigonish Movement est un département de l’Université Saint-François-Xavier à Antigonish, à la fois nom d’une ville et d’un comté canadien de Nouvelle-Écosse. Le but était de combattre la pauvreté, mais sans recourir à l’assistanat mais en permettant aux communautés locales de redevenir maîtresses de leur destin, par la mobilisation des ressources locales et régionales.

Étonnamment, ce mouvement de revitalisation sociale, économique et régionale, a débuté au début des années 1920 par des cours pour adultes, destinés à ceux qui n’avaient pu acquérir une formation secondaire et supérieure. Les cours comprenaient aussi bien l'étude de l’anglais, de la chimie, des finances, de l'agriculture, de l'hygiène vétérinaire, des ressources naturelles, de l'arithmétique, que les sciences économiques, la physique, la prise de parole en public, l'élevage et la biologie. Il reviendra au Père Coady de développer cet enseignement pour adulte en créant dans la région d’Halifax des coopératives de pêcheurs.

L’idée reposait sur plusieurs principes partagés par le distributisme : la nécessité de la large diffusion de la propriété privée, comme garantie de la liberté et de l’autonomie responsable, et le lien étroit entre la démocratie politique et la démocratie économique. Autrement dit, selon cette approche, il ne pouvait y avoir de démocratie véritable si les personnes n’étaient pas décisionnaires et responsables au plan économique. À ce titre, la voie coopérative permettait de rendre propriétaire un grand nombre de personnes et donc de garantir une réelle liberté. En 1938, l’Antigonish Movement recevra les encouragements du Pape Pie XI, à travers un message signé par le cardinal secrétaire d’État, Pacelli. Devenu Pie XII, celui-ci confirmera ses encouragements, en élevant le Père Coady à la dignité de Monseigneur.

On peut se demander les liens véritables entre l’Antigonish Movement et le mouvement distributiste ? Ils reposent d’abord sur les fondements : les encycliques sociales des Papes, notamment Rerum Novarum de Léon XIII et Quadragesino annode Pie XI. Plus directement, le Père Tompkins recommandait en mars 1937 l’essai de Belloc sur la restauration de la propriété privée qu’il qualifiait de « source fiable » pour ceux qui n’acceptent ni le capitalisme ni le communisme collectiviste, en estimant également qu’il s’agissait d’un ouvrage « admirablement clair ». Dans son livre, Race Matthews, qui se montre pourtant très admiratif de l’Antigonish Movement, montre que celui-ci n’a pas évité certains écueils lors de son développement. Les coopératives sont devenues des entreprises où la participation de tous avait perdu de sa réalité.

 

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8 mars 2011 2 08 /03 /mars /2011 15:31

Aux États-Unis, les éditions de la Distributist Review ont édité un livre entièrement consacré au distributisme, à son histoire, son développement et ses perspectives. Il ne s’agit pas d’abord d’un livre de militant, mais d’une étude universitaire, réalisée par le professeur Race Mathews, un économiste et un homme politique australien. La richesse de cette étude, certains points qui méritent d’être discutés, nous ont poussés à en faire une recension un peu longue que nous publierons en trois fois. Même si ce sujet dépasse la figure de G.K. Chesterton, il s’insère pourtant pleinement dans l’étude d’un courant dont il fut le plus brillant représentant.

 

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L’histoire du distributisme, issu de la pensée sociale de G.K. Chesterton et d’Hilaire Belloc, reste très largement méconnue. Notamment en France où ce courant est tributaire de son origine anglo-saxonne, mais aussi d’un nom qui renvoie davantage aux conceptions économiques de Jacques Duboin (1878-1976) qui avait théorisé la nécessité de passer de l’économie de l’échange à celle de la répartition et qui fut à l’origine de l’idée d’un revenu social dispensé par l’État, sous l’appellation « d’économie distributive ». Des conceptions distributistes de Chesterton et Belloc à « l’économie distributive » de Duboin, il y a plus qu’un pas et une différence, un véritable abîme.

Paradoxalement, si dans les pays anglo-saxons, principalement aux États-Unis, on réédite un certain nombre d’ouvrages du courant distributiste et si on publie des écrits actualisant cette doctrine, l’histoire même de ce courant fait peu l’objet d’ouvrages globaux sur la question. À ce titre, il convient de saluer la deuxième édition de Jobs of Our Own de Race Mathews publié par « The Distributist Press », émanation de The Distributist Review.

Australien, Professeur à l’Université Monash, Race Mathews a été député fédéral et d’État, conseiller municipal, leader de l’opposition parlementaire au Parlement australien entre 1967 et 1972 et leader de l’opposition au Parlement de Victoria de 1976 à 1979. Membre du Parti travailliste australien, il s’est intéressé particulièrement à l’histoire du mutualisme et du distributisme.

Le lecteur français s’étonnera certainement de cette appartenance politique plutôt ancrée à gauche pour un spécialiste du distributisme, lequel refuse pourtant autant le capitalisme que le socialisme étatique. Mais c’est un fait que l’on retrouve des distributistes dans les principaux camps politiques, chacun essayant d’influencer dans cette direction le parti qu’il a rejoint. Toutefois, cette appartenance politique de l’auteur de Jobs of Our Own n’est pas à oublier, car elle interfère grandement dans son évaluation historique des échecs du distributisme comme des voies qu’il préconise. On l’aura compris, l’un des grands mérites de ce livre consiste à ne pas offrir une vision irénique de l’histoire du distributisme, mais à tenter d’en cerner les éléments essentiels, les réussites et les failles, afin d’évaluer une possible mise à jour face aux questions du temps présent. À ce titre, le travail de Race Mathews, même quand on n’en partage pas certaines conclusions, constitue un apport capital pour la réflexion sur le distributisme.

L’ouvrage se découpe en deux parties. La première, sous le titre « British Distributism » dresse un état des lieux passionnant des origines de ce courant, en gros depuis les premiers cercles socialistes anglais du XIXe siècle et la vision sociale d’Henry Manning jusqu’aux revues distributistes de l’après-guerre. La seconde partie, intitulée « Distributism Reborn », s’attache à décrire et à expliquer les applications concrètes du courant distributiste, à travers les expériences de l’« Antigonish Movement » au Canada et du « Mondragon » au Pays Basque espagnol. Pour l’auteur, ces deux expériences mutualistes incarnent à la fois la réussite et le meilleur du courant dont il entend dresser l’historique.

Sur les origines lointaines du distributisme, Race Mathews se montre particulièrement passionnant et montre combien ce courant trouve une double origine, en puisant à la fois dans le socialisme anti-étatique anglais, incarné par une multitude de mouvements et d’associations et dans le catholicisme social qui trouva dans le cardinal Manning une voix et une autorité importantes. Il dresse le portrait des trois pères fondateurs de ce mouvement que l’on a tendance à réduire à deux. À côté de G.K. Chesterton et d’Hilaire Belloc, Race Mathews réhabilite grandement la figure de Cecil Chesterton, le frère cadet du célèbre écrivain britannique et l’ami de Belloc. Il montre combien ces trois hommes ont d’abord fréquenté les milieux socialistes, principalement la Fabian Society et la Christian Social Union. Proches des milieux socialistes, les trois hommes s’en séparèrent peu à peu, notamment parce qu’ils étaient habités par une véritable inquiétude religieuse et par une forte méfiance envers toute intrusion de l’État dans la vie des peuples.

Hilaire Belloc était catholique depuis son enfance. Cecil Chesterton opéra une conversion qui le rapprocha d’abord de l'aile catholique de l’anglicanisme avant d’abjurer tout protestantisme en devenant catholique romain en 1912. Paradoxalement, G.K. Chesterton fut le dernier à rejoindre le catholicisme romain, en se convertissant officiellement en 1922, même s’il adhérait intellectuellement aux doctrines catholiques au moins depuis 1908.

 

À suivre…

 

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1 février 2011 2 01 /02 /février /2011 09:10

JOURNEE D’ETUDE

A la rencontre de Chesterton :

 

des enquêtes du Père Brown

à l’interrogation spirituelle

 

Dimanche 6 février 2011 de 9h à 17h 

au lycée Saint Sigisbert


PROGRAMME

 

Chesterton ou comment peut-on être anglais, catholique et jubilatoire ?

 

 

  • 9h-10h : Chesterton : itinéraires d’un drôle de chrétien par Philippe Maxence auteur de Pour le réenchantement du monde : une introduction à ChestertonAd Solem, Genève et Paris, 2004, et deL’Univers de G.K. Chesterton : petit dictionnaire raisonné , Via Romana, Versailles, 2008
  • 10h-10h20 : Pause  
  • 10h20-11h05 Paradoxe et humour chez Chesterton par Brigitte de Guillebon (Université de Nancy II, faculté d’Anglais)
  • 11h05- 12 h Questions, débats et échanges  
  • 12h-14h Repas
  • 14h-14h45 De La Ballade du cheval de Chesterton au Seigneur des Anneaux de Tolkien : Chesterton et Tolkien, deux théologiens masqués ? par Didier Rance, diacre, historien et chroniqueur
  • 14h45-15h05 Pause
  •  15h05-16h05  Actualité politique, sociale et économique de Chesterton par Philippe Maxence 
  • 16h05-17h Questions, débats et échanges
  • 17h Messe à la chapelle pour ceux qui le souhaitent, célébrée par le Père Arnaud Mansuy, Oratoire Saint Philippe Néri, aumônier du lycée Saint Sigisbert

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4 janvier 2011 2 04 /01 /janvier /2011 10:20
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L’article vient seulement de nous parvenir, mais il n’est pas trop tard pour signaler l’excellent papier de Jérôme Anciberro consacré à la conversion des intellectuels au catholicisme et publié dans le numéro du 3 décembre de Témoignage Chrétien. Une partie de cet article évoque le très intéressant livre de Frédéric Gugelot, réédité aujourd’hui par les éditions du CRS et qui s’intitule : La Conversion des intellectuels au catholicisme en France (1885-1935). Mais Jérôme Anciberro consacre une grande partie de son papier à L’Église catholique et la conversion de Chesterton. Voici notamment ce qu’il en dit :

« Converti sur le tard, à 48 ans, dans un contexte essentiellement protestant, l’écrivain et journaliste anglais manie avec virtuosité le paradoxe, excelle à renverser les formules toutes faites et s’amuse de toute évidence beaucoup alors qu’il traite de choses très sérieuses. C’est là sa force et son talent. L’Église catholique et la conversion, publié en 1926, est un petit livre tonique qui passe en revue les raisons ayant mené notre auteur à passer le seuil de l’Église romaine et, en passant, démonte les fausses raisons qui auraient pu le faire reculer. Retenons, parmi d’autres, cette formule choc: “L’Église catholique est la seule réalité qui épargne à un homme la servitude dégradante d’être un enfant de son siècle.”

Simple posture réactionnaire ? Faut-il être catholique pour oublier que l’on vit là où l’on vit? Pas du tout. Chesterton, après avoir fait lever le sourcil de son lecteur, lui explique qu’il s’agit simplement de prendre du recul par rapport aux modes du temps, y compris spirituelles, et que le catholicisme, fort d’une expérience bimillénaire, est particulièrement indiqué pour cela ».

Un excellent article qui mérite d’être lu intégralement en demandant le numéro à Témoignage Chrétien.

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1 janvier 2011 6 01 /01 /janvier /2011 17:25

 

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« Ce fut aux approches de Noël que je sortis de mon petit jardin dans ce “champ de hêtres” qui est entre les Chilterns et la Tamise et commençai à remonter le cours de l’histoire jusqu’à l’endroit d’où nous vient Noël. Car il est souvent nécessaire de retourner sur ses pas, comme celui qui s’est trompé de chemin revient au poteau indicateur pour trouver la bonne route. L’homme moderne est un voyageur qui a oublié le nom de sa destination et doit retourner d’où il vint pour savoir où il va. Que le monde ait perdu son chemin peu le nieront, et il me semble avoir enfin trouvé une sorte de poteau indicateur d’une forme particulière et significative, et vu pour un moment, en pensée, la vraie carte des voyages modernes, mais si je suis ou non capable de décrire ce que j’ai vu, cette histoire le montrera ».

 

Ainsi débute le premier chapitre de la traduction française de The New Jerusalem, que l’on doit à Jeanne Fournier-Pargoire. La Nouvelle Jérusalem – c’est tout naturellement son titre français – fut publié en 1926 à la Librairie Académique Perrin et Cie, libraires-éditeurs. Il s'agit du deuxième livre de G.K. Chesterton que cet éditeur offrait à ses lecteurs puisqu’il avait déjà publié La Clairvoyance du Père Brown, dans une traduction d’Emile Commaerts.

Cette édition française comporte 308 pages et reproduit presque intégralement la version anglaise. Il y manque, en effet, la préface de l’auteur qui n’a pas été traduite. En revanche, on retrouve bien les treize chapitres ainsi que le conclusion de l’auteur :

 

– Le Chemin des cités

– Le chemin du désert

– La porte de la cité

– La philosophie du tourisme

– Les rues de la ville

– Les groupes de la ville

– L’ombre du problème

– L’autre côté du désert

– La bataille avec le dragon

– L’empire sans fin

– Le sens des croisades

– La chute de la chevalerie

– Le problème du sionisme

– Conclusion

 

Bien qu’il fut le résultat d’un voyage en Palestine, La Nouvelle Jérusalem de Chesterton ne se contente pas d’être simplement l’écho des émois d’un touriste devant ce qu’il découvre. Tout est toujours prétexte chez Chesterton à dissertation dans le sens où il entend aller et à surprendre son lecteur en le menant là où il ne s’y attend pas.

Ce moderne voyage en Terre Sainte lui offre donc l’occasion d’exalter les croisades, de s’en prendre à l’islam, au sujet duquel il se réjouit de voir qu’il a perdu ses droits sur Jérusalem – le général Allenby avait pris la Ville Sainte aux Turcs – de s’interroger sur le sort des Juifs du pays et de soutenir le sionisme qui promet « le retour au sol national », et plus encore peut-être de proposer une solution fédéraliste sur le modèle suisse.

À ce sujet, il y a dans les propos de Chesterton comme l’annonce des problèmes que traversent aujourd’hui et depuis années Israéliens et Palestiniens : « La vérité, écrit-il, est qu’un tel état de choses rend une nation juive en Palestine pratiquement impossible et nous force à chercher un compromis. Le compromis le plus sensé me fut suggéré par le Dr Weizmann, homme non seulement d’une grande intelligence, mais ardent et sympathique. Et ses paroles me faisaient envisager une solution, bien que lui-même ne l’eût probablement pas acceptée. Le Dr Weizmann suggérait, si j’ai bien compris, qu’il ne croyait pas que la Palestine peut former un territoire national comme la France, qu’il ne voyait pas pourquoi elle ne formerait pas une république de cantons comme la Suisse. Quelques cantons seraient juifs, d’autres arabes, suivant le genre de population. C’est la proposition la plus raisonnable qu’on ait faite jusqu’ici »

 

S'il soutient cette solution, son propos va plus loin, mais apparaît à la fois comme peu compréhensible et pour le moins utopique : « mais mon dessein est plus particulier. Mon idée qu’elle soit ou non celle du Dr Weizmann, implique clairement l’abandon d’une solidarité en Palestine et tolère des groupes de Juifs séparés les uns des autres par des populations diverses. Or, si cette idée était admise, elle pourrait avoir une grande extension. Il pourrait y avoir non seulement des cantons juifs en Palestine, mais es cantons juifs hors de Palestine, des colonies juives en différentes parties du monde. Elles seraient affiliées à un centre officiel, à Jérusalem, où seraient les grands quartiers généraux de la race et de la religion dispersées. »

Cette étrange et improbable proposition de l’écrivain, largement argumentée dans le reste du chapitre, repose encore selon Chesterton sur un aspect qui la rendait, même en 1920, encore plus improbable : « Une possibilité comme celle que j’ai énoncée devient impossible sans une suzeraineté générale de la Chrétienté sur les terres du Musulman et du Juif. Personnellement, je préférerais une suzeraineté générale de la Chrétienté à la suprématie particulière de l’Angleterre. Ce n’est pas par désir de restreindre le pouvoir de l’Angleterre, mais plutôt de le défendre. Je crois qu’une semblable situation diplomatique est pleine de danger pour l’Angleterre, mais c’est une question que je ne puis discuter. Mais je crois qu’il serait plus sage que la France et l’Angleterre gardassent ensemble la Syrie et la Palestine ; cela confirme la conclusion qui m’a toujours hanté, depuis que j’ai vu Jérusalem sur la colline, comme une ville fortifiée d’Angleterre ou de France, et pendant un moment, son dôme sombre me parut le templum Domini, et, sa tour, la tour de Tancrède ».

Dans sa proposition, Chesterton n’avait ne semble-t-il pas pris en compte que l’ère des nations avait sonné le glas de la chrétienté. 

 

À suivre…

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31 décembre 2010 5 31 /12 /décembre /2010 19:23

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L'entrée du général Allenby à Jérusalem en décembre 1917

 

L’état de santé de Frances Chesterton ne fut pas la seule raison de ce départ pour la Palestine. Le général Allenby avait pris Jérusalem le 11 décembre 1917. Il avait fait son entrée solennelle dans la Ville Sainte à pied pour ne pas pénétrer dans Jérusalem sur une monture que n’avait pas eu le Christ. La Croix reprenait place et remplaçait le croissant. Le Daily Telegraph proposa donc à Chesterton de financer le voyage contre la livraison d’une série d’articles. Les articles devaient donner matière à la publication d’un livre sur Jérusalem, livre qui ne fut pas politique, mais comme Chesterton l’écrira à son ami Maurice Baring « romantique et religieux ».

 

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Dans la même lettre, Chesterton demanda à Baring de l’aider à obtenir les autorisations militaires nécessaires. Baring avait été diplomate et il avait servi en France comme officier pendant la Première Guerre mondiale. Désormais journaliste, il était aussi correspondant de guerre. Il obtint d’Allenby qu’il accueille les Chesterton, et le général se déclara enchanter de pouvoir rendre ce service.

 

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Frances et Gilbert Chesterton

 

Pour Chesterton, c’était l’occasion de découvrir la Terre Sainte et de respirer comme un récent air de croisade qui enflammait son imagination. Les Chesterton partirent pour Jérusalem, en passant par Boulogne. De là, ils gagnèrent Paris puis Rome en train. Ils en profitèrent pour visiter un peu la Ville éternelle le 1er janvier, en se rendant sur le Forum et au Colisée. Puis ils partirent pour Brindisi où ils devaient prendre la bateau jusqu’à Alexandrie. La traversée de la Méditerranée dura plusieurs jours, du 3 au 7 janvier au matin, une traversée difficile pour Frances Chesterton qui eut le mal de mer. Alexandrie fut aussi l’occasion de visite, notamment de la cathédrale Sainte-Catherine. D’Alexandrie, ils se rendirent au Caire par le train avant d’atteindre Jérusalem. Ils visitèrent avec une vraie émotion les lieux saints chrétiens : Bethléem, le Saint-Sépulcre, etc et se rendirent sur les rives de la Mer Morte.

Partis depuis fin décembre 1919, ils rentrèrent en Angleterre en avril 1920. L’absence de Chesterton avait entraîné une interruption de sa livraison hebdomadaire pour The Illustrated London News. Son dernier article paru avant son départ fut celui du 10 janvier 1920 et il était intitulé « The Criminal Type ». Il reprit sa collaboration à cette publication par un article publié le 29 mai, près d’un mois après son retour (« The Fashion of Psychoanalysis »). Entre-temps, son ami Hilaire Belloc l’avait remplacé dans cet exercice hebdomadaire. Celui-ci livra, entre le 17 janvier et le 22 mai 1920, dix-neuf chroniques à The Illustrated London News

 

À suivre…

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30 décembre 2010 4 30 /12 /décembre /2010 15:21

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L’année 1920 aura donc été un temps riche en production de livres. Après un essai sur une question sociale, The Superstition of Divorce (voir ICI, et ) et un recueil d’articles, The Uses of Diversity (voir ICI), G.K. Chesterton fait paraître The New Jerusalem, le 19 novembre 1920, chez « Hodder and Stoughton », à Londres. L’édition américaine fut publiée l’année suivante, à New York, chez « George H. Doran Company ».

Le livre comprend treize chapitres, plus une préface et une conclusion.

 

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Dans sa préface, Chesterton explique que ce livre rassemble des articles publiés par The Daily Telegraph à partir du carnet de voyage de l’auteur, à l’exception du dernier chapitre consacré au sionisme, en raison d’une divergence de vue entre l’auteur et le journal sur cette question.

Chesterton estima que la publication d’un article tronqué sur une question aussi difficile et aussi délicate aurait contribué à l’embrouiller davantage. Il confesse d’ailleurs que la parution intégrale de son article dans le livre ne le satisfait pas pleinement. Il signale également que le point de vue exprimé dans le livre prend en compte la situation des Juifs en Palestine, point de vue qui diffère selon lui de la situation des Juifs en Angleterre ou en Europe. Il estime qu’en Palestine – rappelons que le livre est édité en 1920, donc avant la Seconde Guerre mondiale et la création de l’État d’Israël – les Juifs sont opprimés alors qu’il ne porte pas ce regard sur les Juifs d’Europe.

On l’aura compris, ce livre est le fruit d’un voyage de l’auteur en Terre Sainte. À cause de l’état de santé de Frances Chesterton, qui requérait un climat plus clément que celui de l’Angleterre, le couple Chesterton effectua un voyage en Palestine à cette époque. Chesterton avait remplacé son frère Cecil à la rédaction en chef de The New Witness. Il pouvait néanmoins partir tranquille puisque le rédacteur en chef adjoint, W.R. Titterton et Ada Chesterton, la veuve de Cecil, le remplacèrent.

 

À suivre…

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29 décembre 2010 3 29 /12 /décembre /2010 17:16

Après La Croix, la revue Il est Vivant de la communauté catholique de l'Emmanuel vient de présenter à ses lecteurs L'Église catholique et la conversion de Chesterton, publié par les éditions de L'Homme Nouveau.

Pour Il est Vivant :

 « Le célèbre écrivain anglais converti en 1922 signe là un essai polémique plein de fougue. L'auteur répond aux critiques contre de fausses images de la papauté, des prêtres et du prosélytisme qui étaient en vigueur à son époque et qui le sont peut-être encore dans les esprits d'aujourd'hui ». 

« Polémique » n'est pas tout à fait le terme qui convient concernant ce livre dans lequel Chesterton décortique surtout le processus de la conversion et ne se contente pas de répondre aux attaques extérieures. On se demande si le recenseur du livre l’a bien lu et notamment les pages dans lesquelles (à partir de la page 69) Chesterton explique les trois phases par lesquelles passent le converti. Selon lui, la première de ces phases a lieu quand une personne pose comme exigence la justice vis-à-vis de l’Église catholique sans en être membre lui-même. La seconde phase est celle où il prend conscience des mensonges sur l’Église et des vérités que le catholicisme diffuse. Enfin, la troisième phase est celle pendant laquelle il résiste à la conversion.

Le vrai sujet de ce livre est donc bien la conversion et l’on s’étonne qu’une revue comme Il est Vivant n’y ait vu qu’un livre d’apologétique. 

 

 

 

 

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